Renault, l'après-confinement et les SCOP.
Par Noura Mebtouche.
La question du déconfinement qui se pose pour chacun d’entre nous est doublement cruciale pour les autorités.
Non seulement ces dernières doivent organiser dans les conditions les plus efficaces possible la réouverture des établissements ainsi que la question des rassemblements et des transports et déplacements tout en veillant à la sécurité des personnes, mais elles doivent également se résoudre à reconsidérer le fonctionnement économique français en tenant compte des nouvelles données qui sont apparues pendant le confinement.
Le paiement du chômage partiel pour la majorité des salariés qui ont été pendant ces deux mois et demi en situation de confinement obligatoire a bien été prise en charge par l’Etat.
Mais aujourd’hui que l’activité reprend, il va falloir prendre en compte la situation de milliers d’entreprises qui doivent fermer leurs portes.
Il s’agit principalement des petites et moyennes entreprises.
Or, on ne le répétera jamais suffisamment, celles-ci sont le fondement même de notre économie et devraient être la priorité de notre politique industrielle.
Or, voilà que certaines grandes entreprises menacent aujourd’hui de fermer certains de leurs sites. On pense notamment aux entreprise Renault dans lesquelles l’Etat a un certain pourcentage de parts, et qui ont modifié récemment leurs vues politiques.
Ainsi : « Sur les 14 sites industriels en France, « un seul site à l’horizon 2022 » sera fermé, celui de Choisy-le-Roy, qui emploie 260 personnes, a assuré le président du groupe, Jean-Dominique Sénard, lors d’une conférence de presse.
Son activité de recyclage de pièces sera transférée vers l’usine de Flins dans les Yvelines. Ce site qui compte actuellement 2600 salariés, sera reconverti après l’arrêt de son activité de production automobile, à la fin de la Zoe (petite voiture électrique), après 2024.
Le groupe va lancer une revue stratégique pour la fonderie située à Caudan dans le Morbihan. Mais le site qui emploie 400 personnes ne devrait pas fermer ont assuré la direction du site et la CGT à l’issue d’un CSE extraordinaire ce vendredi. « Nous allons travailler avec la Bretagne pour réfléchir à l’avenir du site a affirmé pour sa part le président de Renault. Même chose pour l’usine de Dieppe qui emploie aussi près de 400 personnes, le groupe indique ouvrir « une réflexion sur la reconversion de lusine , à la fin de la production de l’Alpine A110 ». Le site normand « ne produit pas suffisamment de véhicules pour considérer un avenir dans la totale sérénité » selon M.Senard.
La fusion des sites de Doaui et Maubeuge dans le Nord est envisagée pour créer un centre d’excellence des véhicules électriques . La production des utilitaires électriques Kangoo devrait cependant être transférée à Douai qui héritera d’une nouvelle plateforme. Cette usine qui produit les modèles Espace, Scénic et Talisman, utilise actuellement moins d’u quart de ses capacités. En dehors de cela, Renault envisage certaines modifications dans ses usines à l’internationale (Maroc, Roumanie, Corée du sud, Turquie). La mise en oeuvre du plan coûte 1,2 milliards d’euros pour environ 2,15 milliards d’économie annuelle sur ses coûts fixes. ».
(propos tiré de l’Union « Renault tranche dans le vif », 30 mai 2020.).
La condition des usines Renault à l’étranger ne fait pas notre propos ici, mais nous devons néanmoins spécifier que en dehors du fait que Renault fasse de gros
efforts pour ne pas délocaliser l’ensemble de ses sites, l’usine reste néanmoins sur le point de mettre au chômage quelques 260 personnes sur le site du Val de Marne.
Or, si on reprend les différentes idées émises ces dernières années par la société civile (qui devrait compter dans le jeu démocratique et politique), on ne peut s’empêcher de penser que le gouvernement raterait si il ne prenait pas son courage à deux mains ici, une opportunité incontestable, d’être lui même à l’initiative d’une reprise en main de son usine par les salariés.
Il suffirait que le gouvernement et notamment le premier ministre décide d’imposer à Renault au nom des aides qui lui ont été accordées depuis de décennies et des parts qu’il détient sur son capital, le don gratuit et symbolique aux 260 salariés de leur outil de production et des bâtiments présents sur ce site.
Venant d’une entreprise historique comme Renault, ce serait de bon augure.
En ce qui concerne fait le potentiel technique, je veux dire les savoir-faire, ce sont les salariés qui les détiennent et il serait dommage que ce capital se dilue en obligeant les salariés à aller travailler chez Mac Donald’s ou Pimkie.
Cela aussi fait partie de la politique promotionnelle de Renault.
Il faudrait créer une SCOP à l’initiative du gouvernement à titre d’expérimentation (loi constitutionnelle de 2003 portant révision de la constitution et introduisant la possibilité en national comme en local de mettre en place de projets expérimentaux pendant trois ans reconductibles pour deux ans en cas de succès positif (articles 37-1 et 72-4, constitution française)). Cela à l'image de la proposition de loi du parti communiste français "Entreprises et territoire".
Nul doute que la conduite d’une nouvelle entreprise spécialisée dans le recyclage automobile en Val de Marne aurait du succès, même si elle n’est pas menée par un grand nom.
Cela permettrait d’abord de cautionner de manière plus évidente ce type de projet, cela remontrait la côte quelque peu malmenée par des erreurs de gestion dans la crise du Covid 19, des pouvoirs publics, cela redonnerait de l’optimisme aux 360 salariés pour ceux qui l’acceptent, et leur donnerait l’opportunité de se servir du capital humain développé par l’expérience et la formation dans leur site Renault, dans le cadre d’un nouveau projet qui cette fois ci leur appartiendrait.
Enfin, l’Etat dont le président a récemment rendu hommage au Général de Gaulle renouerait ainsi avec sa vraie nature esquissée par le Général de Gaulle dans les années 60 visant à privilégier sa propre vision des politiques industrielles, de territoire, conformément au programme du CNR avec une participation salariale accrue dans les instances de pouvoir, mais aussi dans le fonctionnement et le capital des entreprises.
Renault donnerait ainsi, l’exemple, les autres grandes entreprises en voie de restructuration devraient suivre, dans une logique d’entreprise éthique et citoyenne qui rend au territoire ce qu’il lui a donné. C’est aussi une question de dignité.
Recyclage val de marne des débouches pourraient même embaucher.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire