mardi 10 mai 2022

Pas de Finlande dans l'OTAN, ce qu’il faut faire avec l’OTAN.



Ce qu’il faut faire avec l’OTAN. 

 A l’heure où une grave crise secoue l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, des pays comme la Finlande réclament leur entrée dans l’OTAN. 
La médiatisation à outrance de ces velléités présentées par la presse occidentale comme légitime puisque la Finlande chercherait par là à se protéger de la Russie fait croire à chacun que cela est incontournable.

 Ce n’est pourtant pas une bonne idée. Autoriser maintenant un Etat comme la Finlande qui a une frontière très longue avec la Russie et peut être porteuse de missiles à haute portée contre la Russie sera sans nul doute pris par l’autre côté comme une véritable déclaration de guerre. 
L’OTAN, cette organisation qu’on ne sait plus par quel bout prendre montre une fois de plus qu’elle n’est pas bien dirigée ou du moins qu’elle ne sait pas mener une politique à long terme, visant à nous protéger tous d’une nouvelle guerre mondiale. 
Bien au contraire le relatif laxisme par lequel elle continue son chemin risquerait bien d’être à l’origine d’une nouvelle guerre mondiale. 
 Il faudrait pour remédier à cela reprendre les choses depuis le début et modifier considérablement la gouvernance de l’OTAN en définissant une nouvelle stratégie de long terme.
 Celle-ci exclut toute nouvelle entrée dans l’OTAN des pays proches de la Russie ou considérés par elle comme faisant partie de sa sphère d’influence. Rien n'empêche de protéger ces derniers par d'autres moyens.

 Commençons donc par le commencement. 
 Née le 4 avril 1949 par la signature du Traité de Washington au début de la guerre froide, l’OTAN a été construite pour assurer la défense collective de l’Atlantique Nord face à la menace soviétique portée par tout le bloc de l’Est. 
 Cette alliance de défense ayant pour but de sauvegarder la paix et la sécurité et s’est élargie au fil des décennies pour compter aujourd’hui 29 membres. Elle doit s’accorder pour définir la menace. Lors de chaque réunion des chefs d’état-major de l’OTAN, il a fallu réduire les divergences entre les pays du sud, axés évidemment sur le terrorisme et ceux de l’Est focalisés sur la Russie.
 La France, aux côtés des Etats-Unis a d’ailleurs un rôle important à jouer pour maintenir cette cohésion, grâce à la crédibilité de son engagement opérationnel. (travail de De Villiers et Joe Dunford). La force de réaction rapide de l’OTAN a été créée en 2015 pour rassurer certains pays de l’Est membres de l’alliance. En outre, les déploiements des troupes se multiplient dans le cadre d’exercices multinationaux dans un contexte de suremploi. Il y a deux rôles à l’OTAN : 

 1. Assurer notre protection. 
Il y a quelques années en 2017, lorsque je pensais à mon interprétation personnelle du retour de la France dans l’OTAN, c’était de cette fonction là que je voulais parler. 
Celle consistant à défendre et à protéger nos populations situées dans les une zone géographique prisée et importante sur le plan géopolitique au coeur d’un monde parfois instable sur le, plan politique et souvent pauvre sur le plan économique. 
Celle-ci définit très bien ma position par rapport au rôle et à la place que la France peut avoir dans l’alliance Atlantique et par extension sur le plan opérationnel (l’OTAN n’est pas un Fin en soi). 
 Nulle part dans ma conception, ne figure l’apologie de la participation à des opérations armées comme celle qui est intervenue en Lybie en 2011, dans l’intérêt uniquement des américains. 
L’OTAN peut et doit être autre chose qu’une simple coalition de pays représentants de la race blanche allant pourfendre l’ennemi basané ou de couleur dans une nouvelle croisade digne du Moyen-Age. Le Général de Gaulle en est parti pour la même raison. Mais notons qu’à cette époque en 1966, il réaffirmait néanmoins dans son allocution du 21 février les liens privilégiés entre la France et les Amériques. 
 Ne pas être dans l’OTAN en 2007 lorsque le président Sarkozy l’a annoncé publiquement au Congrès , le 7 novembre; c’était cependant s’assurer nous français, de se retrouver coalisés avec d’autres Etats au sein desquels nous n’aurions pas eu la primeur, et laisser se perdre notre identité en partie définie par l’Alliance atlantique ainsi qu’un allié puissant et historique. Et même plus généralement rompre avec le monde anglo-saxon. Or, l’OTAN ne saurait exister que sur le papier elle doit aussi être opérationnelle lorsque c’est le moment mais le rôle le plus efficace qu’elle puisa avoir c’est d’être suffisamment dissuasive pour éviter d’autres conflits. 
Il valait mieux être dans le clan des gagnants, c’est ce que nous avons fait avec justesse. Cela ne signifie pas cependant, que sous couvert de l ‘Otan on puisse faire n’importe quoi. D’abord parce que comme l’observe le Général De Villiers, les moyens de l’OTAN ne correspondent pas la nouvelle forme de guerre qui nous est faite, par le terrorisme radical, héritage de la guerre froide qui opposait les deux blocs super-puissants, elle doit les repenser pour faire face à cette belligérance dématérialisée et imprévisible. 
 C’est pourquoi d’autres stratégies doivent partir de l‘élément le plus petit (notre territoire en local) pour aller vers l’extérieur sont indispensables pour définir une stratégie qui part de chez nous et de nos territoires au lieu de commencer par le haut (notre aviation prêtée aux américains pour certaines OPEX qui ne nous concernent pas).
   L’ordre des priorités en matière de renseignements est ainsi établi. on reste d’abord sur le territoire français, un pré-carré à la forme géométrique parfaite : le polygone (polygone étoilé) (hexagone), et on en sort pas avant que celui-ci soit hermétique et renforcé, on peut alors sans risque de fuites qui iraient contre les intérêts de la France, mutualiser le renseignement avec les autres pays européens, avec les autres institutions prévues pour cela, et l’international (notamment Interpol et l’OTAN). Mais cela dit, dans un tel contexte la philosophie de l’OTAN qui est de faire la guerre pour pouvoir acheter, vendre et produire des armes dans un but sans construction réelle, ni véritable projet d’envergure et à long terme (comme le mien, celui de Paix dans le monde) n’est plus compatible avec le contexte actuel. 
 De là part la critique actuelle contre la globalité en stratégie. Celle-ci traduit une absence de projet et donc de volonté politique sous couvert de coopération. Il faut se souvenir de l’exemple des vietnamiens qui ont su gagner parce qu’ils avaient un projet politique qu’ils défendaient. A notre époque où nous cherchons à tout prix à faire de l’universalisme, il faut y penser. 
 Mis à part certaines factions comme Da Esh dont on se demande si ce n’est pas une pure création de l’Occident pour faire la guerre justement, alors même que les Etats rechignent aujourd’hui à y entrer, ce modèle là qui a fait ses preuves devient dépassé. 





 Le vrai modèle de l’OTAN, ce qu’il devrait être, c’est d’être toujours européen, Le Général De Villiers pense la même chose lorsqu’il évoque les traités franco- britanniques, en matière de défense mais également une place qui se doit d’ être privilégiée dans le monde Anglo-Saxon. Une façon de l’inciter à promouvoir l’idée du démantèlement final : les Etats-Unis seraient à la tête d’un processus visant sous l’égide de l’OTAN, première force nucléaire mondiale, avec une coopération mutualisation renforcée, à inciter les Etats qui ont l’arme nucléaire, à s’en débarrasser progressivement dans une poussée qui pourrait bien durer une dizaine d’années, au terme de laquelle nous pourrions enfin passer à un autre type de relations que la dissuasion. 

 Voici la définition de la coopération-mutualisation et du démantèlement final qui est une doctrine que je développe depuis 2013 : 
 Citons d’abord un article que je pense devoir être ajouté à la Constitution française : 
 « Dans le but de maintenir sa souveraineté et son indépendance, La France se refuse à participer à la construction d’une armée européenne. ». 

 L’enjeu est d’actualité et a fait l’objet de nombreuses polémiques au sein de la commission européenne. Il est rappelé ici que la France reste souveraine sur son territoire et qu’elle possède sa propre armée. Cela n’empêche pas que par ailleurs, des efforts de mutualisation-coopération soient encouragés directement avec l’Union européenne, par exemple sous la forme d’accords bilatéraux.
 Ainsi, n’oublions pas que des accords militaires bilatéraux ont été signés entre le Royaume-Uni et la France. Les traités Lancaster House du 2 novembre 2010 visent à renforcer la coopération franco-britannique dans le domaine de la défense et succèdent à celui conclu en 1947 entre les deux pays. 
 Ils se composent de deux accords : Le premier est « relatif à des installations radiographiques et hydrodynamiques communes ». 
Il concerne le développement et l'emploi des armes nucléaires. Le deuxième est une « coopération en matière de défense et de sécurité ».
 Il concerne « le déploiement et l’emploi des forces armées », les « transferts de technologies » entre les deux industries de l’armement, les programmes d'achats d'armements, les échanges d'informations (Traité de Londres ou Lancaster House). 

 Par ailleurs, il faut mettre en place une « chape de dissuasion nucléaire finale », la nécessité d’organiser la coopération-mutualisation au sein d’une Union européenne dont il est visible que aujourd’hui même, au vu de la situation internationale, des forces contraires cherchent à déstabiliser, conscients que cette dernière est notre dernière chance pour la Paix.
 La coopération avec le Royaume Uni, partenaire privilégié en matière militaire pourrait jouer un rôle dans la mise en place de cette chape dont je développe l’idée dans mon article cité ci-dessus et dont voici un extrait : 

Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un paradoxe. D'un côté, il faut mettre en place les conditions d'un désarmement progressif et avons une obligation de résultat en matière de dissuasion, pour éviter toute prolifération anarchique de l'arme nucléaire. Sur le plan diplomatique par ailleurs, nous sommes dans l'obligation de maintenir notre caractère d'exception en matière de sécurité, afin de conserver notre place dans les relations internationales.
 Ce paradoxe est particulièrement valable pour la France. 
 Enfin, dans un contexte de réduction obligatoire des dépenses publiques, nous n'avons pas d'autre choix que de limiter les dépenses alors même que nos lacunes s'aggravent (ainsi, en France l'armée de l'air n'est pas suffisamment pourvue en matériel de transport tactique et de ravitaillement tandis que la Marine ne peut déployer en permanence un groupe aéronaval.). 
 Comment, pallier à nos lacunes sans dépenser d'argent ? Comment contribuer au démantèlement en restant maîtres de notre armement nucléaire pour dissuader suffisamment ? Ces questions que nous venons d'appliquer à la France se posent pour tous les Etats d'Europe.
 C'est pourquoi dans un tel contexte où, l'internationalisation des conflits (terrorisme et guerres civiles menées par des groupuscules armés, montée en puissance de la Turquie en méditerrannée, velléités d’armement nucléaire de certains pays comme l’Iran, ou la Corée du Nord), se fait grandissante, et la solution de la mutualisation-coopération au sein de l’ Alliance Atlantique cruciale. 
 Cette logique doit aussi inclure l’Afrique et le monde méditerranéen.
 L'idée d'une force armée proprement européenne se fait poindre. De gens comme Hubert-Védrine l'ont affirmé et il ne fait pas de doute que c'est une idée qui se propage aujourd'hui dans différents milieux européens. 
 Il y a avant tout la question de la souveraineté des Etats qui se pose. Sans avoir le monopole de sa propre défense avec sa propre armée, un Etat ne peut conserver cette dernière.
 Que fera t'on dans un monde gouverné par des technocrates qui ont à leur disposition tous les secrets de la défense et peuvent à leur guise disposer des moyens militaires utilisables à des Fins que eux seuls connaissent ? 
 Certes, l'avancée qui est faite aujourd'hui dans le cadre de l'écriture du dernier Livre Blanc français par le Président de la République François Hollande fait bien de prendre à partie certains pays de l'Est qui jusqu'ici n'ont pas eu leur mot à dire.
 Cependant, nous ne pouvons pas dans un contexte de mondialisation pacifique, occulter la Méditerrannée dans la rédaction de ce livre. 
 Au nom d'abord d'un passé commun mais aussi parce que ces derniers sont aux portes de l'Afrique un continent qui est grand, proche d'un Moyen-Orient compliqué et difficile. 
N'oublions pas que l'Union pour la Méditerranée est un concept qui existe qui a fait l'objet de signatures officielles, qui ne demande qu'à être exploité. Par ailleurs, jusqu'à quand allons nous préparer nos propres Livres blanc de Défense afin de définir nous même français nos moyens et notre stratégie de défense ?
 Il ne faut pas que l'Europe s'empare d'une souveraineté déjà suffisamment mise à mal par l’union économique et monétaire, nombreux sont ceux qui regrettent aujourd'hui de s'être engouffrés trop rapidement dans la voie de la technocratie économique, sans le peuple. 
 Promouvoir une défense uniquement européenne avec une armée européenne serait grave. C'est pourtant le pli que semble prendre aujourd'hui l'Etat français. 
 Je ne remet pas en cause le fait que le contexte européen et méditerranéen soit une bonne chose pour la promotion de la Paix dans le monde, notre sécurité et notre intégrité, choses qui ont été fixées comme objectifs dans le cadre du livre blanc 2008 puis le projet en attente d'un nouveau livre blanc qui a suivi sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron
. Mais il y a nécessité absolue de concourir à étendre ces volontés de mise en commun non seulement à l’ensemble de l’alliance Atlantique , mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient? 
La France qui dispose outre son appartenance à l’OTAN et à l’UE d’une positon privilégiée par ailleurs avec ses accords bilatéraux avec l’Angleterre, mais également l’envoi de ses troupes en Afrique devrait être le pivot de cette nouvelle configuration sans se départir de son autonomie et de sa souveraineté. Les rapports avec tous les ensembles géographiques que je viens de citer redessinent la carte de la France libre des années 39-45 du Général de Gaulle. 
 Celle qui a aidé à la Librétaion grâce à Londres d’un côté, à l’Afrique de l’autre. C’est pourquoi nos interventions en Afrique doivent mettre de leur côté les populations afin que des incidents comme le meurtre de plusieurs touristes par des jihadistes ne se reproduisent plus (huit personnes dont deux dont deux nigériens et six touristes français assassinés le 9 août 2020 au Niger). 
Si ces groupuscules armés peuvent encore agir dans des pays où tout le monde se connait, c’est parce que la France, notamment lors de ses opérations au Mali, n’a pas su temporiser et traiter les africains avec égalité et respect, en tant que partenaires. 
 La presse nationale et étrangère a récemment relaté des faits qui traduisent un manque de civisme et de précaution envers les populations africaines, notamment lors des opérations en commun menées sous l’égide de la France. Par ailleurs, les actions liées à la Françafrique continuent d’exister, sapant le moral des citoyens et donnant une mauvaise image de la France, anéantissant ainsi toute volonté de bien faire en matière de défense. 
 Sur le plan proprement international, la mise de côté des Etats du Moyen-Orient dans les grandes instances de régulation de la Paix, aggravé par le conflit palestinien, conduit aujourd’hui à alimenter une coupure du monde entre les populations arabo-musulmanes et les autres. 
 L’idée de faire entrer la Turquie et l’Iran parmi les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU n’est pas si farfelue que cela. Elle permettrait aux grandes puissances qui aujourd’hui veulent la guerre et cherchent à se protéger de la fissure déjà évoquée, par l’arme nucléaire, au mépris du droit international, de se sentir écoutées et prises à partie dans le processus de Paix.
 Responsabiliser ainsi la Turquie, éviterait peut être l’escalade vers la guerre et les invasions en méditerrannée, permettrait de résoudre le conflit Lybien, et, allié à la même démarche envers l’Iran, permettrait de représenter à la fois le monde sunnite et le monde chiite au sein d’une instance internationale et donc de susciter une nouvelle forme d’arbitrage. 
 Il pourrait être reconnu au niveau international, que le conseil de sécurité de l’ONU puisse innover et évoluer avec son époque autrement que par une substitution de l’Allemagne à la France à travers la question de l’arme nucléaire (Traité d’Aix la Chapelle). 
 Il y a nécessité de fédérer les actions et de mettre en commun certaines compétences et capacités sans oublier les infrastructures. Notamment en matière de nucléaire. Quel but franchement avoué de l'Europe en matière d'armement nucléaire devrait être mis en avant ? Le démantèlement futur et concerté, suivant une période de dissuasion plus forte. L’idée de faire entrer la Turquie et l’Iran au club des cinq peut largement favoriser le succès d’une telle mesure. Va t'on y arriver en commençant par démanteler d'abord notre propre potentiel ? 
Celui de chacun? 
Va t'on en finir définitivement avec la vision gaullienne d'une France émancipée et souveraine sur son territoire, non soumises aux ravages de la technocratie ?
 Non car on sait aujourd'hui que ce monopole ne tardera pas à être utilisé par certains Etats afin de dominer, ou de faire régner certaines idéologies qui vont à l'encontre des Droits de l'Homme et de l'environnement pour lesquels nous luttons sur le plan international depuis longtemps. 
 L'ère de la dissuasion et loin d'être terminée même si elle n'a plus aujourd'hui pour cadre le rapport Est-Ouest comme ce fut le cas pendant la guerre froide. 
Avant qu’elle ne se dilue et laisse s ‘échapper toute possibilité de gouvernance à long terme, donnons lui un regain de volonté et de puissance concertée, avec des objectifs bien définis. 
 Tant que les enjeux du nucléaire se limitaient à deux camps opposés (pendant la guerre froide), la dissuasion classique pouvait marcher, ce n’est maintenant que dans la copération-mutualisation que l’on peut espérer mettre quelque ordre dans une situation devenue infiniment plus complexe et qui nous échappe. Seule l'Europe, en mutualisant son potentiel nucléaire et en recensant ce dernier pour faire face à d'éventuelles menaces peut en médiatisant ce potentiel et en faisant connaitre sa stratégie au monde entier, constituer un paravent suffisamment solide pour dissuader définitivement toute tentative d'élargir le champ de l'armement nucléaire dans le monde. 
 Voilà qui réjouira les adeptes d'une Défense européenne sans remettre en cause la souveraineté de chaque Etat dans un contexte trouble, notamment au Moyen-Orient, où justement, on parle de "retour des Etats". Enfin , cette mutualisation-coopération (mutualisation des moyens tactiques, coopération en matière de politique) est faite pour s'élargir. Elle doit se faire par cercles concentriques englobant tous les potentiels dans un but commun, la Paix définitive et le démantèlement nucléaire final c'est ce que nous appelons la dissuasion finale. Pour cela, il faut étendre le concept de coopération-mutualisation à d'autres régions du monde. L'OTAN peut dans ce cadre, jouer un rôle efficace, à condition que grâce à la France, la gouvernance européenne y soit prépondérante. Le monde méditerranéen et ses pays appartenant eux aussi à différents continents, doivent faire partie intégrante de cette politique grâce à la France dans une logique de vraie coopération, dans le cadre d'une politique internationale égalitaire et pacifique, « de civilisation » comme l'avait évoqué Edgar Morin sous la présidence Sarkozy.". 

 Ainsi ai-je défini cinq phases dans le cadre desquelles doit se jouer cette phase de dissuasion finale et déterminé le nombre d'années qui vont lui être nécessaire. 
 -Phase 1. La phase paradoxale.2020-2025. Elle cumule une logique de dissuasion et de désarmement. Les Etats de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne ainsi que ceux qui forment l'Union méditerranéenne prennent l'engagement de ne pas augmenter davantage leur potentiel nucléaire tout en ayant pris bien soin préalablement de définir certains emplacements stratégiques. Le paradoxe que nous évoquions tout à l'heure réside dans le fait que en même temps qu'engagement est pris de ne pas augmenter l'armement nucléaire, les Etats des régions préalablement citées vont mutualiser et effectuer un gros travail de mise en valeur de leur potentiel nucléaire. afin d'exercer un effet de dissuasion sur le reste du monde notamment sur le groupe de pays sino-soviétique. Cet effort réalisé par les pays amateurs de Paix, ayant compris qu'il n'est pas dans l'intérêt des populations de se mettre en concurrence avec les autres membres de cette coalition pour la Paix mais bien au contraire d'avancer en coopération est plus que jamais d'actualité dans le contexte des désaccords qui se posent dans le cadre de la Lybie et au sein du monde méditterannéen confronté à la Turquie, comme cela a été le cas avec la Syrie. Il pose comme nécessaire, l'idée d'une fuite en avant des relations diplomatiques et des rapports de force à un moment où se pose le choix crucial mais heureusement pas encore imminent de la guerre ou de la non guerre. Une autre solution est possible, celle d'un avertissement nécessaire après avoir montré, comme dans un contexte d'Etat de crise, que les forces pour la Paix sont présentes et suffisamment fortes pour contrer toute velleité de nouveau conflit armé et toute nouvelle violation du droit international. Pour cela, il faudrait tenir compte des leçons de l'histoire, celle de Munich en 38 ou encore celle de toutes les guerres qui n'ont servi souvent qu'a à aggraver les déséquilibres et à causer des dommages irréparables, et organiser en toute urgence de nouvelles rencontres et conférences internationales dans les jours à venir, afin de faire exister en termes réels cette "chappe sécuritaire" que forme la coopération-mutualisation. Ce serait une première tentative sans précédent de gouvernance internationale.
 -Phase 2. La phase de mise en place de la coopération-mutualisation. 2025-2028. Cette phase est une phase où la mise en place de la coopération-mutualisation joue à plein, de nouveaux accords multilatéraux et bilatéraux sont pris avec les pays qui en font partie (axe atlantique, axe européen, axe méditerranéen, axe Turquie-pays de l'Est ne faisant pas partie de l'Union Européenne). Les accords consistent à organiser la "chappe de protection et de dissuasion pour la Paix" dont qui est l'outil principal du démantèlement nucléaire final, elle consiste également à dissuader les pays qui en font partie de se pourvoir davantage en armement nucléaire en faisant confiance au potentiel déjà installé. Cela ne remet pas en cause la souveraineté de Etats, puisque chacun, même au sein de l'Union Européenne continue à disposer de sa propre armée de terre, de mer, d'air afin de jouir pleinement de son autonomie et de sa souveraineté. Les souverainetés des Peuples restent inviolables et sacrées. Il faut engager les pays qui en font partie à faire confiance au potentiel déjà installé par l'OTAN qui n'est pas l'objet d'un commandement exclusif des Etats-Unis, notamment dans le contexte de "prêt"de leurs territoires par des Etats d'Europe détenteurs de l’arme nucléaire (France) (notamment Roumanie, Pologne). Il faut faire valoir que l'armement nucléaire et les possibilités de frappe par missiles qui y sont présents font partie d'un "bien commun" des Etats partie prenante, même et là est la gageure, en cas d'accords bilatéraux". 
 -Phase 3. Phase de construction et de consolidation des alliances. 2028-2029. C'est dans ce cadre, que se renforce la construction des alliances entamées en phase 1 et élargie en phase 2. *Mise en valeur des quatre alliances + 1 : -Alliance de l'Est Europe et ses rapports avec la Turquie, et la Russie. (perspective d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural incluant la Turquie et une partie de la Russie, en fraternité avec la future Union Eurasienne prônée par la Russie). -Alliance de l'Ouest. Alliance atlantique dans le cadre de l'OTAN avec l'Europe. -Alliance du Sud. Pays d'Afrique, Union africaine, Union méditerranéenne, sud Européen, -Alliance du Nord. Nord de l'Europe incluant la Grande-Bretagne, Groënland. -Alliance océanique (où nous sommes présents) : Australie, Nouvelle-Zélande, Antactique. Le travail en coopération-mutualisation peut se réaliser aussi bien dans une perspective large, au niveau des Etats qu'au sein de micro-régions. Il s'agit dans ce dernier cas de multiplier les initiatives en faveur de la Paix en permettant aux armées de différents groupes géostratégiques de travailler ensemble. Ainsi, c'est ce que l'on aurait pu faire dans la zone de Kapisa au nord Afghan entre les armées américaines, françaises et afghanes. Il aurait fallu pour cela, plutôt que de déserter une région proche du Pakistan où la rébellion menace à nouveau de laisser des hommes de chaque partie dans cette région afin qu'ils réalisent une coalition tripartite d'hommes chargées de faire régner le droit dans cette zone de l'Afghanistan sujette à des troubles. Le risque est que de nouvelles opérations d'envergure soient mises en place dans quelque temps, avec un coût encore plus élevé en êtres humains et en matériel. La mise en place d'une opération de coopération-mutualisation sur ces terres aurait eu l'intérêt de maintenir la Paix, d'aider cette région à s'insérer dans un processus de démocratie et de développement en coordination avec l'Etat, tout en permettant à une nouvelle forme de Fraternité issue d'un travail en commun à égalité entre les soldats issus de différentes cultures. Il s'agit bien ici de développer une politique de civilisation sans vocation hégémonique de part et d'autre des parties.
 -Phase 4. Phase de dénucléarisation 2029-2035. Avec renforcement des Alliances dans le cadre des missions de coopération. Progressivement, les différents Etats du monde s'engagent dans un processus de démantèlement de leur armement nucléaire en même temps que de nettoyage de déchets du même acabit dans le contexte de construction d’une organisation des Etats indépendants et autonomes (OIA). La reconstruction des Etats les plus abîmés par la guerre (Syrie, Yemen, pays du continent africain, Lybie) devrait être à cette phase là bien avancée. C'est pendant cette période que se met en place l'Etoile française, que nous avons aussi appelée la Grande armée de la Paix. 
 -Phase 5. 2035-infini : Phase de maintien de la Paix dans le monde. Il faudrait donc 15 ans pour mettre fin au cycle de guerres afin d’entrer dans un nouveau cycle plus constructif. Si on reprend les termes de Catherine Colonna, ambassadrice de France au Royaume-Uni dans le document « Point de vue sur les relations franco-britanniques paru dans le cadre des Traités de Lancaster House (2020 : « (…) 
Par ailleurs le Royaume -Uni et la France, seules puissances nucléaires européennes; contribuent à la capacité de dissuasion de l’Alliance Atlantique. Elles le font de manière bien différente puisque la France ne participe pas aux mécanismes de planification nucléaire de l’Alliance. Grâce au haut niveau de confiance mutuelle consacré par Lancaster House, nos deux pays peuvent aussi échanger sur le rôle de la dissuasion dans le monde actuel et contribuer de ce fait à la culture nucléaire de l’Alliance (…). ». Il y a bien dans ces termes, l’idée d’une coopération sur l’arme nucléaire et déjà en sous-jacent, celles d’accords pour enclencher un jour le processus du démantèlement final, en y intégrant la composante diplomatique qui est ici très forte. (1)

Cela nous conduit ainsi à l’article suivant  qui devrait être constitutionnel : 

 “ Dans un souci de protection des citoyens et des peuples européens la France adopte le principe d'une participation à une politique de mutualisation des moyens et de coopération des armées au niveau européen dans un contexte où les objectifs de démantèlement nucléaire occidental, décidés antérieurement (80) imposent la fin d’une ère de dissuasion qui s’avère pourtant nécessaire dans le cadre actuel de dénucléarisation des pays tiers. Par le coopération et la mutualisation au niveau Européen, l’Europe peut tout à la fois lutter contre l’hégémonie américaine tout en constituant une force suffisante pour protéger ses peuples de toute attaque pendant la phase toute diplomatique de construction des alliances. Cela ne remet en cause ni sa participation à l’OTAN avec une perspective d'élargissement provisoire de la dissuasion à grande échelle sur des bases plus saines, ni la construction de sa nouvelle armée, ni le processus engagé par elle de règlement pacifique des différents par la diplomatie et la constitution de réseaux d’alliance.”. 

Voici ce que nous dit le Général De Villiers à ce sujet : « On le voit, il nous faut multiplier les initiatives de coopération internationale tant en utilisant le cadre de l’OTAN qu’en créant les structures ad hoc pour répondre aux situations nouvelles qui peuvent surgir. Mais on constate que, face au terrorisme isamiste radical, la notion de souveraineté reprend inéluctablement le dessus. Et c’est une bonne chose, c’est cela qu’il ne faut pas perdre. La coopération sécuritaire doit donc se focaliser sur le transfrontalier et mettre en place tous les dispositifs qui permettent de répondre à la mobilité géographique et numérique des terroristes. L’OTAN est encore nécessaire pour développer l‘interopérabilité des procédures et des états majors, outils indispensables dans les opérations complexes internationales comme celles du Kosovo ou de l’Afghanistan.”

 La modernisation en cours, et l’allégement de la bureaucratie iranienne, décrites par l’ancien chef d’Etat major, ne font qu’entériner davantage cette idée d’un processus visant non pas à rationaliser mais à rendre plus efficients l’organisation et la combinaison des ressources. En créant ensemble un plan territorial de sécurité nucléaire qui concerne aussi bien le territoire américain qu’européen ainsi que celui des Etats qui font partie de l’OTAN afin d’y appliquer notre principe du pré carré (conforme à l’adage selon lequel pas un cm2 de territoire ne doit échapper aux coalisés dans leur mission de protection de l’OTAN, la riposte simultanée à toute attaque doit être mise en place sur le papier comme sur le terrain, afin que cette coopération-mutualisation soit suffisamment dissuasive pour rendre l’arme nucléaire désuète. 

La France, dans ce cadre, a un rôle important à jouer, qu’elle doit garder en tant que membre historique des cinq membres permanents de l’ONU. Elle ne doit en aucun cas le déléguer comme cela est prévu dans le Traité d’Aix la Chapelle. Mais si nous voulons ne pas dépendre des Etats-Unis il faut fournir l’effort financier nécessaire pour que tout cet effet ne porte pas sur eux. 
C’est donc dans un cadre européen que la France doit imposer ses vues, forte de sa capacité nucléaire et de son rôle historique au sein de l’ONU. 
En coopérant-mutualisant, l’Europe peut contribuer à financer une grande partie du plan territorial de dissuasion dit aussi sécurité nucléaire en plaçant elle-même quelques ogives ou lance-missiles (à voir) et en en faisant profiter les pays de l’Est qui sont la cible de l’Union eurasiatique via la Russie. Donc en les protégeant (ça commence par la Crimée et le Caucase, en passant par l’Ukraine et on ne sait pas où cela finira). Le risque d’une rupture avec l’Est pourrait être aggravé par les nouvelles tensions liées au COVID 19, puis à la guerre en Ukraine dans un contexte d’insupportabilité de l’Euro, il est donc urgent de privilégier ces pays là dans le cadre de nos accords de défense aussi bien bilatéraux que dans un cadre européen. Par contre il n’est nul part préconisé de créer un armée européenne, qui ne servirait qu’à l’industrie militaire qui rappelons, le ne doit rester confinée qu’au strict domaine du service supplémentaire rendu à l’Etat dans le cadre de sa position de monopole dans le domaine de l’utilisation de ces armes. 

Le conflit en Ukraine ne doit donc pas voir se précipiter les choses : pas de nouvelle entrée dans l’OTAN en ce moment, pas d’armée européenne, ni de remise en cause de la souveraineté de chaque Etat. Il en va de la Paix dans le monde.


(1)Dans un climat de détente de la guerre froide la communauté internationale a estimé dans les années 1960 qu'il fallait stopper la prolifération des armes nucléaires.La première étape fut la signature du Traité d'interdiction partielle de essais nucléaires, signé en 1963 à Moscou, par les États-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne.En 1968, une avancée majeure est réalisée par la conclusion du Traité de non prolifération nucléaire (TNP) qui fut signé par la totalité des États du monde sauf l'Inde le Pakistan et Israël Entamées en 1969, les négociations sur la limitation des armements stratégiques, entre les États-Unis et l'Union soviétique, aboutissent à la conclusion des traités SALT I en 1972 et SALT II en 1979. Ces accords sur la planification et le contrôle de la production d'armes stratégiques seront prolongés par le Traité de réduction des armes stratégiques (START I et II, signés respectivement en 1991 et 1993). Également, le Intermediate Range Nuclear forces Treaty(FNI) est signé en 1987. Enfin, les négociations MFBR sur la réduction mutuelle et l'équilibre des forces en Europe), qui avaient été engagées dès 1973 entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN ont abouti à la signature en 1990 d'un important accord de désarmement des Forces armées conventionnelles en Europe. ». Voir également sur la "Chappe atlantico-méditterranéo-européenne" notre article « Notre politique de défense et d'armement. ». (24 avril 2013, même blog) respublica999.blogspot.fr