dimanche 16 décembre 2018

Lettre à Sébastien Abis.

Lettre à Sébastien Abis.
Bonjour M.Abis. Merci pour votre intervention de ce mardi qui a été très clarifiante sur certains points, notamment le recensement des institutions qui relèvent des coopérations visibles sur ce territoire mais également sur la question du recensement des différents problèmes en ce qu concerne la délimitation des territoire dans cette zone.
Le sujet me passionne à moi comme à d'autres proches.Mais il faut bien reconnaître que le nombre d'acteurs, concernés et de légitimités de gouvernance issues de l'histoire ou bien de la structure de l'économie mondiale actuelle rend la saisie du problème difficile à cerner voire impossible à saisir. Je pense que nous ne la saisirons jamais totalement , mais que nous devons chercher à composer, avec chaque identité, chaque facette de réalité, et garder à l'esprit que le bassin méditerranéen est l'un des berceaux de la civilisation, une matrice que l'on ne peut pas couper en morceaux sans y perdre sa raison d'être.
Donc l'enjeu est grand. 
C'est dans le cadre de cet enjeu là que je cherche à requalifier la notion d' «Union méditerranéenne ». Cette dernière a fait l'objet, dès 2007, d'un aménagement institutionnel suite au Traité de Barcelone qui crée « l'Union pour la Méditerranée », (UPM).
Or, cette dernière n'apparaît pas jusqu'à ce jour, comme une institution qui a fait l'objet de véritables initiatives construites et concrètes et comme vous le disiez, est souvent gênée par des organisations concurrentes comme la politique de voisinage ou bien encore le dialogue 5 + 5 ou encore les nombreuses initiatives bilatérales qui bien souvent, ne se font pas dans la cohérence attendue.
Pourtant, il y a lieu de croire en une telle initiative et de la relancer, en y apportant un soin particulier aussi fort que pour l'Union Européenne pour plusieurs raisons :
  • La Paix dans une zone du monde particulièrement propice aux désordres et , surtout aujourd'hui à une requalification des forces en présence qui rend les différents pays fragiles (voir notamment les cas du Mali et de la Lybie).
Nous sommes privilégiés nous français dans le devoir que nous avons de contribuer à la paix au nom de nos anciens partenariats au sein de l'Empire colonial. C'est ce qui justifie par exemple l'opération Barkhane mais malheureusement, cette action là n'a pas été assez pérenne ni soutenue et crée un vide qui explique la recrudescence des dangers posés par la présence des islamistes sur le territoire. Or, nous sommes directement concernés par cela. Une Union méditerranéenne construite aurait justifié un partage des dépenses en coopération-mutualisation entre pays membres et donné l'occasion d'une action plus cohérente et concertée sur ce territoire du Mali et alentours,nous aurions pu mener à bien notre mission dans un cadre de relation bilatérale de co-constructeurs, en éloignant les risques de guerre et en construisant de l'économie territoriale sur place (seul moyen pour la paix, et cela, notre armée peut le faire, celle des autres pays méditerranéens aussi).

  • Une certaine cohérence et continuité entre les initiatives UE et celles qui touchent au territoire méditterranéen. Ainsi, les politiques à caractère écologie (Trame verte et bleue), les politiques de transport (lignes ferroviaires), de déchets mais également d'emploi et d'attrait pour l'approche territoriale (réseaux LEADERS et groupes d'action localisés, économie sociale et solidaire) sont valables aussi pour l'autre côté de la méditerranée, c'est même crucial pour nous qui voulons éviter les problèmes liés aux migrations.

  • Se donner les moyens de mener une vraie politique de civilisation méditerranéenne pour une vraie politique africaine.

  • Nous français qui avons un vrai passé d'amitié avec l'Afrique, ne pouvons pas nous passer de privilégier les liens concrets et réels avec l'autre côté de la méditerranée.
Sur l'échelle géopolitique nous sommes, je le pense, indispensables, même si nous devons agir avec le groupe de pays européens avec lequel nous avançons aujourd'hui afin de ne pas faire cavalier libre. Nous devons, je pense, notamment, à partir de deux villes, comme Marseille et Montpellier mais surtout Marseille, ville où les initiatives sont déjà nombreuses en la matière, être les locomotives qui vont mener les autres villes sur la voie du progrès dans les relations avec le monde méditerranéen.

  • Ce progrès réside surtout dans notre capacité à rendre l'ensemble des initiatives plus cohérentes dans notre façon de délimiter les territoires mais aussi de donner à chacun sa juste place. Je pense que notre avenir y réside et que nous devons hâter davantage l'avancée du processus d'institutionnalisation de l'Union méditerranéenne pour éviter de nouveaux conflits. 

  • Cette dernière est l'instrument dont nous avons besoin pour créer cette juxtaposition d'identités de territoires qui va conduire à la paix dans le monde. Ainsi passe t-on de Union Européenne avec tous ses Etats à l'intégrité préservée, à l'Union Méditerranéenne, pour aller vers Union Africaine.

Il me semble (je vous ai soumis cette réflexion dans le cadre des questions posées par le public), que le nom UPM, "Union pour la méditerranée" sonne encore trop colonial pour constituer véritablement un nouveau tremplin vers des relations saines, alors même que les turpitudes de ce passé là ne sont pas encore résolues, que le nom «Union méditerranéenne» conviendrait mieux (pourquoi faire des différences avec l'Union européenne ?). C'est la question que je vous ai posée et à laquelle vous n'avez pas répondu. Cette question est importante car «UPM», traduit encore trop de laisser-aller, l'impression que les pays occidentaux tirent les pays anciennement colonisés vers le haut, à leur façon, et selon leur vision, alors que Union méditerranéenne traduit le mot paix comme son homologue européen, et donne l'impression de relations égalitaires, relatives au «faire en commun».
C'est comme cela que nous devons comprendre nos économies.
Actuellement, je termine un nouvel ouvrage nommé "Le Nouvel alignement monétaire", je vous en ferai suivre un exemplaire avec plaisir lorsqu'il sera terminé. Il traite de ce sujet là, de l'Union méditerranéenne qui n'existe pas encore et de la question africaine et de son impact pour une paix et un développement durable.
Par ailleurs, je joins à ce courrier des éléments d'une lettre que j'ai envoyée au premier ministre espagnol suite à l'affaire catalane. Il s'agit d'extraits d'un projet de constitution française qui incluerait dans sa Partie 4 les Unions (méditerranéenne et européenne) et dans sa Partie 5 celle de la Paix dans le monde, elle prévoit la construction de "pays" entités se juxtaposant aux identités territoriales issues des processus de construction de l'Etat et de décentralisation, afin de donner un aspect à la fois vertical et transversal, elle permet de concilier l'approche étatique sans trahir les éléments fondamentaux qui la composent (la souveraineté des Etats) et l'approche davantage territoriale. Les deux aspects, vous l'avez dit vous même, sont présents aujourd'hui, ils ne doivent pas se poser en concurrence, ils sont complémentaires et nous ne devons pas y perdre notre latin, si la présence des Etats et leur monopole de la coercition légitime et des autres secteurs régaliens y est respectée ou déléguée conformément à la loi constitutionnelle.
J'y développe également la notion «d'Etats à bi ou pluri nationalité» qui peut être un nouveau statut juridique du droit international permettant de résoudre les problématiques ukrainiennes, israëlo-palestiniennes, turques ou syriennes.
Vous pourriez me dire ce que vous en pensez. 
C'est dans ce cadre, que je trouve vraiment dommage que la Villa méditerranée ne puisse plus servir, comme cela était le cas depuis quatre ans d'espace ouvert de discussion démocratique en agora conformément à la coutume méditerranéenne où la démocratie est née. Je produirai d'ailleurs à ce sujet, conformément à ce que j'ai déclaré à l'Amiral Coustillère lors de l'assemblée générale de l'association une lettre de pétition que je ferai parvenir à chaque personne intéressée dont vous faites partie, dès ce début de nouvelle année 2018.
Bien cordialement.
Noura Mebtouche.
Economiste, enseignante, chercheuse, journaliste.

Malheureusement, ayant d'autres rendez-vous, je n'ai pas pu assister à l'intégralité de votre présentation très intéressante. Pouvez vous si vous avez le temps, me faire parvenir deux ou trois titres d'ouvrages ou d'articles dont je pourrais me servir afin de compléter ce que je n'ai pas entendu ?

Je pense en effet que la France a un rôle important à jouer dans ces deux dimensions que je viens de citer.

lundi 10 décembre 2018

Dissuasions.

L’enjeu de la dissuasion nucléaire résiderait au sein de l’OTAN, dans la capacité à modifier progressivement les modes de gouvernance et la nature de cette dernière. On pourrait imaginer maintenant que le Royaume-Uni est en partie sorti de l’Union Européenne, un couple Anglo-américain renouant avec les origines de ce berceau anglo-saxon, permettant au Royaume-Uni de faire jouer au nom de leur histoire commune, certaines prérogatives sur le comportement Américain et sa stratégie. 
En même temps cette ligne qui part d’Europe, le berceau et va vers l’Ouest en ligne droite, se doublerait d’une autre ligne, une autre gémellité avec la France cette fois-ci; elle aussi historique en faisant jouer au nom de notre passé commun (on pense ici à la résistance), et des Traité de défense bilatéraux de 2007 une autre ligne encore européenne allant du Nord au Sud. Le Royaume-Uni constituerai ainsi au sein de ce système européo-atlantiste le fameux angle droit, point de jonction entre deux lignes droites assurant une nouvelle type de gouvernance cette fois-ci gouverné par « la sagesse » du Royaume-Uni, en toute diplomatie bien sûr.
On aurait donc ainsi affaire à un triangle parfaitement rectangle, entre trois des cinq puissances nucléaires officielles et historiques membres permanentes du conseil de sécurité.
Le carré de triangle rectangle se positionnerait au Royaume-Uni, c’est le fameux « pré carré » européo-atlantiste. Il change de centralité.
Il s’agirait, à partir de ces trois positions ainsi définies et la mise au point d’un équilibre entre les trois puissances, ayant en commun le Royaume-Uni, de procéder à une forme de « réévaluation stratégique » de la place de l’Europe par rapport aux Etats-Unis. Celle-ci souffrait jusqu’ici d’un certain déséquilibre au profit des Etats-Unis dans le cadre des rapports de force au sein de l’OTAN.
Or, cette dernière reste quelque peu tributaire des Etats Européens, et c’est là que se trouve le levier sur lequel prendre appui pour procéder au rééquilibrage.
Cette dépendance de l’OTAN par rapport aux Etats d’Europe est liée à plusieurs causes :

1. Au sein de l’Union Européenne les Etats qui disposent de l’arme nucléaire sont au nombre de deux alors que les Etats-Unis sont seuls. Ceci ne saurait être un frein à la coopération, bien au contraire, il faut tout faire pour que celle-ci s’instaure en parfait équilibre sans hégémonie d’un Etat sur l’autre.
Ce rééquilibrage ne doit pas se faire par la pression trop marquée mais bien au contraire être la résultante d’une série d’accords de coopération véritable mêlés de fermeté de la part de la France et du Royaume-Uni.

2.Les Territoires européens sont l’objet d’installations nucléaires de la part de l’OTAN financés par les Etats-Unis et constituent donc la principale force de frappe de ces derniers contre leurs adversaires potentiels (pays du Moyen-Orient, Afghanistan, Russie, Chine). Il y a lieu ici de mettre en place de véritables accores de coopération mutualisation (nous vous prêtons nos territoires et notre appui, et en échange vous partez la gouvernance de manière équitable). Pour cela il faut une Europe Unie. Or, la majorité des pays de l’Est où sont installés les rampes de lancement des missiles sont des pays en danger démocratique.
L’échéance des prochaines élections européennes est donc cruciale.

Si nous bénéficions d’une Europe unie, nous devrions pouvoir mener à bien cet échange de bons procédés au sein de l’Europe et considérer le prêt de territoire comme une forme de mutualisation-coopération de potentiels existant, afin de mettre de place le système de dissuasion finale. C’est à dire créer sous l’égide des trois pays déjà cités, une force de dissuasion suffisamment importante pour procéder après une période de crainte à un nécessaire démantèlement final que la mise en place de politiques de bonne gouvernance économique, écologique et humaine aurait rendue possible. (ODD).
Il faudrait une durée d’à peu près dix ans pour que ce système fonctionne.
Bien entendu, il ne s’agit pas de brusquer les autres pays qui ont l’arme nucléaire.
Les officiels d’abord : il est bien entendu que la Russie va continuer à pratiquer sa propre politique d’intimidation par le nucléaire sur les pays voisins.
Progressivement néanmoins, si la fore de dissuasion européenne dure assez longtemps et est suffisamment soudée, elle devrait passer à autre chose. Par ailleurs, il convient de tenir compte du fait que si la Chine est elle aussi détenteur de l’arme nucléaire, celle-ci n’est pas à la recherche de la guerre mais de la Paix. Ainsi, sa politique de « routes de la soie » (OBOR), est une politique économique visant à favoriser la paix et la prospérité économique. Mener des accord de coopération avec elle partout dans le monde dans ce cadre, devrait à terme contribuer à ce que la Chine, elle aussi, par un processus commun à chacun pratique le démantèlement final.
Chose que devraient à terme pratiquer également les pays détenteurs de l’arme situés en dehors des membres du conseil de sécurité, nous pensons ainsi notamment à la Corée du Nord et dans une certaine mesure à l’Iran et au Pakistan, mais aussi l’Inde et le cas échéant, à d'autres pays détenteurs, sans que cela soit médiatisé, par exemple, sur le continent Africain.
Gardiens du temple, ces derniers pourraient constituer une forme de gardien du processus de paix en contribuant avec la Russie à ce que de l’autre côté, du côté atlantiste il n’y ait pas non plus de débordements ou de réactions excessives. Il serait flatteur pour ce trois pays, au lieu d’être mis au ban de la société internationale, d’être considérés comme des facteurs de paix participant à la renaissance d’un renouveau mondial, à l’issue d’une dissuasion finale d’où ne ressortent que des vainqueurs et dans la construction d’un équilibre allant dans le sens de la paix.
Cette prise de position serait bien plus diplomatique et efficace.
Pour cela, il faut considérer le problème israëlo-palestinien comme la dernière épine à enlever sur la route de la Paix, c’est par la résolution de ce conflit et par l’assagissement des velléités israéliennes d’utiliser elles aussi l’arme nucléaire,que cette stratégie pourrait fonctionner. Cette résolution doit être avant tout Politique, de même que le pays pourrait être enclin à participer à la mise au point du nouvel équilibrage par sa participation à l'OTAN, si ce dernier se mettait en place, bien sûr.
Cependant, si nous mettons comme nous l’avons expliqué précédemment en oeuvre cette stratégie mettant en avant toutes les parties du monde (Atlantique, Europe, Asie, Russie), nous avons des chances d’y arriver puisque chacune, se distingue par des avancées en matière économique et commerciale innovantes.
C’est dans un tel contexte de pratiques pensées ensemble, dans un objectif de prospérité et de croissance vraie, c’est à dire assortis de bonne gouvernance que devraient se mettre en place les accords de l’organisation des Etats indépendants et autonomes mettant en avant notamment les pays africains qui y ont toute leur place.

On renouera alors avec l’esprit de la société des Nations, où l’hégémonie américaine était encore faible, grâce à la mise en avant des puissances anglaises et françaises, dans la gouvernance internationale. Cela serait quelque peu calmer les craintes de part et d’autres du globe.
L’OTAN continue à mettre en avant la défense antimissiles, l’administration Obama avait déjà tourné le dos au discours de Prague en pratiquant l’armement nucléaire dans le sens d’une politique de dissuasion élargie perpétuée par Donald Trump. (Accords bilatéraux START.).
Or, ces accords ne couvrent pas la Chine une dissuasion élargie, de part et d’autre du globe, intégrant aussi les autres pays détenteurs déjà cités, devrait inclure le dimensionnement chinois en intégrant afin de rendre un démantèlement final un jour possible, les nouveaux paramètres liés à nos nouvelles capacités à pratiquer le relativisme culturel et la pensée multidimensionnelle, et étendre le paradigme de non-belligérance.
Dix années seraient suffisantes.
Noura Mebtouche.