La théorie du démantèlement final.
Par Noura Mebtouche.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un paradoxe. D'un côté, il faut mettre en place les conditions d'un désarmement progressif et avons une obligation de résultat en matière de dissuasion, pour éviter toute prolifération anarchique de l'arme nucléaire.
Sur le plan diplomatique par ailleurs, nous sommes dans l'obligation de maintenir notre caractère d'exception en matière de sécurité, afin de conserver notre place dans les relations internationales.
ce paradoxe est particulièrement valable pour la France.
Enfin, dans un contexte de réduction obligatoire des dépenses publiques, nous n'avons pas d'autre choix que de limiter les dépenses alors même que nos lacunes s'aggravent (ainsi, en France l'armée de l'air n'est pas suffisamment pourvue en matériel de transport tactique et de ravitaillement tandis que la Marine ne peut déployer en permanence un groupe aéronaval.).
Comment, pallier à nos lacunes sans dépenser d'argent ? Comment contribuer au démantèlement en restant maîtres de notre armement nucléaire pour dissuader suffisamment ?
Ces questions que nous venons d'appliquer à la France se posent pour tous les Etats d'Europe. C'est pourquoi dans un tel contexte où, l'internationalisation des conflits (terrorisme et guerres civiles menées par des groupuscules armés, montée en puissance de la Turquie en méditerrannée, velléités d’armement nucléaire de certains pays comme l’Iran, ou la Corée du Nord), se fait grandissante et la solution de la mutualisation-coopération au sein de Alliance Atlantique cruciale.
Cette logique doit aussi inclure l’Afrique et le monde méditterranéen.
L'idée d'une force armée proprement européenne se fait poindre. De gens comme Hubert-Védrine l'ont affirmé et il ne fait pas de doute que c'est une idée qui se propage aujourd'hui dans différents milieux européens.
Il y a avant tout la question de la souveraineté des Etats qui se pose. Sans avoir le monopole de sa propre défense avec sa propre armée, un Etat ne peut conserver cette dernière. Que fera t'on dans un monde gouverné par des technocrates qui ont à leur disposition tous les secrets de la défense et peuvent à leur guise disposer des moyens militaires utilisables à des Fins que eux seuls connaissent ?
Certes, l'avancée qui est faite aujourd'hui dans le cadre de l'écriture du dernier Livre Blanc français par le Président de la République François Hollande fait bien de prendre à partie certains pays de l'Est qui jusqu'ici n'ont pas eu leur mot à dire. Cependant, nous ne pouvons pas dans un contexte de mondialisation pacifique, occulter la Méditterrannée dans la rédaction de ce livre.
Au nom d'abord d'un passé commun mais aussi parce que ces derniers sont aux portes de l'Afrique un continent qui est grand, proche d'un Moyen-Orient compliqué et difficile. N'oublions pas que l'Union Méditerranéenne est un concept qui existe qui a fait l'objet de signatures officielles, qui ne demande qu'à être exploité.
Par ailleurs, jusqu'à quand allons nous préparer nos propres Livres blanc afin de définir nous même français nos moyens et notre stratégie de défense ?
Il ne faut pas que l'Europe s'empare d'une souveraineté déjà suffisamment mise à mal par l'Union économique et monétaire, nombreux sont ceux qui regrettent aujourd'hui de s'être engouffrés trop rapidement dans la voie de la technocratie économique, sans le peuple.
Promouvoir une défense uniquement européenne avec une armée européenne serait grave. C'est pourtant le pli que semble prendre aujourd'hui l'Etat français.
Je ne remet pas en cause le fait que le contexte européen et méditerranéen soit une bonne chose pour la promotion de la Paix dans le monde, notre sécurité et notre intégrité, choses qui ont été fixées comme objectifs dans le cadre du livre blanc 2008. Mais il y a nécessité absolue de concourir à étendre ces volontés de mise en commun à l’ensemble de l’alliance Atlantique , mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient? La France qui dispose outre son appartenance à l’OTAN et à l’UE d’une positon privilégiée par ailleurs avec ses accords bilatéraux avec l’Angleterre, mais également l’envoi de ses troupes en Afrique devrait être le pivot de cette nouvelle configuration sans se départir de son autonomie et de sa souveraineté. Les rapports avec tous les ensemble géographiques que je viens de citer redessinent la carte de la France libre des années 39-45 du Général de Gaulle. C’est pourquoi nos interventions en Afrique doivent mettre de leur côté les populations afin que des incidents comme le meurtre de plusieurs touristes par des jihadistes ne se reproduisent plus (huit personnes dont deux dont deux nigériens et six touristes français assassinés le 9 août 2020 au Niger). Si ces groupuscules armés peuvent encore agir dans des pays où tout le monde se connait, c’est parce que la France, notamment lors de ses opérations au Mali, n’a pas su temporiser et traiter les africains avec égalité et respect, en tant que partenaires. La presse nationale et étrangère a récemment relaté des faits qui traduisent un manque de civisme et de précaution envers les populations africaines, notamment lors des opérations en commun menées sous l’égide de la France. Par ailleurs, les actions liées à la Françafrique continuent d’exister, sapant le moral des citoyens et donnant une mauvaise image de la France, anéantissant ainsi toute volonté de bien faire en matière de défense.
Sur le plan proprement international, la mise de côté des Etats du Moyen-Orient dans les grandes instances de régulation de la Paix, aggravé par le conflit palestinien, conduit aujourd’hui à alimenter une coupure du monde entre les populations arabo-musulmanes et les autres. L’idée de faire entrer la Turquie et l’Iran parmi les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU n’est pas si farfelue que cela. Elle permettrait aux grandes puissances qui aujourd’hui veulent la guerre et cherchent à se protéger de la fissure déjà évoquée, par l’arme nucléaire, au mépris du droit internationale, de se sentir écoutées et prises à partie dans le processus de Paix. responsabiliser ainsi la Turquie éviterait peut être l’escalade vers la guerre et les invasions en méditerrannée, permettrait de résoudre le conflit Lybien, et allié à la même démarche envers l’Iran, permettrait de représenter à la fois le monde sunnite et le monde chiite au sein d’une instance internationale et donc de susciter une nouvelle forme d’arbitrage.
Il pourrait être reconnu au niveau international, que le conseil de sécurité de l’ONU puisse innover et évoluer avec son époque autrement que par une substitution de l’Allemagne à la France à travers la question de l’arme nucléaire.
Il y a nécessité de fédérer les actions et de mettre en commun certaines compétences et capacités sans oublier les infrastructures. Notamment en matière de nucléaire.
Quel but franchement avoué de l'Europe en matière d'armement nucléaire devrait prêtre mis en avant ? Le démantèlement futur et concerté, suivant une période de dissuasion plus forte. L’idée de faire entrer la turquie et l’Iran au club des cinq peut largement favoriser le succès dune telle mesure.
Va t'on y arriver en commençant par démanteler d'abord notre propre potentiel ? Celui de chacun. Va t'on en finir définitivement avec la vision gaullienne d'une France émancipée et souveraine sur son territoire, non soumises aux ravages de la technocratie ?
Non car on sait aujourd'hui que ce monopole ne tardera pas à être utilisé par certains Etats afin de dominer, ou de faire régner certaines idéologies qui vont à l'encontre des Droits de l'Homme et de l'environnement pour lesquels nous luttons sur le plan international depuis longtemps.
L'ère de la dissuasion et loin d'être terminée même si elle n'a plus aujourd'hui pour cadre le rapport Est-Ouest comme ce fut le cas pendant la guerre froide. Avant qu’elle ne se dilue et laisse s ‘échapper toute possibilité de gouvernance à long terme, donnons lui un regain de volonté et de puissance concertée, avec des objectifs bien définis.
Seule l'Europe en mutualisant son potentiel nucléaire et en recensant ce dernier pour faire face à d'éventuelles menaces peut en médiatisant ce potentiel et en faisant connaitre sa stratégie au monde entier, constituer un paravent suffisamment solide pour dissuader définitivement toute tentative d'élargir le champ de l'armement nucléaire dans le monde.
Voilà qui réjouira les adeptes d'une Défense européenne sans remettre en cause la souveraineté de chaque Etat dans un contexte trouble, notamment au Moyen-Orient, où justement, on parle de "retour des Etats".
Enfin , cette mutualisation-coopération (mutualisation des moyens tactiques, coopération en matière de politique) est faite pour s'élargir. Elle doit se faire par cercles concentriques englobant tous les potentiels dans un but commun, la Paix définitive et le démantèlement nucléaire final c'est ce que nous appelons la dissuasion finale.
Pour cela, il faut étendre le concept de coopération-mutualisation à d'autres régions du monde. L'OTAN peut dans ce cadre, jouer un rôle efficace, à condition que grâce à la France, la gouvernance européenne y soit prépondérante.
Le monde méditerranéen et ses pays appartenant eux aussi à différents continents, doivent faire partie intégrante de cette politique grâce à la France dans une logique de vraie coopération, dans le cadre d'une politique internationale égalitaire et pacifique, « de civilisation » comme l'avait évoqué Edgar Morin sous la présidence Sarkozy.".
Ainsi avons nous défini cinq phases dans le cadre desquelles doit se jouer cette phase de dissuasion finale et déterminé le nombre d'années qui vont lui être nécessaire.
-Phase 1. La phase paradoxale.2020-2025 Elle cumule une logique de dissuasion et de désarmement. Les Etats de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne ainsi que ceux qui forment l'Union méditerranéenne prennent l'engagement de ne pas augmenter davantage leur potentiel nucléaire tout en ayant pris bien soin préalablement de définir certains emplacements stratégiques.
Le paradoxe que nous évoquions tout à l'heure réside dans le fait que en même temps qu'engagement est pris de ne pas augmenter l'armement nucléaire, les Etats de régions préalablement citées vont mutualiser et effectuer un gros travail de mise en valeur de leur potentiel nucléaire. afin d'exercer un effet de dissuasion sur le reste du monde notamment sur le groupe de pays sino-soviétique. Cet effort réalisé par les pays amateurs de Paix, ayant compris qu'il n'est pas dans l'intérêt des populations de se mettre en concurrence avec les autres membres de cette coalition pour la Paix mais bien au contraire d'avancer en coopération est plus que jamais d'actualité dans le contexte des désaccords qui se posent dans le cadre e la Lybie et au sein du monde méditterannen confronté à la Turquie, comme cela a été le cas avec la Syrie. Il pose comme nécessaire, l'idée d'une fuite en avant des relations diplomatiques et des rapports de force à un moment où se pose le choix crucial mais heureusement pas encore imminent de la guerre ou de la non guerre.
Une autre solution est possible, celle d'un avertissement nécessaire après avoir montré, comme dans un contexte d'Etat de crise, que les forces pour la Paix sont présentes et suffisamment fortes pour contrer toute velleité de nouveau conflit armé et toute nouvelle violation du droit international. Pour cela, il faudrait tenir compte des leçons de l'histoire, celle de Munich en 38 ou encore celle de toutes les guerres qui n'ont servi souvent qu'a à aggraver les déséquilibres et à causer des dommages irréparables, et organiser en toute urgence de nouvelles rencontres et conférences internationales dans les jours à venir, afin de faire exister en termes réels cette "chappe sécuritaire" que forme la coopération-mutualisation. Ce serait une première tentative sans précédent de gouvernance internationale.
-Phase 2. La phase de mise en place de la coopération-mutualisation. 2025-2028.
Cette phase est une phase où la mise en place de la coopération-mutualisation joue à plein, de nouveaux accords multilatéraux et bilatéraux sont pris avec les pays qui en font partie (axe atlantique, axe européen, axe méditerranéen, axe Turquie-pays de l'Est ne faisant pas partie de l'Union Européenne).
Les accords consistent à organiser la "chappe de protection et de dissuasion pour la Paix" dont qui est l'outil principal du démantèlement nucléaire final, elle consiste également à dissuader les pays qui en font partie de se pourvoir davantage en armement nucléaire en faisant confiance au potentiel déjà installé. Cela ne remet pas en cause la souveraineté de Etats, puisque chacun, même au sein de l'Union Européenne continue à disposer de sa propre armée de terre, de mer, d'air afin de jouir pleinement de son autonomie et de sa souveraineté. Les souverainetés des Peuples restent inviolables et sacrées.
Il faut engager les pays qui en font partie à faire confiance au potentiel déjà installé par l'OTAN qui n'est pas l'objet d'un commandement exclusif des Etats-Unis, notamment dans le contexte de "prêt"de leurs territoires par des Etats d'Europe détenteurs de l’arme nucléaire (France) (notamment Roumanie, Pologne). Il faut faire valoir que l'armement nucléaire et les possibilités de frappe par missiles qui y sont présents font partie d'un "bien commun" des Etats partie prenante, même et là est la gageure, en cas d'accords bilatéraux".
-Phase 3. Phase de construction et de consolidation des alliances. 2028-2029. C'est dans ce cadre, que se renforce la construction des alliances entamées en phase 1 et élargie en phase 2.
*Mise en valeur des quatre alliances + 1 :
-Alliance de l'Est Europe et ses rapports avec la Turquie, et la Russie. (perspective d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural incluant la Turquie et une partie de la Russie, en fraternité avec la future Union Eurasienne prônée par la Russie).
-Alliance de l'Ouest. Alliance atlantique dans le cadre de l'OTAN avec l'Europe.
-Alliance du Sud. Pays d'Afrique, Union africaine, Union méditerranéenne, sud Européen,
-Alliance du Nord. Nord de l'Europe incluant la Grande-Bretagne, Groënland.
-Alliance océanique (où nous sommes présents) : Australie, Nouvelle-Zélande, Antactique.
Le travail en coopération-mutualisation peut se réaliser aussi bien dans une perspective large, au niveau des Etats qu'au sein de micro-régions. Il s'agit dans ce dernier cas de multiplier les initiatives en faveur de la Paix en permettant aux armée de différents groupes géostratégiques de travailler ensemble. Ainsi, c'est ce que l'on aurait pu faire dans la zone de Kapisa au nord Afghan entre les armées américaines, françaises et afghanes. Il aurait fallu pour cela, plutôt que de déserter une région proche du Pakistan où la rébellion menace à nouveau de laisser des hommes de chaque partie dans cette région afin qu'ils réalisent une coalition tripartite d'hommes chargées de faire régner le droit dans cette zone de l'Afghanistan sujette à des troubles. Le risque est que de nouvelles opérations d'envergure soient mises en place dans quelque temps, avec un coût encore plus élevé en êtres humains et en matériel. La mise en place d'une opération de coopération-mutualisation sur ces terres aurait eu l'intérêt de maintenir la Paix, d'aider cette région à s'insérer dans un processus de démocratie et de développement en coordination avec l'Etat, tout en permettant à une nouvelle forme de Fraternité issue d'un travail en commun à égalité entre les soldats issus de différente cultures. Il s'agit bien ici de développer une politique de civilisation sans vocation hégémonique de part et d'autre des parties.
-Phase 4. Phase de déclunéarisation 2029-2035. Avec renforcement des Alliances dans le cadre des missions de coopération. Progressivement, les différents Etats du monde s'engagent dans un processus de démantèlement de leur armement nucléaire en même temps que de nettoyage de déchets du même acabit dans le contexte de construction d’une organisation des Etats indépendants et autonomes (OIA). La reconstruction des Etats les plus abîmés par la guerre (Syrie, Yemen, pays du continent africain, Lybie) devrait être à cette phase là bien avancée.
C'est pendant cette période que se met en place l'Etoile française, que nous avons aussi appelée la Grande armée de la Paix.
-Phase 5. 2035-infini : Phase de maintien de la Paix dans le monde.
Il faudrait donc 15 ans pour mettre fin au cycle de guerres afin d’entrer dans un nouveau cycle plus constructif.
(1). Politique de désarmement nucléaire.
Dans un climat de détente de la guerre froide la communauté internationale a estimé dans les années 1960 qu'il fallait stopper la prolifération des armes nucléaires.La première étape fut la signature du Traité d'interdiction partielle de essais nucléaires, signé en 1963 à Moscou, par les États-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne.En 1968, une avancée majeure est réalisée par la conclusion duTraité de non prolifération nucléaire (TNP) qui fut signé par la totalité des États du monde sauf l'Inde le Pakistan et Israël Entamées en 1969, les négociations sur la limitation des armements stratégiques, entre les États-Unis et l'Union soviétique, aboutissent à la conclusion des traités SALT I en 1972 et SALT II en 1979. Ces accords sur la planification et le contrôle de la production d'armes stratégiques seront prolongés par leTraité de réduction des armes stratégiques (START I et II, signés respectivement en 1991 et 1993). Également, le Intermediate Range Nuclear forces Treaty(FNI) est signé en 1987. Enfin, les négociations MFBR sur la réduction mutuelle et l'équilibre des forces en Europe), qui avaient été engagées dès 1973 entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN ont abouti à la signature en 1990 d'un important accord de désarmement des Forces armées conventionnelles en Europe.
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