jeudi 15 juin 2017

Dette grecque. Actualité Presse.

 

La Grèce redoute un nouvel accord tronqué

L’Eurogroupe pourrait débloquer jeudi une tranche d’aide mais sans percée décisive sur l’allégement de la dette.


Le FigaroOry, Isabelle
ZONE EURO Ce devrait être la fin de la saison mais pas encore l’épilogue de la série. Ce jeudi soir, les ministres des Finances de la zone euro se réunissent pour ce qui sera sans doute le dernier épisode 2016-2017 de la crise grecque. Quasiment à la dernière minute, après des mois de tergiversation, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert au versement des 7 milliards d’euros dont la Grèce a besoin pour rembourser des échéances cet été. « Je suis plein d’optimisme », lâche un responsable. En revanche, la question qui fâche, la restructuration de la dette grecque, ne devrait toujours pas être tranchée.
C’est pourtant sur cette écrasante dette (180 % du PIB) qu’a porté le bras de fer entre deux créanciers clés d’Athènes, l’Allemagne et le FMI, ces derniers mois. Il a tourné au cercle vicieux pour les Grecs, réduits au rôle de spectateurs impuissants. Les données sont connues : l’Allemagne, soutenue par quelques autres « faucons » nord-européens, a fait de la participation du Fonds monétaire international au troisième programme d’aide (celui lancé à l’été 2015) la condition sine qua non du déblocage d’argent frais. De son côté, le FMI réclame, avant de s’investir, des engagements sur la restructuration d’une dette qu’il juge insoutenable. Restructuration dont le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, refusait tout net de discuter à quelques mois des élections législatives dans son pays.
Demi-solution 
Pendant que la dispute s’enlisait, les Grecs ont mis en place un impressionnant programme de réformes, plus imposant que ceux de tous les autres pays de la zone euro cumulés, selon le premier ministre Alexis Tsipras. Pour rassurer le FMI, ils ont même accepté de se serrer la ceinture jusqu’en 2022.
Las, ils ne devraient bénéficier que d’un ballon d’oxygène provisoire et d’une demi-solution sans la visibilité tant réclamée. Les Européens devraient s’engager à prendre quelques mesures de moyen terme pour alléger la dette après 2018, un petit pas dans la bonne direction. En contrepartie, Christine Lagarde devrait saluer les efforts grecs et avancer à son tour d’un petit pas. « En principe », le FMI pourrait participer à un programme, elle en fera la recommandation à son conseil d’administration. Aucun engagement ferme sur un montant ou un calendrier n’est attendu. Seul mérite de cette annonce, elle va permettre à Wolfgang Schäuble de donner son feu vert au versement de l’aide, tout en satisfaisant son opinion publique, à quelques semaines des élections législatives.
Pour les Grecs, en revanche, « c’est la pire des solutions possibles ». C’est ce que le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, a expliqué à ses homologues le mois dernier. Il espérait un engagement ferme du FMI. Mais comme le révèle le compte rendu de la réunion qui a fuité in extenso dans la presse, la voix d’Euclide Tsakalotos pèse bien peu, quand Berlin et Washington règlent le sort de son pays à huis clos. « L’Eurogroupe est le royaume de la bureaucratie. Il n’y a aucun contrôle démocratique », déplore un participant. Athènes aurait pourtant voulu tourner la page, disposer enfin d’une solution durable qui lui permette d’attirer les investisseurs. L’incertitude les refroidit et pèse sur la croissance grecque nettement révisée à la baisse par la Commission européenne.
« Il faut ramener un peu de confiance, se projeter sur quatre ou cinq ans, sortir de cette spirale », constate effectivement une source. Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, cherche une réponse de long terme, qu’il va ­pousser ce jeudi. Comme il l’a expliqué lundi à Athènes, il propose d’ajuster les remboursements de la dette à la croissance réelle. Mais l’accueil reste tiède à ce stade. « Politi­quement, c’est très soigné comme idée, mais techniquement cela pose beaucoup de questions », estime un habitué du dossier grec. Peu de chance que l’idée soit en­térinée dès cette fois. Pour la fin de la crise grecque, il faudra encore attendre.

 

 

 

Il faut alléger le fardeau de la Grèce

A l’occasion de l’Eurogroupe ce jeudi qui décidera du sort du pays, «Libération» appelle la France à peser en faveur d’une annulation, au moins partielle, de sa dette publique, dont le remboursement étrangle la population depuis trop d’années.


Libérationjeudi 15 juin 2017
Monsieur le Président, serez-vous à la hauteur ? De l’avis général, vous avez réussi votre entrée sur la scène internationale, que ce soit lors du G7 ou bien au sein de l’Union européenne. Mais c’étaient surtout des gestes symboliques. La «patrie des droits de l’homme» s’honorerait aujourd’hui en passant aux actes dans un dossier brûlant : celui de la dette grecque, qui accable depuis sept ans l’autre patrie de la démocratie. En convainquant les Européens d’adopter enfin une attitude digne de leurs valeurs, vous donneriez une substance concrète à la relance européenne, que vous avez si souvent invoquée pendant votre campagne. La main qui fut si énergique pour affronter Donald Trump le broyeur se tendra-t-elle aussi vers le peuple grec en souffrance ?
Le sort de la Grèce se joue ce jeudi à Luxembourg, lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro qui doit passer en revue le troisième programme de redressement souscrit par les Grecs. Sous la courageuse direction d’Aléxis Tsípras, le pays a consenti des efforts inouïs pour respecter ses engagements. Les dépenses publiques ont été coupées, le déficit public a été ramené à 1,1 % du PIB et la Grèce a accepté de porter, à coups de mesures d’austérité, son «excédent primaire» (hors remboursement de la dette) à plus de 3 % du PIB. La Commission reconnaît elle-même qu’elle n’a jamais eu depuis le début de la crise un dirigeant grec aussi fiable en face d’elle. Ces sacrifices ont atteint cruellement la société grecque. Pour prendre un seul exemple, les retraites ont été divisées par deux depuis le début de la crise. On imagine le séisme qu’une telle réduction aurait provoqué en France.
L’Europe, qui a pris la responsabilité de favoriser l’adhésion grecque, puis d’obliger Athènes à une diète inédite dans l’histoire récente du continent, ne peut pas continuer à exiger la livre de chair de Shylock décrite par Shakespeare pour symboliser l’inhumanité d’un créancier impitoyable. Certes elle a déjà décidé d’un «haircut» (une réduction de dette) pour la partie privée des crédits. Certes, elle a ensuite étalé les remboursements. Certes, l’Eurogroupe va sans doute débloquer les 7 milliards dont la Grèce a besoin pour éviter le défaut de paiement. Mais il est clair, aux yeux de tous les experts de bonne foi, qu’il faut aujourd’hui aller nettement plus loin. Non seulement alléger encore, autant que possible, le poids des paiements énormes que le pays doit assurer. Mais surtout réduire, par une mesure claire, la dette de près de 180 % du PIB qui pèse toujours sur l’économie grecque. Le FMI le fait déjà en accordant aux pays endettés des remises proportionnées aux réformes mises en œuvre. Ce ne serait que justice envers un peuple dont le calvaire a largement compensé les erreurs commises naguère par ses dirigeants. Faut-il rappeler que la crise grecque est l’argument le plus efficace brandi par les ennemis de l’Union européenne ?
Monsieur le Président, au sein du gouvernement précédent, vous avez déjà fait preuve de sollicitude envers la Grèce. Vous êtes aujourd’hui en position de force. Vous avez l’occasion de jouer un rôle décisif dans l’histoire de l’UE. Le ferez-vous ?


La solution française pour sauver la Grèce

 Le Parisien, jeudi 15 juin 2017.

Europe A l’occasion de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, Bruno Le Maire va proposer aujourd’hui un plan pour réaménager la dette grecque, qui plombe toujours le pays.


Le ParisienMatthieu Pelloli
François Hollande s’était démené en 2015 pour maintenir la Grèce dans la zone euro. Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, son ministre de l’Economie, veulent en faire autant. Car la dette grecque, huit ans après le début de la crise, n’en finit pas de mettre le pays au bord de la faillite… et de l’Europe. Le spectre d’un Grexit revient hanter une Union européenne toujours pas remise du Brexit…
L’Eurogroupe — la réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro — qui se tient aujourd’hui à Luxembourg est donc en grande partie consacrée au dossier grec. Objectif : trouver un accord pour débloquer l’argent prévu dans le troisième plan d’aide accordé au pays en 2015 (voir infographie). Le temps presse : Athènes doit rembourser plus de 7 Mds€ le mois prochain à ses créanciers — l’Union européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).
« Nous sommes en train de nous rapprocher d’une zone d’atterrissage, mais nous devrons beaucoup travailler toute la journée », expliquait-on hier, plutôt confiant, dans l’entourage de Bruno Le Maire. Mais Paris voit plus loin et veut proposer une solution pérenne, alors que, depuis des années, la Grèce se retrouve régulièrement incapable de rembourser ses créances. « Il faut lui redonner un peu d’air pour lui permettre de faire face à son énorme dette publique (NDLR : 179 % du PIB) », résumait hier un haut fonctionnaire. En clair : la France propose de la réaménager.
bruno Le Maire a multiplié les rendez-vous
Pour rapprocher les positions des uns et des autres, Bruno Le Maire a multiplié les rendez-vous. La semaine passée, il a vu à Paris Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, puis a déjeuné le lendemain avec Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. Lundi, il était en Grèce pour une visite éclair à Alexis Tsipras.
L’Allemagne a une ligne blanche : pas de réduction de la dette en capital (lire ci-contre). La France a mis sur pied une solution qui contourne le problème : un mécanisme automatique d’ajustement des remboursements grecs en fonction de la croissance du pays. « Au lieu de figer des hypothèses de croissance et d’en tirer un calendrier fixe, nous privilégions la souplesse, détaille-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire. Si la croissance grecque accélère, Athènes rembourse plus vite ses créanciers ; si la croissance flanche, les traites sont revues à la baisse et le calendrier rallongé d’autant. »
La proposition est sur la table. Le hic ? « Le rééchelonnement dont on parle est extrêmement long, confiait hier un fonctionnaire du ministère. Nous tutoyons des dates qui sont 2060, voire au-delà… » Pas sûr que les Grecs — qui ont déjà consenti beaucoup de sacrifices — sautent de joie à l’idée de traîner le boulet de leur dette jusqu’à un horizon aussi lointain.

 

 

 

 

 

 

En Grèce, la population exsangue espère voir enfin le bout du tunnel


Le Mondejeudi 15 juin 2017
C'était il y a exactement deux ans, le 18  juin 2015. La Grèce et le reste de l'Eurozone se dirigeaient à toute vapeur vers un catastrophique " Grexit ". Réunis à Luxembourg, les ministres des finances de la zone euro avaient passé la journée à tenter de sortir de l'impasse. Les créanciers du pays – Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI), Mécanisme européen de stabilité (MES) – voulaient imposer à Athènes de nouveaux prêts. Le gou-vernement d'Alexis Tsipras, chef de la gauche radicale arrivé au pouvoir en Grèce six mois plus tôt, résistait encore, réclamant une restructuration de l'énorme dette publique hellène.
Yanis Varoufakis, le détonant grand argentier grec, avait assuré le spectacle devant les journalistes, achevant d'exaspérer ses -collègues. " Où sont les adultes dans la salle ? ", avait lâché, à bout de nerfs, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, face caméra… Deux semaines plus tard, un contrôle des capitaux était instauré en Grèce pour éviter des faillites bancaires en série. Dans la foulée, le ministre allemand Wolfgang Schäuble mettait officiellement sur la table l'option d'une sortie de la Grèce de la zone euro.
Il ne se passera rien d'aussi dramatique jeudi 15  juin, lors de l'Eurogroupe consacré à la Grèce. Le " Grexit " n'est plus d'actualité. Athènes a besoin d'au moins 7  milliards d'euros de la part de ses créanciers pour rembourser la BCE en juillet, mais l'argent devrait être décaissé dans les temps. Pour autant, les Européens risquent de rater, une nouvelle fois, l'occasion d'en finir avec le " problème " hellène. De donner des perspectives de sortie de crise à Athènes, de montrer, enfin, le bout du tunnel aux Grecs, après sept années d'austérité.
Le gouvernement Tsipras espère repartir de Luxembourg avec un engagement précis sur les allégements de la dette publique (encore 180  % du produit intérieur brut) devant intervenir à partir de la fin du troisième plan d'aide au pays, mi-2018. Allongements des " maturités " (étalement des -remboursements)jusqu'en  2070, plafonnement des taux de remboursement à 1,5  %…Athènes a joué le jeu
Il compte sur ces promesses pour convaincre le FMI de participer au plan d'aide grec (le Fonds conditionne sa présence aux allégements substantiels de la dette). Cette participation enverrait un signal clair aux marchés financiers : la Grèce est de nouveau sur les rails, il est temps d'y réinvestir.
Ces derniers jours pourtant, c'est plutôt l'option d'un  compromis qui tenait la corde : le FMI a proposé une participation au plan d'aide " en principe ". Ses prêts ne seraient effectivement débloqués que lorsque les Européens se seront mis d'accord sur les allégements de la dette. A coup sûr, pas avant les élections fédérales allemandes, fin septembre, ce qui permettra à M.  Schäuble d'éviter durant la campagne d'aborder frontalement ce sujet, toujours très impopulaire en Allemagne.
" La Grèce risque d'être maintenue dans les limbes pendant encore un an ", regrette une source bruxelloise haut placée, à propos de ce possible accord en demi-teinte. " Cette incertitude par rapport à son programme d'aide pèse sur la reprise économique. Le pays a pourtant surtout besoin d'une chose : de ne plus faire la “une” de la presse financière ", estime Guntram Wolff, directeur du groupe de réflexion bruxellois Bruegel.
Pourtant, les Grecs ont fait leur part du chemin, et même davantage. Mi-juillet  2015, Alexis Tsipras a fini par céder. Pour éviter un " Grexit ", il a accepté un troisième plan d'aide de 86  milliards d'euros (après ceux de 2010 et de 2012), assorti de réformes très exigeantes. Il a remisé ses promesses d'en finir avec l'austérité, évincé son ministre Varoufakis – remplacé par le pragmatique Euclides Tsakalotos –, joué le jeu au point d'étonner Bruxelles. Y -compris quand le FMI a réclamé, à partir de début 2017, qu'Athènes adopte " préventivement " des -efforts d'austérité supplémentaires (Lune quatorzième réforme des retraites, une énième réforme de l'impôt sur le revenu) équivalents à 2  % du PIB à partir de 2019 et 2020. Des mesures allant bien au-delà de la liste, déjà fournie, des réformes auxquelles le pays s'était engagé.
Mais les Grecs sont otages de cette épreuve de force interminable entre le FMI et l'Allemagne – et des Néerlandais dans une moindre mesure – qui n'a plus grand-chose à voir avec leur intérêt, voire celui des Européens. Les Allemands, défiants depuis le début de la crise grecque à l'égard de la Commission, continuent d'exiger la présence du FMI comme garant de l'application sérieuse du programme d'austérité grec, alors même que les prêts du Fonds ne sont plus nécessaires. Berlin refuse un allégement radical de la dette grecque, réclamé par le FMI, qui l'estime en l'état insoutenable.
Ces discussions tournent quasiment à vide depuis l'Eurogroupe du 25  mai 2016. Les ministres des finances s'y étaient mis d'accord pour que les dirigeants du FMI proposent à leur conseil d'administration la participation au troisième plan d'aide " avant fin 2016 ". En contrepartie, les Européens se disaient prêts à examiner dans le détail des allégements de dette, déclenchables à partir de mi-2018. Malentendu ou mauvaise foi ? Le FMI n'a pas proposé à son conseil de participer au plan d'aide, les Allemands font comme s'il n'était plus question d'aborder le sujet de la dette avant mi-2018, alors qu'Athènes continue d'espérer des détails sur les mesures d'allégement le plus vite possible.
En attendant l'inquiétude monte : à ce compte-là, la Grèce sera-t-elle capable de se financer seule sur les marchés quand le troisième plan s'achèvera ? Parviendra-t-elle à échapper à un quatrième plan d'aide ? " J'ai peur que non, à moins d'une réduction drastique de sa dette ", dit M. Wolff (Bruegel). Une situation absurde alors que la Grèce a multiplié les réformes  censées stimuler la croissance (baisse des salaires, réforme du droit du travail, démantèlement du système des négociations collectives) pour redevenir attractive auprès des investisseurs.
Au début de la crise financière, les Grecs ont en partie essuyé les plâtres : les Européens, qui n'étaient pas préparés à sauver un Etat en faillite, ont bâti à la va-vite des programmes d'aide trop concentrés sur l'ajustement budgétaire. Coupes dans les salaires, les retraites, non-remplacement des fonctionnaires : dans un pays fondé sur des économies de rentes, l'effet a été violent et très injuste. Ce sont surtout les plus faibles qui ont souffert.Pas de pilote dans l'avion
Le pays est maintenant victime d'un défaut de gouvernance européenne : un dysfonctionnement de l'Eurogroupe. L'existence de cet avatar du Conseil européen reste informelle, " l'encre des accords est à peine sèche qu'on commence déjà à les contester ", déplore un diplomate européen. Et il échappe à tout contrôle démocratique. " Avec l'Eurogroupe pour sortir la Grèce de la crise, il n'y a pas de pilote dans l'avion. A la fin, c'est la chancelière allemande et le président français qui décident ", assure-t-il.
Il y aurait pourtant une belle séquence  de communication à jouer pour les Européens jeudi, s'ils acceptaient de céder enfin sur la dette hellène. Ils pourraient se -prévaloir d'être en passe de sortir définitivement l'Eurozone de la crise, alors que l'Amérique de Donald Trump s'isole, que le Royaume-Uni plonge dans les affres du Brexit. Certains n'excluaient pas totalement ce scénario ces derniers jours. " Après tout, les Allemands ont déjà un peu reculé par rapport à une position intransigeante sur la dette ", relève une source bruxelloise.
Cécile Ducourtieux


La dette grecque, histoire sans fin

EUROPE © The Economist


Challengesjeudi 15 juin 2017

Alors que le gouvernement Tsipras a satisfait aux exigences de ses créanciers, son pays se retrouve au milieu des querelles entre l’Allemagne et le FMI.
Mi-mai, le Parlement grec a approuvé un nouveau train de réformes exigées par ses créanciers, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne. Ces mesures devaient permettre le versement d’une tranche d’aide, dont Athènes a besoin pour éviter de faire défaut sur le remboursement d’environ 7 milliards d’euros de prêts en juillet. Mais le désaccord persistant entre l’Allemagne et le FMI complique les choses.
En 2015, la maison de Washington ne s’est engagée que sous certaines conditions à participer au plan de sauvetage en cours, le troisième. Or le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, affirme aujourd’hui que l’Allemagne ne déboursera plus un euro si le Fonds ne se joint pas au programme. Cette participation est, à ses yeux, nécessaire pour contrer les pays les plus indulgents avec Athènes au sein de la Commission européenne. Le FMI estime pour sa part que les projections européennes sur les perspectives de l’économie grecque sont trop optimistes. Et que le pays ne sera jamais en mesure de rembourser sa dette sans allégement. Or Wolfgang Schäuble n’est pas chaud pour desserrer l’étau avant les élections allemandes de septembre.
Encore cinq ans d’austérité
C’est pourquoi, alors qu’elle a satisfait aux exigences de ses créanciers, la Grèce est coincée au milieu du gué par leurs querelles. La réunion tenue à Bruxelles le 22 mai n’a pas résolu la question. Les parties espèrent arriver à un accord lors de la session de ce 15 juin.
Les adversaires du Premier ministre grec Aléxis Tsípras accusent son gouvernement d’avoir accepté cinq nouvelles années d’austérité sans avoir obtenu l’allégement de dette promis par les créanciers. Alors que les hausses d’impôts adoptées l’année dernière avaient surtout touché les classes moyennes, les nouvelles mesures vont rogner les revenus des plus pauvres. Et les retraites, diminuées une douzaine de fois depuis 2010, seront à nouveau amputées de 18% en 2019.
En accédant au pouvoir début 2015, l’austérité et de rétablir les allocations sociales supprimées par les gouvernements précédents. Il n’a pas tenu parole, ce qui a pourtant provoqué moins de grèves et de manifestations que les réformes introduites par ses prédécesseurs. La raison ? Les syndicats, qui comptent de nombreux partisans du parti gouvernemental Syriza, hésitent à défier leurs dirigeants de gauche. Mais surtout, après sept années de récession, les Grecs semblent résignés à se débrouiller avec peu.
Pari politique risqué
Le camp du Premier ministre s’attend à ce que les électeurs le sanctionnent lors des prochaines élections en 2019. Chef de l’opposition et du parti conservateur, Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, fervent partisan des réformes, béné- ficie dans les sondages d’une avance à deux chiffres sur son rival. Certains membres de Syriza réclament même qu’Aléxis Tsípras convoque des élections anticipées. Cela lui permettrait de repasser dans l’opposition et de mettre des bâtons dans les roues des conservateurs pendant que ceux-ci auraient la rude tâche d’appliquer les mesures sévères sur lesquelles se sont déjà accordés le gouvernement, le FMI et l’Union européenne.
Si l’on en croit certains de ses collègues, la stratégie du Premier ministre n’est pas aussi machiavélique. Avec une croissance estimée cette année à 1,8 % et à 2,4 % en 2018, il fait le pari que la Grèce attirera suffi- samment d’investissements pour faire enfin baisser le taux de chômage. A 23 %, il reste à ce jour le plus élevé de l’Union européenne. Si Syriza est en mesure de conserver suffisamment de voix pour éviter un raz-de-marée conservateur aux élections de 2019, son leader de 42 ans pourrait encore avoir de beaux jours politiques devant lui.
© The Economist - London 2017




A Marseille avec les grecs, suite à l'envoi d'une lettre à Emmanuel Macron en faveur des grecs.

De : Noura Mebtouche <revolution999@live.fr>
Envoyé : mardi 6 juin 2017 12:52
À : marseille-avec-les-grecs@googlegroups.com
Objet : RE: Texte de Dimitris Konstantakopoulos.
Pour la lettre à Emmanuel Macron, j'ai un bémol (excusez moi de ne pas en avoir parlé plus tôt), qui , à le lecture d'un article sur les rapports Ukraine/Russie, me parait indispensable à soulever avant de signer quoi que ce soit : voici le courrier que j'ai envoyé à Paul. Merci de m'appuyer, cela me parait important.

Je suis d'accord pour signer cette lettre, avec un bémol cependant : penser à évoquer les conséquences sur le plan géopolitique, de la permanence d'une telle situation : le Grèce courre le risque d'être récupérée par le clan eurasiatique, autrement dit par Vladimir Poutine, si on continue à l'étrangler.
Cela a déjà été évité de justesse à l'époque du Grexit il s'en est fallu de peu, que les grecs acceptent de passer du côté de Poutine en échange d'aide financière substantielle.
Or si cela s'avérait se réaliser ce serait une catastrophe pour notre Europe car la Grèce est importante, c'est notre berceau culturel et patrimonial, civilisationnel !
Ce serait beaucoup plus grave qu'on ne le croit, même sur le plan de la Paix dans le monde.
L'objectif de Vladimir Poutine est double : d'une part il veut constituer un grand ensemble géopolitique mondial très en cohésion pour imposer sa vision de "Novorossia" (Grande Russie). De l'autre il cherche à étendre les limites des pouvoirs d'agir de l'église orthodoxe russe en absorbant, si sa stratégie fonctionnait l'église orthodoxe grecque, comme il l'a fait avec l'église orthodoxe ukrainienne pour mettre en place le concept de "Sainte Russie". Ainsi, les deux concepts nouveaux qui font partie de l'idéologie de Poutine, s'avèrent réalisables.
Je pense qu'il est indispensable de mentionner à votre façon ce genre d'argument à M.le Président, c'est ce type d'argument (perspectives de bouleversements géopolitiques) qui peuvent être les plus décisifs pour motiver les pays les plus riches à se pencher sur le cas grec et à manifester leur volonté de diminuer voire supprimer la dette.
Cordialement.
Noura Mebtouche.