dimanche 22 novembre 2020

Prévenir et anticiper la famine de l'été 2021 en Afrique (Sahel, Corne de l'Afrique).


Par Noura Mebtouche.

Alors que plusieurs journaux français ont donné l'alerte dès le mois de juillet 2020 sur la potentialité d'une famine au Sahel et que d'autres alertes ont été données dès cet automne sur la même chose sur la corne de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée, Soudan, Yemen), il serait logique que la communauté internationale et les Etats anticipent dès aujourd'hui sur les solutions à mettre en place. Il faudrait installer d'immenses greniers à blé dans des endroits stratégiques en nombre suffisant pour pallier au manque en les remplissant de céréales qui se conservent. Ces greniers à blé devraient être financées par les Etats et la sécurité de leur installation gérée par les casques bleus encadrés par des armées capable de passer à l'offensive en cas d'attaques de milice. On sait que les ONG traditionnellement apparentées à cette mission ne peuvent pas aujourd'hui pénétrer ces territoires afin d'aider les populations et procéder aux installations adéquates en la présence de nombreuses milices à l'Est et de djihadistes à l'Ouest.

Laisser la famine s'installer et augmenter encore le nombre de morts dans ces parties du continent africain ne ferait d'ailleurs qu'aggraver les situations de non droit et de violence déjà présentes, anéantissant ainsi tous les efforts déjà réalisé dans ce domaine. La formule des greniers à blé est simple et beaucoup moins onéreuse que les conséquences d'un laisser faire. C'est une méthode traditionnelle et ancestrale en Afrique, dans l'Antiquité, de par les conditions climatiques, (sécheresse et manque d'eau, elle était pratiquée et fonctionnait très bien. Par ailleurs, les pays occidentaux ont suffisamment de céréales pour alimenter les besoins sans inconvénients majeurs. Cette méthode ne heurte pas les pratiques traditionnelles en Afrique, elle est compatible avec elles, ce qui permet d'éviter les méfaits liés à une aide alimentaire intervenant au dernier moment en urgence. Dans ce cadre là, des rencontres au sommet devraient s'organiser. La présence de forces armées nombreuses présente dans ce contexte de bienveillance pourrait par ailleurs se révéler être une amorce de règlement des problèmes liés aux milices afin de doubler la première mission de cette deuxième objectif depuis longtemps neutralisé par un certain manque d'initiative de la communauté internationale alors que milices et jihadistes nous menacent tous.

mercredi 12 août 2020

La théorie du démantèlement final.





La théorie du démantèlement final.
Par Noura Mebtouche.

Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un paradoxe. D'un côté, il faut mettre en place les conditions d'un désarmement progressif et avons une obligation de résultat en matière de dissuasion, pour éviter toute prolifération anarchique de l'arme nucléaire.
Sur le plan diplomatique par ailleurs, nous sommes dans l'obligation de maintenir notre caractère d'exception en matière de sécurité, afin de conserver notre place dans les relations internationales.
ce paradoxe est particulièrement valable pour la France.
Enfin, dans un contexte de réduction obligatoire des dépenses publiques, nous n'avons pas d'autre choix que de limiter les dépenses alors même que nos lacunes s'aggravent (ainsi, en France l'armée de l'air n'est pas suffisamment pourvue en matériel de transport tactique et de ravitaillement tandis que la Marine ne peut déployer en permanence un groupe aéronaval.).
Comment, pallier à nos lacunes sans dépenser d'argent ? Comment contribuer au démantèlement en restant maîtres de notre armement nucléaire pour dissuader suffisamment ?
Ces questions que nous venons d'appliquer à la France se posent pour tous les Etats d'Europe. C'est pourquoi dans un tel contexte où, l'internationalisation des conflits (terrorisme et guerres civiles menées par des groupuscules armés, montée en puissance de la Turquie en méditerrannée, velléités d’armement nucléaire de certains pays comme l’Iran, ou la Corée du Nord), se fait grandissante et la solution de la mutualisation-coopération au sein de Alliance Atlantique cruciale.
Cette logique doit aussi inclure l’Afrique et le monde méditterranéen. 
 L'idée d'une force armée proprement européenne se fait poindre. De gens comme Hubert-Védrine l'ont affirmé et il ne fait pas de doute que c'est une idée qui se propage aujourd'hui dans différents milieux européens. 
Il y a avant tout la question de la souveraineté des Etats qui se pose. Sans avoir le monopole de sa propre défense avec sa propre armée, un Etat ne peut conserver cette dernière. Que fera t'on dans un monde gouverné par des technocrates qui ont à leur disposition tous les secrets de la défense et peuvent à leur guise disposer des moyens militaires utilisables à des Fins que eux seuls connaissent ?
Certes, l'avancée qui est faite aujourd'hui dans le cadre de l'écriture du dernier Livre Blanc français par le Président de la République François Hollande fait bien de prendre à partie certains pays de l'Est qui jusqu'ici n'ont pas eu leur mot à dire. Cependant, nous ne pouvons pas dans un contexte de mondialisation pacifique, occulter la Méditterrannée dans la rédaction de ce livre.
 Au nom d'abord d'un passé commun mais aussi parce que ces derniers sont aux portes de l'Afrique un continent qui est grand, proche d'un Moyen-Orient compliqué et difficile. N'oublions pas que l'Union Méditerranéenne est un concept qui existe qui a fait l'objet de signatures officielles, qui ne demande qu'à être exploité.
Par ailleurs, jusqu'à quand allons nous préparer nos propres Livres blanc afin de définir nous même français nos moyens et notre stratégie de défense ?
Il ne faut pas que l'Europe s'empare d'une souveraineté déjà suffisamment mise à mal par l'Union économique et monétaire, nombreux sont ceux qui regrettent aujourd'hui de s'être engouffrés trop rapidement dans la voie de la technocratie économique, sans le peuple.
Promouvoir une défense uniquement européenne avec une armée européenne serait grave. C'est pourtant le pli que semble prendre aujourd'hui l'Etat français.
Je ne remet pas en cause le fait que le contexte européen et méditerranéen soit une bonne chose pour la promotion de la Paix dans le monde, notre sécurité et notre intégrité, choses qui ont été fixées comme objectifs dans le cadre du livre blanc 2008. Mais il y a nécessité absolue de concourir à étendre ces volontés de mise en commun à l’ensemble de l’alliance Atlantique , mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient? La France qui dispose outre son appartenance à l’OTAN et à l’UE d’une positon privilégiée par ailleurs avec ses accords bilatéraux avec l’Angleterre, mais également l’envoi de ses troupes en Afrique devrait être le pivot de cette nouvelle configuration sans se départir de son autonomie et de sa souveraineté. Les rapports avec tous les ensemble géographiques que je viens de citer redessinent la carte de la France libre des années 39-45 du Général de Gaulle. C’est pourquoi nos interventions en Afrique doivent mettre de leur côté les populations afin que des incidents comme le meurtre de plusieurs touristes par des jihadistes ne se reproduisent plus (huit personnes dont deux dont deux nigériens et six touristes français assassinés le 9 août 2020 au Niger). Si ces groupuscules armés peuvent encore agir dans des pays où tout le monde se connait, c’est parce que la France, notamment lors de ses opérations au Mali, n’a pas su temporiser et traiter les africains avec égalité et respect, en tant que partenaires. La presse nationale et étrangère a récemment relaté des faits qui traduisent un manque de civisme et de précaution envers les populations africaines, notamment lors des opérations en commun menées sous l’égide de la France. Par ailleurs, les actions liées à la Françafrique continuent d’exister, sapant le moral des citoyens et donnant une mauvaise image de la France, anéantissant ainsi toute volonté de bien faire en matière de défense. 
Sur le plan proprement international, la mise de côté des Etats du Moyen-Orient dans les grandes instances de régulation de la Paix, aggravé par le conflit palestinien, conduit aujourd’hui à alimenter une coupure du monde entre les populations arabo-musulmanes et les autres. L’idée de faire entrer la Turquie et l’Iran parmi les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU n’est pas si farfelue que cela. Elle permettrait aux grandes puissances qui aujourd’hui veulent la guerre et cherchent à se protéger de la fissure déjà évoquée, par l’arme nucléaire, au mépris du droit internationale, de se sentir écoutées et prises à partie dans le processus de Paix. responsabiliser ainsi la Turquie éviterait peut être l’escalade vers la guerre et les invasions en méditerrannée, permettrait de résoudre le conflit Lybien, et allié à la même démarche envers l’Iran, permettrait de représenter à la fois le monde sunnite et le monde chiite au sein d’une instance internationale et donc de susciter une nouvelle forme d’arbitrage. 
Il pourrait être reconnu au niveau international, que le conseil de sécurité de l’ONU puisse innover et évoluer avec son époque autrement que par une substitution de l’Allemagne à la France à travers la question de l’arme nucléaire. 
Il y a nécessité de fédérer les actions et de mettre en commun certaines compétences et capacités sans oublier les infrastructures. Notamment en matière de nucléaire.
Quel but franchement avoué de l'Europe en matière d'armement nucléaire devrait prêtre mis en avant ? Le démantèlement futur et concerté, suivant une période de dissuasion plus forte. L’idée de faire entrer la turquie et l’Iran au club des cinq peut largement favoriser le succès dune telle mesure.
 Va t'on y arriver en commençant par démanteler d'abord notre propre potentiel ? Celui de chacun. Va t'on en finir définitivement avec la vision gaullienne d'une France émancipée et souveraine sur son territoire, non soumises aux ravages de la technocratie ?
 Non car on sait aujourd'hui que ce monopole ne tardera pas à être utilisé par certains Etats afin de dominer, ou de faire régner certaines idéologies qui vont à l'encontre des Droits de l'Homme et de l'environnement pour lesquels nous luttons sur le plan international depuis longtemps.
L'ère de la dissuasion et loin d'être terminée même si elle n'a plus aujourd'hui pour cadre le rapport Est-Ouest comme ce fut le cas pendant la guerre froide. Avant qu’elle ne se dilue et laisse s ‘échapper toute possibilité de gouvernance à long terme, donnons lui un regain de volonté et de puissance concertée, avec des objectifs bien définis. 
Seule l'Europe en mutualisant son potentiel nucléaire et en recensant ce dernier pour faire face à d'éventuelles menaces peut en médiatisant ce potentiel et en faisant connaitre sa stratégie au monde entier, constituer un paravent suffisamment solide pour dissuader définitivement toute tentative d'élargir le champ de l'armement nucléaire dans le monde.
Voilà qui réjouira les adeptes d'une Défense européenne sans remettre en cause la souveraineté de chaque Etat dans un contexte trouble, notamment au Moyen-Orient, où justement, on parle de "retour des Etats".
Enfin , cette mutualisation-coopération (mutualisation des moyens tactiques, coopération en matière de politique) est faite pour s'élargir. Elle doit se faire par cercles concentriques englobant tous les potentiels dans un but commun, la Paix définitive et le démantèlement nucléaire final c'est ce que nous appelons la dissuasion finale.
Pour cela, il faut étendre le concept de coopération-mutualisation à d'autres régions du monde. L'OTAN peut dans ce cadre, jouer un rôle efficace, à condition que grâce à la France, la gouvernance européenne y soit prépondérante. 
Le monde méditerranéen et ses pays appartenant eux aussi à différents continents, doivent faire partie intégrante de cette politique grâce à la France dans une logique de vraie coopération, dans le cadre d'une politique internationale égalitaire et pacifique, « de civilisation » comme l'avait évoqué Edgar Morin sous la présidence Sarkozy.".
Ainsi avons nous défini cinq phases dans le cadre desquelles doit se jouer cette phase de dissuasion finale et déterminé le nombre d'années qui vont lui être nécessaire.
-Phase 1. La phase paradoxale.2020-2025 Elle cumule une logique de dissuasion et de désarmement. Les Etats de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne ainsi que ceux qui forment l'Union méditerranéenne prennent l'engagement de ne pas augmenter davantage leur potentiel nucléaire tout en ayant pris bien soin préalablement de définir certains emplacements stratégiques.
Le paradoxe que nous évoquions tout à l'heure réside dans le fait que en même temps qu'engagement est pris de ne pas augmenter l'armement nucléaire, les Etats de régions préalablement citées vont mutualiser et effectuer un gros travail de mise en valeur de leur potentiel nucléaire. afin d'exercer un effet de dissuasion sur le reste du monde notamment sur le groupe de pays sino-soviétique. Cet effort réalisé par les pays amateurs de Paix, ayant compris qu'il n'est pas dans l'intérêt des populations de se mettre en concurrence avec les autres membres de cette coalition pour la Paix mais bien au contraire d'avancer en coopération est plus que jamais d'actualité dans le contexte des désaccords qui se posent dans le cadre e la Lybie et au sein du monde méditterannen confronté à la Turquie, comme cela a été le cas avec la Syrie. Il pose comme nécessaire, l'idée d'une fuite en avant des relations diplomatiques et des rapports de force à un moment où se pose le choix crucial mais heureusement pas encore imminent de la guerre ou de la non guerre.
 Une autre solution est possible, celle d'un avertissement nécessaire après avoir montré, comme dans un contexte d'Etat de crise, que les forces pour la Paix sont présentes et suffisamment fortes pour contrer toute velleité de nouveau conflit armé et toute nouvelle violation du droit international. Pour cela, il faudrait tenir compte des leçons de l'histoire, celle de Munich en 38 ou encore celle de toutes les guerres qui n'ont servi souvent qu'a à aggraver les déséquilibres et à causer des dommages irréparables, et organiser en toute urgence de nouvelles rencontres et conférences internationales dans les jours à venir, afin de faire exister en termes réels cette "chappe sécuritaire" que forme la coopération-mutualisation. Ce serait une première tentative sans précédent de gouvernance internationale.

-Phase 2. La phase de mise en place de la coopération-mutualisation. 2025-2028.
Cette phase est une phase où la mise en place de la coopération-mutualisation joue à  plein, de nouveaux accords multilatéraux et bilatéraux sont pris avec les pays qui en font partie (axe atlantique, axe européen, axe méditerranéen, axe Turquie-pays de l'Est ne faisant pas partie de l'Union Européenne).
Les accords consistent à organiser la "chappe de protection et de dissuasion pour la Paix" dont qui est l'outil principal du démantèlement nucléaire final, elle consiste également à dissuader  les pays qui en font partie de se pourvoir davantage en armement nucléaire en faisant confiance au potentiel déjà installé. Cela ne remet pas en cause la souveraineté de Etats, puisque chacun, même au sein de l'Union Européenne continue à disposer de sa propre armée de terre, de mer, d'air afin de jouir pleinement de son autonomie et de sa souveraineté. Les souverainetés des Peuples restent inviolables et sacrées.
Il faut engager les pays qui en font partie à faire confiance au potentiel déjà installé par l'OTAN qui n'est pas l'objet d'un commandement exclusif des Etats-Unis, notamment dans le contexte de "prêt"de leurs territoires par des Etats d'Europe détenteurs de l’arme nucléaire (France) (notamment Roumanie, Pologne). Il faut faire valoir que l'armement nucléaire et les possibilités de frappe par missiles qui y sont présents font partie d'un "bien commun" des Etats partie prenante, même et là est la gageure, en cas d'accords bilatéraux".


-Phase 3. Phase de construction et de consolidation des alliances. 2028-2029. C'est dans ce cadre, que se renforce la construction des alliances entamées en phase 1 et élargie en phase 2. 
*Mise en valeur des quatre alliances + 1 : 
-Alliance de l'Est Europe et ses rapports avec la Turquie, et la Russie. (perspective d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural incluant la Turquie et une partie de la Russie, en fraternité avec la future Union Eurasienne prônée par la Russie).
-Alliance de l'Ouest. Alliance atlantique dans le cadre de l'OTAN avec l'Europe.
-Alliance du Sud. Pays d'Afrique, Union africaine, Union méditerranéenne, sud Européen, 
-Alliance du Nord. Nord de l'Europe incluant la Grande-Bretagne, Groënland.
-Alliance océanique (où nous sommes présents) : Australie, Nouvelle-Zélande, Antactique.
Le travail en coopération-mutualisation peut se réaliser aussi bien dans une perspective large, au niveau des Etats qu'au sein de micro-régions. Il s'agit dans ce dernier cas de multiplier les initiatives en faveur de la Paix en permettant aux armée de différents groupes géostratégiques de travailler ensemble. Ainsi, c'est ce que l'on aurait pu faire dans la zone de Kapisa au nord Afghan entre les armées américaines, françaises et afghanes. Il aurait fallu pour cela, plutôt que de déserter une région proche du Pakistan où la rébellion menace à nouveau de laisser des hommes de chaque partie dans cette région afin qu'ils réalisent une coalition tripartite d'hommes chargées de faire régner le droit dans cette zone de l'Afghanistan sujette à des troubles. Le risque est que de nouvelles opérations d'envergure soient mises en place dans quelque temps, avec un coût encore plus élevé en êtres humains et en matériel. La mise en place d'une opération de coopération-mutualisation sur ces terres aurait eu l'intérêt de maintenir la Paix, d'aider cette région à s'insérer dans un processus de démocratie et de développement en coordination avec l'Etat, tout en permettant à une nouvelle forme de Fraternité issue d'un travail en commun à égalité entre les soldats issus de différente cultures. Il s'agit bien ici de développer une politique de civilisation sans vocation hégémonique de part et d'autre des parties.
-Phase 4. Phase de déclunéarisation 2029-2035. Avec renforcement des Alliances dans le cadre des missions de coopération. Progressivement, les différents Etats du monde s'engagent dans un processus de démantèlement de leur armement nucléaire en même temps que de nettoyage de déchets du même acabit dans le contexte de construction d’une organisation des Etats indépendants et autonomes (OIA). La reconstruction des Etats les plus abîmés par la guerre (Syrie, Yemen, pays du continent africain, Lybie) devrait être à cette phase là bien avancée.
C'est pendant cette période que se met en place l'Etoile française, que nous avons aussi appelée la Grande armée de la Paix.
-Phase 5. 2035-infini : Phase de maintien de la Paix dans le monde. 

Il faudrait donc 15 ans pour mettre fin au cycle de guerres afin d’entrer dans un nouveau cycle plus constructif.


(1). Politique de désarmement nucléaire.

Dans un climat de détente de la guerre froide la communauté internationale a estimé dans les années 1960 qu'il fallait stopper la prolifération des armes nucléaires.La première étape fut la signature du Traité d'interdiction partielle de essais nucléaires, signé en 1963 à Moscou, par les États-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne.En 1968, une avancée majeure est réalisée par la conclusion duTraité de non prolifération nucléaire (TNP) qui fut signé par la totalité des États du monde sauf l'Inde le Pakistan et Israël Entamées en 1969, les négociations sur la limitation des armements stratégiques, entre les États-Unis et l'Union soviétique, aboutissent à la conclusion des traités SALT I en 1972 et SALT II en 1979. Ces accords sur la planification et le contrôle de la production d'armes stratégiques seront prolongés par leTraité de réduction des armes stratégiques  (START I et II, signés respectivement en 1991 et 1993). Également, le Intermediate Range Nuclear forces Treaty(FNI) est signé en 1987. Enfin, les négociations MFBR sur la réduction mutuelle et l'équilibre des forces en Europe), qui avaient été engagées dès 1973 entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN ont abouti à la signature en 1990 d'un important accord de désarmement des Forces armées conventionnelles en Europe.

vendredi 5 juin 2020

Le franc CFA est mort, Vive l’ECO CFA !

Le franc CFA est mort, Vive l’ECO CFA !

Un article de l'IRIS.

Le 20 mai, l’Élysée a annoncé par voie de communiqué « un projet de loi concernant un accord de coopération entre la France et les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine » afin d’entériner le changement de monnaie : du franc CFA à l’ECO. Alors, franc CFA, fin de partie ? Renouvellement paradigmatique préfaçant une renégociation du narratif entre la France et ses anciennes colonies[1], vraiment ? 

La fin du franc CFA : une ambition française ? 

Après avoir botté en touche sur la question du franc CFA, lors de son discours prononcé à Ouagadougou le 28 novembre 2017, au prétexte que c’était « un non-sujet » pour la France, le président Emmanuel Macron semble s’être ravisé. Entre les critiques de ses homologues sur le maintien d’un système jugé néocolonialiste, de critiques africaines sur l’opération Barkhane démontrant une lassitude en l’absence de résultats tangibles, la stagnation du dossier sur la restitution des œuvres d’art à l’Afrique, il fallait manifestement un geste pour enrayer la dégradation de l’image de la France et potentiellement renégocier les liens avec les pays ouest-africains, dans un contexte de plus en plus concurrentiel.

Témoin de ce virage et que le franc CFA est malgré tout un sujet français, dès le mois de novembre 2019, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’était déclaré favorable à « une réforme ambitieuse » sur cette question, formulation pour le moins sibylline ayant laissé cois de nombreux observateurs. Et en l’espèce, la question est de savoir à qui profite ladite réforme ?

Il devrait pourtant y avoir tout lieu de se réjouir de ce changement. Le débat sur le franc CFA occupe, en effet, l’espace médiatique depuis plusieurs années. Chercheurs, intellectuels, activistes, membres de la société civile, jeunes des différents pays concernés, nombreux sont ceux à s’être engagés pour un changement radical de monnaie, mais également de système monétaire de sorte à assurer les conditions de leur souveraineté, gage d’une indépendance à l’égard de leur ancienne métropole : la France. Au-delà du nom, du symbole qu’il incarne dans les représentations – qui ne saurait relever de l’anecdotique, tant la déclinaison de l’acronyme avait subi un toilettage a minima Franc, passant de franc des Colonies françaises d’Afrique à franc de la Communauté financière en Afrique – l’enjeu sous-jacent était et reste bel et bien politique, concernant avant tout la renégociation des liens entre les différentes parties.   Il s’agit enfin pour ces détracteurs de parachever le processus de décolonisation et de promouvoir de nouveaux rapports géopolitiques.

L’ECO ou la conjuration de la « servitude volontaire » ? 

Le 21 décembre 2019, après avoir soutenu que c’était un « faux débat », en février 2019 sur le perron de l’Élysée, témoignant de relations de connivence entre la France et la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, avait annoncé depuis Abidjan, aux côtés de son homologue Emmanuel Macron la fin du franc CFA au profit de l’ECO (réduction d’ECOWAS version anglaise de la CEDEAO). S’en étaient suivies une série d’annonces :  « Le compte d’opération à la Banque de France est supprimé et (…) les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés », un ensemble de décisions qui devaient être entérinées au cours de l’année 2020. C’est désormais chose faite. Sauf que des points sensibles n’ont pas été débattus : pertinence ou non de l’élargissement d’un panier monétaire ? Quels objectifs poursuivis non par la France, mais par les pays concernés par cette réforme ? Quel rétroplanning ? Quelle méthodologie ? L’ensemble de ces questions a été évacué par le projet de loi proposé par l’Élysée, qui annonce d’un même allant le maintien de l’indexation de la nouvelle monnaie sur l’euro et se positionne comme garante financière : « La place de la France se transforme donc pour devenir celle d’un simple garant financier ». S’il s’agit en l’état d’un projet de loi qui devra être soumis au vote des parlements nationaux, de nombreuses inconnues demeurent : quelles sont les conditionnalités de la garantie de la France ? Pourquoi se conserver un droit de regard ? Est en effet envisagé comme suit : «  de nouveaux mécanismes sont prévus pour (…) permettre à [la France] de disposer de l’information nécessaire pour suivre et maîtriser le risque financier qu’elle continuera de prendre. Il s’agit notamment d’informations régulièrement transmises par la BCEAO ou de rencontres informelles avec les différentes autorités et institutions de l’Union ». Quelles sont les conditionnalités d’un tel accord ? Si peut-être sur le plan économique ces décisions peuvent se justifier sur le plan politique, l’amertume d’une souveraineté sous conditions transparaît.

Il semble que la France ait pris la main sur ce dossier en vue d’accélérer le processus de transition sans que les modalités pratiques de ce changement n’apparaissent clairement et sans avoir attendu le débat des militants anti-CFA, les privant au passage de leur parole même si certains avaient été auditionnés, cet automne, par l’Élysée. Des acteurs de hauts-niveaux, comme l’ancien Premier ministre du Sénégal, Abdoul Mbaye, avait proposé la réunion d’experts ayant mandat de soumettre des propositions aux chefs d’États africains et français. Kako Nubukpo, doyen de la Faculté de sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’université de Lomé, avait quant à lui prévu de réunir, dans la capitale où il exerce ses fonctions, les États généraux de l’ECO sur la thématique suivante :  « Quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’Ouest ». Il s’agissait bien de penser la monnaie comme vecteur de développement en mettant à l’honneur des solutions endogènes. À l’issue de trois jours de débats, il devait en ressortir des recommandations à l’attention des gouvernements. La pandémie a contraint de surseoir à cette rencontre. De débats par les porteurs du changement, il n’y en aura point.

Il ne s’agirait toutefois pas d’être dupes. Au-delà du caractère a priori unilatéral de ce nouvel accord, il y a eu des concertations diplomatiques de haut niveau, entamées dès le 21 décembre 2019. Du reste, on notera que le projet, tel que présenté, correspond, pour partie, à celui avancé par le président Ouattara Alassane, qui, lors du sommet des chefs d’État de la zone UEMOA, réuni le 12 juillet à Abidjan, avait déjà pris position en faveur du maintien d’un taux de change fixe avec l’euro. Mais comment comprendre le silence assourdissant des chefs d’États concernés par ledit accord ?  Un pare-feu en cas de contestations de leurs opinions respectives ? Ou au contraire, cela témoigne-t-il de leur gêne et de dissensions sur le sujet ? Les assemblées nationales trancheront…  À force d’imprécisions, et même si, assez étonnamment, certains médias ont avancé par rapport au communiqué de l’Élysée – qui en l’espèce devrait faire foi – que le rôle de garant de la France tout autant que l’indexation de l’ECO sur l’Euro était une première étape, on est dans une forme d’incertitude quant à savoir s’il s’agit d’un scénario séquencé (lequel ?) et suivant quel chronogramme ?

Suivant cet accord, finit le communiqué de l’Élysée, « ce nouveau positionnement permet enfin d’accompagner l’UMOA dans sa volonté de s’inscrire dans le projet de monnaie unique à l’échelle de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ». À ceci près que certains États anglophones comme le Nigeria avançant que les critères de convergence de la zone CEDEAO n’étaient pas réunis soit « un déficit budgétaire n’excédant pas 3 %, une inflation à moins de 10 % et une dette inférieure à 70 % du PIB » masquant à peine leur quant-à-soi quant au rôle et à la place de la France dans cette architecture monétaire, le projet de monnaie unique à l’ensemble de la zone, adopté à Abuja en juin 2019, semble plus que compromis. Et ceci à moins que l’on ne découvre les différents scénarios séquencés envisagés pour y parvenir sur les moyen et long termes.

Assez étonnamment, les conditions d’un nouveau narratif entre la France et l’Afrique s’écrivent, au moins publiquement, sans les Africains, un changement dans la continuité, privilégiant l’asymétrie au détriment de toute co-construction des décisions. Pas sûr que dans ces conditions, les relations sur la moyenne ou la longue durée puissent s’en retrouver apaisées, Paris restant campée dans son rôle de grand ordonnateur. Si la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye s’est félicitée du fait que « cette fin symbolique [du franc CFA] devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », visiblement il y a une incompréhension sur l’analyse du problème qui n’est pas symbolique, une qualification qui frise la minoration, tandis que ce dernier est bel et bien structurel et politique, laissant pour compte l’Afrique centrale.

L’acception de l’ambition initialement affichée par le gouvernement français est décidément polysémique et laissera chacun libre de toute interprétation.

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[1] Seule la Guinée-Bissau, membre de la zone CFA, n’a pas été colonisée par la France. La Guinée, quant à elle, s’est retirée de la zone sous Sékou Touré.


Par Dr Patrick Ferras, président de l’association Stratégies africaines, enseignant à IRIS Sup’, et Jessica Ekon, diplômée d’IRIS Sup’ en Défense, sécurité et gestion de crise.
05.06.2020
Projection-débat en visioconférence autour du film “Le Président. Comment savoir quand il faut partir ?”, de Jean-Pierre Bekolo.
03.06.2020
Par Dr Patrick Ferras, président de l’association Stratégies africaines, enseignant à IRIS Sup’, et Alizée Pellen, diplômée d’IRIS Sup’ en Défense, sécurité et gestion de crise.
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Le point de vue de Caroline Roussy
20.05.2020
19.05.2020
18.05.2020
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10.04.2020
08.04.2020
Par Dr Patrick Ferras, Président de l’association Stratégies africaines, enseignant à IRIS Sup’, et Jessica Ekon, diplômée d’IRIS Sup’ en Défense, sécurité et gestion de crise
07.04.2020
03.04.2020

Entretien avec le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, et coordonnateur de la prise charge médicale dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 au Sénégal, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS, responsables du programme Afrique/s
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Entretien avec Gilles Yabi, président de WATHI, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS, responsable du programme Afrique/s.
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Interview de Caroline Roussy - 64', TV5-Monde
15.03.2020
Entretien avec Franck Hermann Ekra, ancien conseiller chargé de la communication internationale et adjoint au conseiller principal à la Commission Dialogue Vérité Réconciliation de la Côte d’Ivoire, fondateur à Abidjan du Lab’nesdem, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS.
10.03.2020
Entretien exclusif avec l’ancien Premier ministre de Guinée, président de l’UFDG, Cellou Dallein Diallo, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS.
28.02.2020
Entretien avec Gilles Yabi, président de WATHI, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS.

par Gilles Yabi, président de WATHI, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar

Entretien avec le Dr Christian Pout, président du think tank CEIDES, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS.
24.02.2020
Entretien avec Gilles Yabi, président du think tank WATHI, par Caroline Roussy, chercheuse à l’IRIS.
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13.02.2020

Relations Union européenne/Afrique : vers un tournant majeur en 2020 ?


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5 juin 2020
Par Dr Patrick Ferras, président de l’association Stratégies africaines, enseignant à IRIS Sup’, et Jessica Ekon, diplômée d’IRIS Sup’ en Défense, sécurité et gestion de crise.


Le partenariat Afrique/Union européenne (UE) est le « cadre politique global et à long terme des relations de coopération UE – Afrique ». Il s’appuie sur une stratégie commune élaborée en 2007. Les domaines prioritaires ont évolué au niveau des premier (2008) et second (2013) plans de la feuille de route de 2014-2017, puis de la déclaration d’Abidjan, depuis 2018. À l’occasion du cinquième sommet UE/Afrique, qui s’est tenu en Côte d’Ivoire en 2017, quatre axes prioritaires ont été retenus pour la période 2017-2020 :
  • Investir dans le capital humain grâce à l’éducation, la science, la technologie et le développement des compétences ;
  • Mobiliser les investissements pour une transformation structurelle durable de l’Afrique ;
  • Renforcer la résilience, la paix, la sécurité et la gouvernance ;
  • Les migrations et de mobilité.

Tout en s’appuyant sur les orientations de la stratégie de 2007, ces axes d’effort laissaient entrevoir la nécessité de repenser le document originel. En mars 2020, une communication conjointe au Parlement européen intitulée « Vers une stratégie globale avec l’Afrique » a présenté les grandes lignes de ce que sera la nouvelle stratégie commune du partenariat UE – Afrique.

Le texte rappelle que l’Afrique est le « continent jumeau » de l’Europe. En effet, plusieurs structures de l’Union africaine (UA) ressemblent à celles de l’Union européenne. La montée en puissance de l’intégration régionale est effective depuis la création de la Zone continentale de libre-échange, mais demeure lente. L’UE met en évidence son expérience en matière d’union douanière et de marché unique pour accompagner la construction de la zone de libre-échange continentale africaine.

En matière de conflits et crises où les défis restent nombreux, l’UE préconise la mise en œuvre d’une approche intégrée à toutes les phases du cycle d’un conflit ainsi qu’un renforcement du lien entre l’aide humanitaire, le développement, la paix et la sécurité[1].

La pauvreté, la mauvaise gouvernance, le changement climatique appellent une action multilatérale que souhaite accompagner l’Union européenne en s’appuyant sur les décisions, déclarations et résolutions de l’Union africaine.

Si l’Afrique « suscite un intérêt accru de la part de nombreux acteurs sur la scène mondiale[2] », elle est encouragée à privilégier le cadre de coopération proposé par l’UE. Premier investisseur en Afrique avec 222 milliards d’euros[3] devant les USA (42 milliards d’euros) et la Chine (38 milliards) en 2017, l’UE a vocation à rester le principal partenaire du continent africain. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la contribution de l’UE en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel est de 253,6 millions d’euros[4]. L’UE a en outre contribué à hauteur de 3,5 milliards d’euros par l’intermédiaire de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique depuis 2004[5]. Pour la période 2021-2027, l’Afrique devrait bénéficier de la majeure partie des 60 milliards d’euros de l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale, pour des opérations de garantie visant à stimuler les investissements durables.

Face aux nouvelles menaces et opportunités communes, l’Union européenne plaide en faveur d’une coopération renforcée avec l’Afrique. Elle propose une nouvelle stratégie basée sur cinq partenariats en faveur d’une transition verte et l’accès à l’énergie, de la transformation numérique, d’une croissance et des emplois durables, de la paix et de la gouvernance et en matière de migration et de mobilité. S’appuyant sur de nombreux textes et des accords internationaux tels que les Objectifs de développement durable, l’Accord de Paris, l’agenda 2063 de l’Union africaine, etc., la stratégie proposée ne peut-être qu’acceptée en l’état tant elle est optimiste. Il est question d’investir sur la jeunesse atout majeur du continent, d’intégration régionale, d’avenir numérique, d’emplois, d’investissements, de climat des affaires, d’éducation, de santé, d’égalité du genre, de dialogue social, de résilience, de droits de l’homme, de migration et de mobilité. Si toute la sémantique de la société idéale figure dans ce partenariat, ces objectifs certes louables sont-ils pour autant accessibles ? L’emploi de cette terminologie ne démontre-t-il pas les résultats limités de la stratégie précédente ? Une stratégie doit être l’art de coordonner des actions pour un objectif clair. Dans cette ébauche de document, l’objectif semble inatteignable.

Pour gagner en efficacité, l’UE devra revoir ses ambitions à la baisse. Il serait plus raisonnable de s’appuyer sur les retours d’expériences de la période précédente pour tirer les enseignements afin de fixer trois ou quatre objectifs réalisables… À l’heure du Covid-19 et de ses premiers enseignements, il apparaît fondamental d’être réaliste et de ne pas chercher à façonner la société africaine en fonction de nos critères. Il appartient également aux Africains de faire preuve de davantage de réalisme dans leurs demandes de partenariat ce qui les obligera à structurer leurs besoins auprès des nombreux acteurs internationaux. Il en découlera une meilleure coopération au niveau bilatéral, régional ou continental. L’ambiguïté tout au long du texte sur l’emploi de l’Afrique ou de l’Union africaine souligne la difficulté d’approcher ce continent. Le partenariat ne peut être qu’entre l’UE et l’UA. Entité géographique, l’Afrique n’a en aucun cas une dimension politique.

Lors du prochain sommet UE – Afrique à Bruxelles, en octobre 2020, la stratégie globale avec l’Afrique fixera les priorités européennes pour la prochaine décennie. Elle sera déclinée en plans d’action et permettra d’actualiser les stratégies régionales pour le Sahel, la Corne de l’Afrique et le golfe de Guinée. L’année 2020 verra également l’aboutissement des négociations entre la Commission de l’UE et le groupe des pays Afrique – Caraïbes – Pacifique (ACP), qui ont débuté en 2018. Il manque néanmoins un aspect suivi à l’ensemble de ces documents. Il s’agit de l’obligation pour les deux partenaires et donc les 82 États (27 + 55[6]) d’avoir un retour systématique et lisible et sur les engagements financiers de l’Union européenne[7] et leurs résultats. C’est à ce prix que la relation sera « mûre et exhaustive », et que nous y verrons plus clair sur la multitude et l’efficacité des programmes, des dons qui rythment les relations entre l’UE et « l’Afrique ».

[1] Vers une stratégie globale avec l’Afrique, p. 14.
[2] Ibid., p. 2.
[3] Ibid., p. 7.
[4] Ibid., p. 13.
[5] Ibid., p. 12.
[6] La République arable sahraouie démocratique (RASD) est reconnue par l’Union africaine et participe aux différents sommets de l’organisation.
[7] À titre d’exemple, le onzième FED (2014-2020) a une enveloppe budgétaire de 30,5 milliards d’euros. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie y contribuent respectivement à hauteur de 20,58 %, 17,81 %, 14,68 % et 12,53 % (Cf « Pour une redéfinition du partenariat entre l’Europe et l’Afrique », MEDEF, février 2019).
https://www.iris-france.org/147623-relations-union-europeenne-afrique-vers-un-tournant-majeur-en-2020/


dimanche 31 mai 2020

Renault, l'après-confinement et les SCOP.

Renault, l'après-confinement et les SCOP.


Par Noura Mebtouche.



La question du déconfinement qui se pose pour chacun d’entre nous est doublement cruciale pour les autorités. 
Non seulement ces dernières doivent organiser dans les conditions les plus efficaces possible la réouverture des établissements ainsi que la question des rassemblements et des transports et déplacements tout en veillant à la sécurité des personnes, mais elles doivent également se résoudre à reconsidérer le fonctionnement économique français en tenant compte des nouvelles données qui sont apparues pendant le confinement. 
Le paiement du chômage partiel pour la majorité des salariés qui ont été pendant ces deux mois et demi en situation de confinement obligatoire a bien été prise en charge par l’Etat. 
Mais aujourd’hui que l’activité reprend, il va falloir prendre en compte la situation de milliers d’entreprises qui doivent fermer leurs portes. 
Il s’agit principalement des petites et moyennes entreprises. 
Or, on ne le répétera jamais suffisamment, celles-ci sont le fondement même de notre économie et devraient être la priorité de notre politique industrielle.
Or, voilà que certaines grandes entreprises menacent aujourd’hui de fermer certains de leurs sites. On pense notamment aux entreprise Renault dans lesquelles l’Etat a un certain pourcentage de parts, et qui ont modifié récemment leurs vues politiques. 
Ainsi : « Sur les 14 sites industriels en France, « un seul site à l’horizon 2022 » sera fermé, celui de Choisy-le-Roy, qui emploie 260 personnes, a assuré le président du groupe, Jean-Dominique Sénard, lors d’une conférence de presse. 
Son activité de recyclage de pièces sera transférée vers l’usine de Flins dans les Yvelines. Ce site qui compte actuellement 2600 salariés, sera reconverti après l’arrêt de son activité de production automobile, à la fin de la Zoe (petite voiture électrique), après 2024.
Le groupe va lancer une revue stratégique pour la fonderie située à Caudan dans le Morbihan. Mais le site qui emploie 400 personnes ne devrait pas fermer ont assuré la direction du site et la CGT à l’issue d’un CSE extraordinaire ce vendredi. « Nous allons travailler avec la Bretagne pour réfléchir à l’avenir du site a affirmé pour sa part le président de Renault. Même chose pour l’usine de Dieppe qui emploie aussi près de 400 personnes, le groupe indique ouvrir « une réflexion sur la reconversion de lusine , à la fin de la production de l’Alpine A110 ». Le site normand « ne produit pas suffisamment de véhicules pour considérer un avenir dans la totale sérénité » selon M.Senard.
La fusion des sites de Doaui et Maubeuge dans le Nord est envisagée pour créer un centre d’excellence des véhicules électriques . La production des utilitaires électriques Kangoo devrait cependant être transférée à Douai qui héritera d’une nouvelle plateforme. Cette usine qui produit les modèles Espace, Scénic et Talisman, utilise actuellement moins d’u quart de ses capacités. En dehors de cela, Renault envisage certaines modifications dans ses usines à l’internationale (Maroc, Roumanie, Corée du sud, Turquie). La mise en oeuvre du plan coûte 1,2 milliards d’euros pour environ 2,15 milliards d’économie annuelle sur ses coûts fixes. ». 
(propos tiré de l’Union « Renault tranche dans le vif », 30 mai 2020.).
La condition des usines Renault à l’étranger ne fait pas notre propos ici, mais nous devons néanmoins spécifier que en dehors du fait que Renault fasse de gros 
efforts pour ne pas délocaliser l’ensemble de ses sites, l’usine reste néanmoins sur le point de mettre au chômage quelques 260 personnes sur le site du Val de Marne.
Or, si on reprend les différentes idées émises ces dernières années par la société civile (qui devrait compter dans le jeu démocratique et politique), on ne peut s’empêcher de penser que le gouvernement raterait si il ne prenait pas son courage à deux mains ici, une opportunité incontestable, d’être lui même à l’initiative d’une reprise en main de son usine par les salariés. 
Il suffirait que le gouvernement et notamment le premier ministre décide d’imposer à Renault au nom des aides qui lui ont été accordées depuis de décennies et des parts qu’il détient sur son capital, le don gratuit et symbolique aux 260 salariés de leur outil de production et des bâtiments présents sur ce site. 
Venant d’une entreprise historique comme Renault, ce serait de bon augure.
En ce qui concerne fait le potentiel technique, je veux dire les savoir-faire, ce sont les salariés qui les détiennent et il serait dommage que ce capital se dilue en obligeant les salariés à aller travailler chez Mac Donald’s ou Pimkie. 
Cela aussi fait partie de la politique promotionnelle de Renault.
Il faudrait créer une SCOP à l’initiative du gouvernement à titre d’expérimentation (loi   constitutionnelle de 2003 portant révision de la constitution et introduisant la possibilité en national comme en local de mettre en place de projets expérimentaux pendant trois ans reconductibles pour deux ans en cas de succès positif (articles 37-1 et 72-4, constitution française)). Cela à l'image de la proposition de loi du parti communiste français "Entreprises et territoire".
Nul doute que la conduite d’une nouvelle entreprise spécialisée dans le recyclage automobile en Val de Marne aurait du succès, même si elle n’est pas menée par un grand nom.
Cela permettrait d’abord de cautionner de manière plus évidente ce type de projet, cela remontrait la côte quelque peu malmenée par des erreurs de gestion dans la crise du Covid 19, des pouvoirs publics, cela redonnerait de l’optimisme aux 360 salariés pour ceux qui l’acceptent,  et leur donnerait l’opportunité de se servir du capital humain développé par l’expérience et la formation dans leur site Renault, dans le cadre d’un nouveau projet qui cette fois ci leur appartiendrait.

Enfin, l’Etat dont le président a récemment rendu hommage au Général de Gaulle  renouerait ainsi avec sa vraie nature esquissée par le Général de Gaulle dans les années 60 visant à privilégier sa propre vision des politiques industrielles, de territoire, conformément au programme du CNR avec une participation salariale accrue dans les instances de pouvoir, mais aussi dans le fonctionnement et le capital des entreprises.
Renault donnerait ainsi, l’exemple, les autres grandes entreprises en voie de restructuration devraient suivre,  dans une logique d’entreprise éthique et citoyenne qui rend au territoire ce qu’il lui a donné. C’est aussi une question de dignité.


Recyclage val de marne des débouches pourraient même embaucher.

vendredi 15 mai 2020

Un article sur la nécessité maintenant de Vérité.


Amnesty, RSF, Plenel et leurs médias, en ligne de bataille sous l’étendard "liberté d’expression" !

Contribution | 09 Mai 2020 | 14:40
Par Amar Djerrad
Amnesty international a diffusé une vidéo intitulée «des journalistes du monde entier appellent à la libération de K. Drareni » dans laquelle apparaissent des personnes «exigeant, sans conditions», chacun dans sa langue, sa libération « immédiate » tout en fustigeant les autorités algériennes !
Les autorités justifient cela par «des faits graves condamnables par la loi», Amnesty et RSF considèrent qu’elle est « illégale, touchant la libre d’expression».
Sous cette vidéo, des internautes ont exprimé leur point de vue, plutôt en faveur des autorités algériennes ! Ce qui n’a pas plu à «Amnesty international» qui a décidé de «désactiver» carrément les commentaires. 
Ces journalistes qui se sont prêtés à cette mascarade sont-ils au fait de la situation ? Connaissent-ils le dossier avant de s’engager ? Savent-ils que cette action, en faveur d’une seule personne, est impertinemment sélective ? Sont-ils informés qu’il y a 4 ou 5 autres que leurs soutiens classent aussi dans la même case « liberté d’expression » ? En se focalisant de façon aussi discriminatoire sur une seule personne, avec un tel chahut, n’ont-ils pas d’autres visées que ce prétexte de «liberté d’expression ? Est-ce des personnes «choisies» à l’image de «l’émigration choisie» selon l’utilité ? Cela suscite curiosité, non ?
Cette vidéo s’ouvre avec Edwy Plenel et se ferme avec Edwy Plenel ! Ils disent «du monde entier» alors que l’on devine qu’ils résident en Europe en particulier en France ! Parmi les intervenants on trouve entre la France l’Italie et l’Espagne, des africains du Soudan, du Tchad, du Togo, du Niger, de Sierra Léone, du Zimbabwe et des arabes de Jordanie, de Bahreïn, du Maroc, des Algériens de France, un argentin et deux Coréens du sud ! En tout « 24 » personnes au lieu de 29, car 5 sont en double ! Il y a donc tripatouillage !
Une «action-cinéma», criée dans la langue de chacun, montée certainement « en laboratoire » par Plenel et ses amis pour lui donner un semblant de «réaction internationale» !
Ils interviennent pour tenter de faire libérer, par des pressions sur la justice et sur les autorités et non par la force de la justice ?
En agissant avec ce mépris, ils se prennent pour quels néo-colons de «républiques» liges pour «exiger immédiatement et sans conditions» sans passer par la justice en conformité avec les lois algériennes et internationales ! Sont-ils aussi forts qu’ils ne le croient, sachant qu’aucun pays au monde «démocratique», «totalitaire» ou «despotique» ne cède à ce genre de pression outrageante quelle que soit la conséquence ! L’Algérie est un pays indépendant, avec une justice souveraine et ce n’est pas un quidam comme Plenel et une poignée de suivistes insolents qui vont changer son processus historique ! Elle est connue pour n’avoir jamais cédé à aucun chantage et aucune des pressions quelles qu'elles soient !
Qu’ils se renseignent, avant d’acquiescer, sur les douteuses accointances d’Edwy Plenel, d’Amnesty et de RSF avec les lobbies politico-financiers ! Ils ont cédé naïvement parce que des «patrons» l’ont exigé ! Ils acceptent de mentir parce qu’ils ne sont pas libre de leurs écrits, de leur signature et même de leur visage qu’ils prêtent à la caméra ! Ils s’affichent «voix de patrons et de meneurs » qu’ils ne connaissent certainement pas ! En fait, un piètre jeu de rôle d’un groupuscule dérouté, une tromperie pour mieux cacher de crasses intentions !
Nous ne sommes pas là, bien-sûr, pour juger ou donner notre avis sur des faits qui relèvent des compétences de la justice, mais de dévoiler au travers de ces ingérences, dissimulations et combines d’autres desseins malsains loin de cette « liberté d’expression » qui n’est qu’un faux semblant pour mieux duper!
Toutes les personnes, de n’importe quel pays, mises en examen, répondent elles-mêmes, ou par leurs avocats, des faits dont elles sont incriminées en présentant les arguments et preuves appropriés pour prouver leur innocence. Elles ont les moyens, l’intelligence et les lois de leur pays ! Elles n'ont aucunement besoin de ce genre de «pseudo-justiciers», mal inspirés !
Quand on observe leurs manières d’intervenir effrontées, pernicieuses et vexantes, il ne faut pas s’étonner de l’échec assuré et des réactions accablantes souvent tranchantes sur les réseaux sociaux qui ne lésinent pas sur les détails à cause précisément de ces milieux qui prétendent rendre justice eux-mêmes par sentiment de mépris plein d’arrogance ! Edwy Plenel est de ces milieux ! Il apparaît meneur chargé de cette propagande ; sûrement non sans contrepartie ! Combien de fois ces mêmes milieux ont contribué à des stratégies de « printanisation » pour déstabiliser des pays et l’Algérie reste un objectif ! Les services de sécurité algériens ne cessaient de mettre en garde sur des « incursions » dans le « hirak » afin de l’instrumentaliser pour y introduire d’autres revendications afin de le dévier vers la « printanisation » de l’Algérie ! Allez savoir avec qui et comment si ce n'est par la justice qui instruit à charge et à décharge !
Les Algériens ont appris que quand il y a des «campagnes», initiées depuis l’étranger, c’est qu’il y a tromperie ! Elles viennent dans le sillage des actions organisées hors ou en Algérie sous forme de pétitions, communiquées par des journalistes ou des «collectifs de défense» sachant bien que les choses se passent dans les tribunaux ! Cela reste des actions algériennes légales, se déroulant en Algérie et entrant dans le principe de la liberté d’expression et de pensée ! 
Ces «journalistes» de la vidéo se sont ingérés, sur commande, dans une affaire de justice d’un pays souverain ! Il n’est pas normal que l’on veuille prétendre aider quelqu’un, poursuivi en  justice, en utilisant des qualificatifs vexants envers les gouvernants et la Justice comme «relâcher immédiatement», «sans conditions», «pouvoir illégitime», «digne des dictatures» et autres !  Est-ce des choses raisonnables, sages et «diplomatiques» qui aident ou incitent à la clémence, si elle était possible ? Ces «milieux» et «organismes» sont en fait des fossoyeurs qui accablent plus qu’ils n’assistent ! Ils vivent aux dépens, du malheur, de ceux qu'ils manipulent, en faisant en sorte que leur malheur dure le plus tard possible !
Enfin, tout cela entre bien dans ces stratégies revues et corrigées, selon les opportunités, hostiles à l’Algérie depuis toujours visant à en faire une contrée vassale utile à l’exemple de ce que l’on appelle indignement «républiques bananières». Ce qu’elle ne deviendra jamais au vu de son Histoire et de sa culture !
Il faut retenir que ces prétendants «justiciers» de pacotille n’ont jamais aidé, assisté et apporté quoi que ce soit d’utile et d’honorable à qui que ce soit. Ils vivent du malheur des autres par opportunisme si ce n’est pas eux qui le suscitent !
Le salut est dans la justice par l’application rigoureuses des lois et non dans leurs négligences ou défiances que souhaitent les provocateurs et manipulateurs ! Alors laissons donc la justice suivre son cours ! Elle le fera en son âme et conscience en conformité avec la loi et son esprit ! Toutes autres actions, qui sortent de la légalité ou de la raison, agitées et tapageuses, n’auront aucun impact !

 Amar Djerrad

samedi 9 mai 2020

Après le dernier cycle.

 Après le dernier cycle.


Par Noura Mebtouche.

Nous en avons déjà beaucoup parlé (c’est difficile de revenir sans cesse sur les même choses) mais l’enjeu est crucial , surtout en cette fin de confinement, consistant à envisager une nouvelle forme de mondialisation économique qui élimine d'elle même naturellement , comme structures non efficientes, les multinationales.
Il faut bien garder à l’esprit aujourd’hui, que l’on ne peut pas confondre la notion de multinationale et celle d’internationale. 
La première, fait référence à ces monstres, que sont ces grandes entités formées de créations juridiques qui n’ont aucune essence, n’ayant ni famille ni patrie, et oeuvrent activement à couvrir l’ensemble des territoires par continent, en envahissant et en maintenant leurs monopoles ou souvent oligopoles, sur les marchés.
 Si quelqu’un voit un côté positif dans le fait que cette grande fraternité entre les peuples puisse se jouer dans une bouteille de coca-cola ou le dernier téléphone mobile sorti sur le marché... 
Quoique…téléphoner à sa famille quand on est loin n’est pas critiquable. mais on a pas besoin de changer de téléphone tous les six mois pour cela.
En ce jour du 11 mai 2020, jour officiel de la fin du confinement en France, il est temps, de faire un retour sur soi, nous tous, chacun que nous sommes…
Sans entrer dans le détail de la théorie économique : comprendre ce que signifie le terme « cycle économique de type Kondratieff » n’est pas difficile. 
Ces cycles, d’une durée de cinquante ans, et plus (plus de 10 ans pour celui dont nous allons presque sortir), ne sont pas voués à se renouveler sans cesse. 
On peut mettre fin aux cycles. 
C’est pourquoi nous avons appelé cet article « après le dernier cycle »
Un titre qui sonne un peu comme une série télévisée, ou un de ces films de science-fiction qui cherchent à imaginer ce que sera le monde de demain et nous plonger ainsi dans une forme d’hystérie collective.
Les économistes divergent au sujet de la datation même des cycles. 
Pas étonnant, la notion de cycle Kondrattieff est en elle même arbitraire et laisse la porte ouverte à toutes les interprétations possible et imaginables. Ainsi, certains pensent que 1990 est le début d’un nouveau cycle Kondratieff, tandis que d’autres, comme Yves Dimicoli (commission économique du parti communiste français, collaborateur à la revue "économie et politique") annoncent la date de début 2020.
C’est dire si les composantes et déterminismes à prendre en compte sont arbitraires. D’ailleurs, Yves Dimicoli  lui- même, énonce la possibilité d’une périodicité de 60 ans plutôt que 50.
Partisans de notre côté, d’une adaptation des théories de Nicolas Kondratieff à la conjoncture sur périodicité étendue comprenant les évolutions en matière de progrès technique, mais également en matière géopolitique et sociétale (les valeurs), je met en avant l’idée d’une possibilité de cycles Kondratieff de plus de 50 ans allant pour le dernier, celui dont nous sommes concernés jusqu’à 70 ans. Cela nous permet de le faire commencer en 1950. Ce cycle est marqué par une histoire et est ponctué de périodes de crises qui n’excluent pas la conformité aux autres cycles (Juglar et Kitchin). Il est ponctué de crises qui annoncent toutes son futur déclin. 
Mais ce qui le caractérise avant tout et dès le départ, c’est de puiser son essor et son envol dans le fameux plan Marshall, soit l’aide américaine. Je pense que c’est sur cette dernière indication que nous devons faire reposer toute notre inquiétude quant à l’avenir de notre système économique. Si pour les gens comme Yves Dimicoli, ce nouveau cycle qui va bientôt commencer est celui d’un nouvel espoir qui s’annonce, avec la perspective d’une remise en question du système actuel  reposant sur le capitalisme, pour d’autres, et ceux là n’attendent pas le grand soir, mais allongent délibérément l’argent du profit des multinationales pour faire de l’anticipation auto-réalisatrice (la spécialité des hommes du milieu des firmes aussi bien en matière de marchés financiers que monétaires ou d’économie réelle).
Et c’est ce qu‘ils font en ce moment en envisageant d'organiser une aide encore une fois venue des Etats-Unis pour alimenter nos économies européennes malmenées afin de relancer un nouveau cycle qui soit sous leur égide.
La perspective de ce fameux grand soir, avec celle de voir les multinationales disparaitre nous échapperait alors complètement.

Oui mais voilà, comment aurait-on pu imaginer un seul instant, que même dans nos rêves les plus fous, nous allions être confinés et obligés de porter des masques (qui n’existent pas) pendant un temps aussi long, pendant qu’autour de nous, dans un hypothétique brouillard, mouraient les uns après les autres les victimes du virus, et cela, à l’échelle planétaire.
De quoi imaginer un bon scénario, non ?
Ce titre « après le dernier cycle » sonne comme une lueur d’espoir de voir se coïncider sur les échelons politiques, économiques, sociaux et historiques, le début d’un moment important de notre histoire où nous aurions la main sur l’ensemble des rouages de notre société sans exception.

Là où on nous autorise à sortir un 11 mai, de manière complètement arbitraire, comme pour mieux nous rappeler l’interprétation qui va dans le sens de la fatalité de cette sortie, comme pour mieux nous avertir que nous allions subir nous aussi les 11 stations du chemin de croix avant de nous faire crucifier.

Voici ce que nous proposent les multinationales : un monde désabusé, désenchanté, et désespéré (ce qui va avec les trois D de désintermédiation, décloisonnement et déréglementation  bancaire) dont notre économie souffre encore, et où le seul projet de société que l’on nous propose, est un suicide collectif. 
Monté et mené à bien par des fanatiques hypnotisés, n’ayant aucune humanité et mégalomanes au point de croire qu’il relevait de leur mission que d’emmener l’humanité toute entière sur le chemin d’une rédemption toute factice juste avant le grand saut final, ce projet risque bien d’en générer d’autres. Son principal outil et vecteur de transmission outre les sectes : les multinationales. uniformes, fabriquant des produits à grande échelle qui se ressemblent tous , segmentant les marchés pour profiter de la main d’oeuvre pas chère des pays les plus en difficulté, sans aucune éthique.

On est loin alors, d’une internationale qui sonnerait le glas des prises illégales d’intérêt et des injustices sociales au profit de valeurs comme fraternité et éthique.
Multinationale ou internationale ?
Encore faut-il que chacun comprenne la différence entre les deux notions. Toutes les deux ont le même âge. Mais des histoires différentes, qui se recoupent avec une historicité différente, reposant sur le même phénomène de production à grande échelle. 
La première nous évoque ces grandes entreprises du capitalisme naissant qui se sont développées et ont doté notre pays d’infrastructures tout au long du XIX ème siècle, plongeant leurs racines dans la base : le colbertisme et son génie manufacturier. Voici pour notre héritage industriel.
Le deuxième plonge les siennes dans l’histoire des mouvements ouvriers, et des peuples en lutte, pour d’abord se pourvoir en biens et services élémentaires et défendre leurs droits face à la machine écrasante du capitalisme.

Pourtant, les deux termes riment et vont ensemble. On les confond, il est facile.de les confondre.
Là où certains cherchent à mettre en place une internationale fâchiste en Europe (Souvenez vous : c’était en février 2020, ils se sont réunis à Rome), d'autres se prennent à rêver, à rêver seulement d'une vraie Internationale fraternelle et laïque. 
Il faudrait pour que ceux soit celle-ci qui gagne, trouver le chaînon ou élément manquant qui la rendrait forte et incontournable, rendant ainsi le fâchisme et le réseau actuel d'économie mondialisé (ils vont d'ailleurs de pair) dérisoires et complètement incongrus. Il y a là une perspective historique profonde qui nous rappelle cette fameuse "fissure du Christ" dont parlait Kotoko Sushui, le fameux anarchiste libertaire, en prison pour caractériser le fossé entre le peuple et les moyens de production.

Les deux mondes (ceux des gens et des multinationales, les chinois parlent de trois mondes, le troisième étant celui des « gens »), se rapprochent et ont des points communs. 
Oui mais voilà : ils divisent, hérissent les uns contre les autres, et font reposer le mouvement social sur la lutte et l’adversité, hors du champ de la coopération, une valeur qui est contemporaine.
Nous devons pour mettre fin à ce cycle incessant bien connaitre les caractéristiques de la multinationale. Celle ci est parfois camouflée, on ne la reconnait pas tout de suite, comme lorsque une moyenne entreprise montée par un citoyen français de la diaspora va s’installer pour mettre en place des énergies renouvelables en Afrique avec dans son capital 50 % des parts à Total. On comprend ici la stratégie de cet éternel capitalisme qui n’en finit plus de se renouveler, sans cesse et est capable, comme les héros démiurges des légendes grecques, à changer de forme.

Pour mieux connaitre notre ennemi souvent camouflé il faut tenir compte de ceci :

- les cinq caractéristiques de la multinationale :
-Sa taille (en capital, en filiales).
-Les délocalisations. (du point de vue du territoire en interne).
-La segmentation des marchés. (Du point de vue des territoires tous ensemble, elle fait de certains pays des éternels sous-traitants mal payés).
-Les paradis fiscaux et l’évasion fiscale.
-« Ni Dieu ni maitre » un paradigme différent de l’anarchiste. Le fait de n’avoir aucun référent culturel, aucune nationalité, aucune éthique, aucun objectif à long terme et de nature globalisante, la non-adéquation aux principes de l’efficience, aucune croyance ni religion, aucune limite, aucune accroche territoriale.

Pour mieux déjouer ses pièges il faut avoir en conscience ceci :

-Les cinq tactiques de la multinationale :
-L’obsolescence programmée.
-La filière inversée (J.K. Galbraith), la création de nouveaux besoins.
-Les fausses innovations de produit.
-Les sous-gamme.
-La reproduction du capital hors du circuit productif (sphère financière).
-Le contournement de la loi et des règlements.

Et enfin, pour en finir de manière définitive avec les multinationales, il faut utiliser les armes suivantes, via des politiques publiques, car il s’agit bien d’une guerre. et pour la mener à bien nous pouvons utiliser une stratégie formée de sept armes que sont une charte éthique de l’entreprise obligatoire pour toutes les entreprises qui évoluent sur le territoire français, l’obéissance à un cahier des charges environnemental, à un cahier des charges sociétal, une réforme des marchés publics censée favoriser la mise en place des groupements d’entreprises en coopération dans le conditionnement et l’achat de matériel pour les économies d’échelle et l’obligation de comprendre des petites et moyennes entreprises utilisant des matériaux éthiques et durables, une politique de commercialisation commençant obligatoirement par fonctionner par circuits de proximité, pour aller du local au global, avec le respect d’une clause de subsidiarité pour toutes les entreprises de territoire (1), la mise en place d’un contrôle des structures pour toutes les entreprises de toutes les tailles avec des schémas directeurs intercommunaux d’installation mis en place avec l’aide des conseils économiques et sociaux régionaux et enfin, une sélection des entreprises qui veulent vendre sur le territoire français en fonction de leur appartenance aux réseaux de production et de commercialisation de référence en provenance des pays qui ont manifesté les même accords en matière économique (un nouvel alignement monétaire entre pays d’Europe du Sud et de l’Est et autres pays les moins développés d’autres continents sur la base de taux de change faibles).
Il s’agit ici de développer chez nous la notion de citoyenneté de l’entreprise, une notion qui doit être valable aussi bien pour les personnes physiques et morales et qui doit embrasser les valeurs de la République.

Enfin, il faut exiger que soient respectés les principes suivants :
Les entreprises présentes sur le territoire :
-N’utilisent pas de produits polluants ou ayant des effets néfastes ou inconnus sur l'environnement ou les organismes. Chaque matière première est saine et utilisée avec parcimonie.
-Respectent l'environnement pendant le processus de production, celui de transformation et de commercialisation (y compris conditionnement).
-Respectent le rôle social que l'Etat a donné aux entreprises notamment en matière d'emploi, de créativité, de recherche-développement et de développement local sur le territoire, cet objectif passe avant ou disons plutôt qu'il coïncide avec leurs quête bien légitime de profit et dans ce sens, elles privilégient le territoire français (d'ailleurs nous remarquerons ici que tous nos calculs doivent se faire à partir du PIB et non pas du PNB français qui, lui, tient compte des productions françaises réalisées à l'étranger), mais pas de la cohorte d'aspects positifs que peut comporter la présence d'entreprises sur notre territoire notamment en matière d'emplois ou de développement des territoires, même s'il s'agit d'entreprises de nationalité étrangère. Nous ne tenons pas compte non plus du RNB puisque ce qui compte pour nous ici, c’est les processus de production et leurs fruits, la valeur-ajoutée, pas les revenus qui d'ailleurs ne sont pas consommés sur le territoire. Or, il s'agit ici de mettre en place des mesures d'ancrage territorial.
-Respectent le droit du travail français et européen (ce qui n'est pas toujours le cas des entreprises délocalisées et nous allons ainsi pouvoir faire la chasse aux entreprises délocalisées qui se servent de la législation des pays étrangers pour faire du profit).
-Respectent une déontologie stricte en matière de libre-concurrence (inspirée des critères de la concurrence pure et parfaite) et ne s'autorisent pas l'utilisation de procédures de production ou de mise sur le marché à caractère monopolistique même de manière détournée).
-Respectent dans la mesure du possible, une configuration dite de « petite taille » ou, pour les entreprises à économie d'échelle, de participation salariale active ou de coopérative, propre à favoriser la libre-concurrence, mais aussi la créativité. Elles sont le juste revers du réseau d'entreprises à caractère monopolistique et n'en font pas partie, même de manière détournée. Il faut bien cloisonner les deux mondes.
-Mettent en valeur les productions locales, les savoir-faire locaux. Savent mettre en valeur le patrimoine ainsi crée en matière de techniques, d'apprentissages de savoir-faire et le conserver.
-Favorisent la participation salariale active et ont (souvent) la forme de coopératives ou de petites entreprises.
-Favorisent dès que cela est possible, l'exportation sur des marchés courts, sans beaucoup d'intermédiaires avec des pays moins développés que le leur.


(1) Les circuits d'approvisionnement fonctionnent de bas en haut, on ne se pourvoit à l'extérieur (importations), que si le marché formé des productions fournies par les entreprises de proximité et les  marchés régionaux des autres territoires intérieurs n'est pas suffisant.