Les rencontres internationales économiques organisées par le parti communiste français se sont déroulées ces vendredi et samedi 7 et 8 février.
L’ordre du jour portait principalement sur notre nouveau système économique mondial, particulièrement les multinationales. Derrière ces préoccupations, il a bien sûr été question de la place de l’Europe au sein des nouveaux grands regroupements économiques qui se dessinent aujourd’hui. Notamment entre la Chine et les Etats-Unis.
Plusieurs tables rondes se sont ainsi succédées pendant les deux jours.
En introduction : trois étendues géographiques phares : la Chine, l’Afrique et la Russie :
Martial Ze Belinga : évoque la désobéissance épistémologique au Cameroun dans les années 70 avec un mouvement nationaliste important (UPC, Union des populations du Cameroun, né en 1948, dont le but était d’obtenir l’indépendance). Martial est l’un des co-auteurs de « sortir de la servitude monétaire, pour en finir avec le franc CFA ».
C’est la fin, du moins en Afrique subsaharienne, des grandes tendances mises en avant par les médias depuis la fin des années 90, mettant en avant les taux de croissance, les économies africaines sont aujourd’hui dans la situation suivante :
-Grande stagnation globale des niveaux de vie avec ruissellement vers le haut (les africains ont réussi ce miracle que de faire couler l’eau du bas vers le haut).
-Niveau de l’emploi catastrophique
-Une stagnation du niveau d’industrialisation
-Approfondissement de l’extractivisme et prédation des ressources avec mise au travail forcé. (Beaucoup d’africains travaillent pour un coton que les africains ne consomment pas à). Veblen et Jean Tirol parlent de « prix prédateurs ».
Du point de vue des luttes il faut avoir des entrées théoriques pour s’accrocher à tous les terrains. L’Afrique étant le développement des intérêts des autres, il y a une entrée un peu particulière de l’immiscion du capitalisme dans ce continent.
Un investissement social assez original s’est levé contre le franc CFA venant de 14 pays africains. Les critiques contre le franc CFA sont très anciennes notamment avec une recrudescence depuis 2015-2017, c’est le pilier de la Françafrique Martial nous parle de colonialités culturelles. On assiste également aux réactions contre l’insupportablité sociale du franc CFA , nous sommes actuellement dans une phase de transition, on est au début de cette transition obtenue par les luttes résistantes et les débats, notamment grâce aux communistes et à l’association Survie). Un phénomène comme l’immigration, la traite des enfants, le fondamentalisme et le jihadisme au Mali. Il y a une étrange correspondance entre les foyers de conflits. et les désordres de l’Afrique subsaharienne ainsi que les endroits où se trouvent les ressources naturelles.
Ma remarque est que il semblerait qu’un travail de sape se fasse sur les intellectuels africains, pour calmer le jeu on autorise l’Eco à grande pompe alors que ce dernier est une autre forme de domination par la monnaie.
Il rend aussi hommage à Samir Amin, décédé récemment à qui un hommage a été rendu les 10 et 12 février à un Colloque de Dakar.
Certaines personnes ont également témoigné contre la République démocratique du Congo qui est aujourd’hui un état de non droit et où des choses affreuses se passent sans que personne n’intervienne. Il y a eu déjà 12 millions de morts, pas d’état de droit, des femmes et des enfants violés,…
Alexandre Bouzgaline, de l’ université d’Etat de Moscou : Son constat en direct depuis Moscou ce soir là par conférence virtuelle était que l’économie est concentrée en quelques mains, les multinationales se sont organisées en réseau et tissent leur toile , c’est une concurrence entre araignées, lutter notre la manipulation totalitaire, le marché est devenu un Etat totalitaire, l’argent est devenu un produit purement virtuel il y a encore une exploitation importante des travailleurs (Certains russes touchent 50 euros par mois). La précarisation des salariés est importante beaucoup sont touchés. En même temps, nous avons depuis 50 ans une montée en force des travailleurs du secteur social/. Il n’y a pas la même relation entre le capital et le travail qu’avant. Autre contradiction : privatisation de la propriété intellectuelle. Il faut relever un défi, celui tenant aux entreprises.
Mme Jung Chine (Ambassade).
« Le PCF est notre partenaire prioritaire. Il y a un paradigme qui est imposé. Des pays nouveaux ont réussi à se positionner dans la division internationale du travail . Tous les problèmes proviennent d’un manque de distribution équitable des produits sur le plan mondial. La médecine chinoise nous enseigne que là où l’énergie circule, il n’y a pas de douleur, il faut privilégier la coopération et l’intégration. Il y a un système commun multilatéral. Il faut fluidifier la circulation de marchandises (C’est ce que les chinois essayent de faire avec les routes de la soie); il y a une osmose entre civilisations à mettre en avant, on attend l’avènement d‘une mondialisation renouvellée : protectionnisme et munitilatéralisme sont une impasse. ».
Ma remarque personnelle ici est qu’il faudra à terme faire coexister le protectionnisme « renaissant » avec la façon de faire des routes de la soie consistant à créer des richesses sur tous les territoires en coopération de manière multilatérale est compatible avec cette façon de voir.
Hédi Sraïeb : Tunisie. Le pays s’enfonce dans une crise multiforme, sans solidarités sociales, il y a aussi un refus d’une réconciliation nationale honnête, le modèle de développement est dans l’impasse. A court et à long terre, les classes dominantes pratiquent une logique de fuite en avant. La Tunisie a commencé par s’engager dans une voie socialisante et collectiviste après l’indépendance. Il faut réagir en perspectives décennales : il faut un document qui articulera : la croissance de l’appareil productif, l’édification d’un service public et des biens techniques vitaux (NRJ, eau). La Tunisie est un petit pays qui a construit la première sidérurgie de toute l’Afrique. Le libéralisme est allié à un durcissement progressif du régime. Il y’a eu une Insurrection du bassin minier en 2008.
Les classes dirigeantes tunisiennes ont approuvé le consensus de Washington sur l’OMC avec mise en place de zones franches et désarmement unilatéral. Il y a un désengagement continu de l’Etat dans la sphère productive, (la privatisation représente 20 % du PIB), les services publics et biens communs, le tissu manufacturier est désarticulé et atone. Il y a eu croissance de 5% pendant un quart de siècle, créateur d’emploi et de conditions satisfaisantes Le service public a ouvert la voie à l’industrie agroalimentaire et au tourisme, cela est dû à l’Etat. Sans le dynamisme d ’un service public puissant, on ne sortira pas de l’impasse. Il y a une éducation et un secteur public à deux vitesses. Il faut penser un autre processus de développement. La question cruciale de l’eau dans la préservation des terres agricoles se pose.
Table ronde 1. Les Multinationales.
La première crypto monnaie est né, selon un projet de Facebook, qui vise le marché des 1,7 milliards d’adultes n’ayant pas de banque, mais possédant un portable ou un accès internet.
Les GAFA ont leur propre stratégie parfois ils s’opposent aux intérêts des américains et visent une stratégie internationale.
Ils visent au monopole, à la rente, et ont mis en avant une forme particulière de capitalisme, ils veulent enfermer les particuliers dans une plate forme
Nous ne sommes pas condamnés a être un pion sur le plan route de la soie ni a un pion des USA, nous avons entre les deux grands groupes de plate forme des possibilités nous aussi de nous en sortir avec des plate-forme proprement européennes.
Il faut aller vers une protection sociale des données personnelles. Les méta données personnelles vont vers une gouvernance collective, des mécanismes de protection sociale doivent être mis en place.
En France, on a un trésor de données collectées par les services publics, il est encore possible de bâtir.
Si nous abandonnons ces données, notamment médicales, aux plate-formes privées comme l’ont fait certaines administrations avec google, les choses vont mal se passer.
Comment transformer les firmes multinationales en des formes plus socialisantes ?
Table ronde 2. Quels instruments monétaires et financiers de coopération internationale ?
1. Frederic Rauch, rédacteur en chef d’Economie et Politique.
Une financiarisation pousse toujours plus loin. On est passés a un national libéralisme vers quoi cela va t’il dégénérer ? Dans un tel contexte, ’élément militaire est important, la stratégie de D.Trump. fournit a l’ensemble des armées des 11 pays qui viennent derrière. Il faut donc négocier des compromis aux USA sur le plan international.
La Chine est le pays le plus particulièrement visé. Une attaque militaire flagrante pour ceux qui abandonnent les USA. La conception de l’international par D.Trump, quand le multilatéralisme n’est pas conforme aux intérêts des multinationales USA, est particulière, il n’hésite pas à tout bouleverser, les USA sont le 1er producteur de pétrole et de gaz devant Arabie saoudite (avec les nappes découvertes en Israël, on peut dire que la dépendance énergétique va être désormais de l’autre côté de la balance au moment même ou justement de nouvelles alternatives en matière d’énergie sont en train d’émerger progressivement et de s’imposer).
La conception du multilateralisme dégagée par D.Trump est nouvelle, il n’hésite pas à sanctionner (taxes au importations sur Airbus, produits européens).
Il faut s’attendre à des accords particuliers avec le Royaume-Uni désormais depuis sa sortie de l’UE.
La stratégie par ailleurs consistant à faire régner l’extrême route et le populisme en Europe vient aussi de là :
Accord droite libérale et extreme droite Thuringe en Allemagne.
Trump avait envoye son dernier chef de campagne Steve Bannon pour que ce dernier mette en avant l’extreme droite comme incontournable pour les dernières élections européennes.
Trump dit que l’euro est une monnaie trop faible car cela favorise l’Europe et surtout l’Allemagne dans le commerce international (Vision conservatrice et nationaliste du mondialisme et du libre échange).
2. Yves Dimicoli économiste,
Celui-ci met en avant le paradoxe de Triffin : si la balance est déficitaire, cela permet aux autres pays de disposer de moyens de paiement mais cela sape la confiance envers en la monnaie du pays. Un système monétaire international ne peut donc pas reposer sur un seul taux de change.
En 1971, le déficit extérieur des Etats-Unis et du Vietnam font perdre confiance au dollar, les tiers demandent de convertir le dollar en or.
Nixon déclame l’inconvertibilité du dollar en or, c’est la fin de Bretton Woods…Les monnaies se détachent de l’or en 198. Reagan a décidé d’augmenter brutalement les taux sur le dollar pour attirer les capitaux extérieurs et favorise l’ expansion des multinationales des Etats-Unis jusqu’en Chine.
la banque de régiment internationaI, le FMI, les banques de développement asiatiques et autres…USA ont un droit de veto sur FMI.
Les DTS ont été créés en 1969, c’est une quasi monnaie internationale. Toute banque centrale a le droit de compléter ses réserves officielles avec des DTS où dans le panier, le dollar est dominant mais concurrencé par le Yuan et l’Euro.
Les banques non américaines sont tributaires du dollar les banques centrales aussi, elles ne peuvent créer du dollar car il y a fragmentation des chaines de valeur, ouverture à la globalisation financière, explosion de l’usage et du besoin de dollar dans le monde alors même que la majorité des paiements se font en dollars.
Actuellement, on est confrontés à une énorme trappe à liquidité, les banques centrales sont piégées par un amoncellement de dettes en dollars.
Tout arrêt de leur politique de rachat d’actifs rend le système fou, la maladie du dollar court vers une crise systémique majeure, fondée sur la chute annoncée du dollar, avec un amoncellement énorme de bons du trésor américain (à commencer par la banque de Chine qui en détient beaucoup), si le dollar chutait, on assisterait à une faillite des Etats.
Quand le yuan entre dans le panier des DTS, en 2016, cela correspond pour l’instant juste symboliquement à une avancée considérable dans la conception du futur ordre monétaire international. La Chine aura désormais toute sa place dans le grand concert des monnaies et des taux de change représentatifs de l’économie mondiale, cela augure bien du futur nouvel alignement monétaire. Cela avait déjà commencé avec l’avénement des BRICS et leur développement bancaire.
Entre un possible nouveau choc systémique et l’adhésion des pays autrefois réfractaires à une adhésion de leur part à un système monétaire international régulé par des institutions mondiales, ces nouvelles données laissent deviner des avancées certaines vers un nouveau système monétaire international défini sur de nouvelles bases.
https://or.fr/actualites/sdr-dts-or-chine-770
Trump mène une contre offensive brutale, il pourrait précipiter une grave crise de liquidités mondiale le dilemme de Triffin revient sous une autre forme, certaines banques centrales convertissent leurs avoirs notamment en dollars en or.
Il ne faut pas se faire abuser par l’ illusion mortifère d’un euro rivalisant avec les plus grands et convertir une grande partie des réserves en dollar au profit d’une reconstruction des pays avec les BRICS, c’est la meilleure solution.
Dans le cas où on se préparerait à mettre en place la politique de nouvel alignement monétaire expliquée dans ce blog, la solution serait de commencer tout de suite à convertir insensiblement les dollars possédés ainsi que les bons du trésor américain, sans provoquer trop de remous sur les marches financiers et monétaires afin d’éviter d’être acculés et en concertation, par des accords entre pays, notamment les futurs nouveaux alignés.
En tous cas, Yves Dimicoli nous présente une solution intéressante pour une reforme radicale du SMI :
Une monnaie commune mondiale formée des DTS. Il faudrait aussi promouvoir un nouveau crédit sélectif.
3.Pedro Paez Equateur. Membre de la commission Stiglitz sur l’architecture financière internationale.
Nous sommes dans une crise de suraccumulation.
En 1998 de l’opium vient d’Afghanistan sous égide des Etats-Unis, cela explique bien des choses.
Il y a une folie Shakespearienne, un mécanisme de la folie, comme une stratégie consciente. Avec mise en place de la théorie des Jeux.
il faut opposer la rationalité de l’environnement et de l’institutionnalité, contre le dogme du capital est l’anti-vie.
Il faut proposer un autre projet social et sauver la paix..
Il faut faire de la coopération et saisir les moyens commune d’aider au développement.
Pour lutter contre le dollar il faut une énorme coalition (Yves Dimicoli) et faire reposer le poids du dollar sur un nombre limite de pays qui en ont bien profité. (shadow banking : titrisation non institutionnelle).
Table ronde 4. Quelles luttes communes pour une Europe de coopération dans une autre mondialisation ?
Par Noura Mebtouche.
Celle-ci était présidée par Charlotte Balavoine, du Parlement européen,département international du PCF. Elle évoquait les crises et remous que provoque la recherche par le grand capital de nouveaux débouchés.
Il faut en finir avec la fausse idée du « il y a pas d’argent, est ce que la providence va intervenir? » le succès de Salvini repose sur l’idée que nous sommes impuissants car il n’y a pas pas d’argent pour tout le monde. Son succès repose sur cette idée qu’il va faire un miracle…
Denis Durand de « Economie et Politique ». nous dit qu’on peut commencer la bataille avant même de changer les retraites, cela peut venir d’un seul gouvernement, la majorité n’existe que pour changer. Il y a à a fois nécessité d’entente et de coopération européenne pour la paix mais en même temps il est difficile de ne pas céder au paradigme américain et au mythe du sauveur.
L’ Europe est toujours coupée en deux par un mur la question de la paix et de l’impérialisme se pose, tnous faisons la remarque que depuis 1919, le débat n’a pas changé depuis la SDN et son échec relatif.
Giorgos Koukoumas, membre du Comité central d’Akel (parti progressiste des travailleurs, Grèce ) :
« Au stade de l’Union européenne, il y a des contradictions trop importantes, un échec dans la prospérité.
Il faut connaitre la diversité du fait culturel français qui n’est pas juste une question de bagout. ».
Giorgos Koukounas demande à ne pas tomber dans les révolutions nationales et esprits de clochers ne pas accepter le repli identitaire et partisan,.
Nous faisons ici la remarque que ce mois-ci, il y a eu une rencontre internationale nationaliste à Rome. Le fait culturel sauve le monde, ainsi en France, pour la laïcité, sa défense n’empêche pas de reconnaitre la diversité du fait culturel français qui n’est pas juste une question de bagarres entre chefs gaulois mais la France s’est aussi faite grâce aux cultures issues du christianisme , du judaïsme, de l’islam sous Charlemagne et après (plusieurs retours de l’histoire).
Toutes nos révolutions ponctuelles ont été étouffées dans l’oeuf par le capital au service duquel l’Etat s’est toujours aimablement prêté quelque peu oublieux de son identité et de son engagement.
Giorgos Koukounas nous rappelle qu’Il y a eu explosion des travailleurs pauvres, la carte du vote du Brexit au Royaume Uni correspond a la frange de politiques d’austérité, mais la bourgeoisie britannique n’apprécie pas la réglementation européenne.
Michel Barnier pendant les négociations du Brexit n’a eu de cesse de défendre le marche intérieur .
On peut se demander quelle nouvelle place a l’Europe dans les relations internationales ?
Vincent Boulet. Parti des gauches européennes.
Le constat du PGE en 2016 est que toutes les forces progressistes communistes dans le cadre de la politique de défense ne se retrouvent pas dans le PGE, il faut créer une plateforme. Les politiques qui portent à polémique sont :
La BCE, l’industrie , la question sociale, l’égalité homme/femme, la paix,.
20000 soldats américains ont été envoyés sur le continent américain dans le cadre de la politique Defender 2000, et vont marchant sur la Russie .
Il y a convergence entre le politique et le syndical.
Si il n’y a pas de perspective politique derrière le mouvement syndical, ce dernier s’arrête vite.
Le syndicalisme est aussi un outil international.
Conclusion de ces rencontres par Frédéric Boccara : vers la nécessaire convergence des luttes.
Quel que soit le régime syndicats et partis politiques et ajoutons les associations sont toujours des piliers, ils ne sont que la résurgence d’un fait, bien plus grand, et plus étendu immanent dans l’espace et le temps qui est la révolution, ce mouvement a long terme des planètes qui se fait dans l’instant long et qui ne peut exister s’il n’absorbe pas l’humanité entière. Cela nous rappelle le message de Pierre Bourdieu dans Contrefeux, au sujet de l’Europe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire