Nous en avons déjà beaucoup parlé (c’est difficile de revenir sans cesse sur les même choses) mais l’enjeu est crucial , surtout en cette fin de confinement, consistant à envisager une nouvelle forme de mondialisation économique qui élimine d'elle même naturellement , comme structures non efficientes, les multinationales.
Il faut bien garder à l’esprit aujourd’hui, que l’on ne peut pas confondre la notion de multinationale et celle d’internationale.
La première, fait référence à ces monstres, que sont ces grandes entités formées de créations juridiques qui n’ont aucune essence, n’ayant ni famille ni patrie, et oeuvrent activement à couvrir l’ensemble des territoires par continent, en envahissant et en maintenant leurs monopoles ou souvent oligopoles, sur les marchés.
Si quelqu’un voit un côté positif dans le fait que cette grande fraternité entre les peuples puisse se jouer dans une bouteille de coca-cola ou le dernier téléphone mobile sorti sur le marché...
Quoique…téléphoner à sa famille quand on est loin n’est pas critiquable. mais on a pas besoin de changer de téléphone tous les six mois pour cela.
En ce jour du 11 mai 2020, jour officiel de la fin du confinement en France, il est temps, de faire un retour sur soi, nous tous, chacun que nous sommes…
Sans entrer dans le détail de la théorie économique : comprendre ce que signifie le terme « cycle économique de type Kondratieff » n’est pas difficile.
Ces cycles, d’une durée de cinquante ans, et plus (plus de 10 ans pour celui dont nous allons presque sortir), ne sont pas voués à se renouveler sans cesse.
On peut mettre fin aux cycles.
C’est pourquoi nous avons appelé cet article « après le dernier cycle ».
Un titre qui sonne un peu comme une série télévisée, ou un de ces films de science-fiction qui cherchent à imaginer ce que sera le monde de demain et nous plonger ainsi dans une forme d’hystérie collective.
Les économistes divergent au sujet de la datation même des cycles.
Pas étonnant, la notion de cycle Kondrattieff est en elle même arbitraire et laisse la porte ouverte à toutes les interprétations possible et imaginables. Ainsi, certains pensent que 1990 est le début d’un nouveau cycle Kondratieff, tandis que d’autres, comme Yves Dimicoli (commission économique du parti communiste français, collaborateur à la revue "économie et politique") annoncent la date de début 2020.
C’est dire si les composantes et déterminismes à prendre en compte sont arbitraires. D’ailleurs, Yves Dimicoli lui- même, énonce la possibilité d’une périodicité de 60 ans plutôt que 50.
Partisans de notre côté, d’une adaptation des théories de Nicolas Kondratieff à la conjoncture sur périodicité étendue comprenant les évolutions en matière de progrès technique, mais également en matière géopolitique et sociétale (les valeurs), je met en avant l’idée d’une possibilité de cycles Kondratieff de plus de 50 ans allant pour le dernier, celui dont nous sommes concernés jusqu’à 70 ans. Cela nous permet de le faire commencer en 1950. Ce cycle est marqué par une histoire et est ponctué de périodes de crises qui n’excluent pas la conformité aux autres cycles (Juglar et Kitchin). Il est ponctué de crises qui annoncent toutes son futur déclin.
Mais ce qui le caractérise avant tout et dès le départ, c’est de puiser son essor et son envol dans le fameux plan Marshall, soit l’aide américaine. Je pense que c’est sur cette dernière indication que nous devons faire reposer toute notre inquiétude quant à l’avenir de notre système économique. Si pour les gens comme Yves Dimicoli, ce nouveau cycle qui va bientôt commencer est celui d’un nouvel espoir qui s’annonce, avec la perspective d’une remise en question du système actuel reposant sur le capitalisme, pour d’autres, et ceux là n’attendent pas le grand soir, mais allongent délibérément l’argent du profit des multinationales pour faire de l’anticipation auto-réalisatrice (la spécialité des hommes du milieu des firmes aussi bien en matière de marchés financiers que monétaires ou d’économie réelle).
Et c’est ce qu‘ils font en ce moment en envisageant d'organiser une aide encore une fois venue des Etats-Unis pour alimenter nos économies européennes malmenées afin de relancer un nouveau cycle qui soit sous leur égide.
La perspective de ce fameux grand soir, avec celle de voir les multinationales disparaitre nous échapperait alors complètement.
Oui mais voilà, comment aurait-on pu imaginer un seul instant, que même dans nos rêves les plus fous, nous allions être confinés et obligés de porter des masques (qui n’existent pas) pendant un temps aussi long, pendant qu’autour de nous, dans un hypothétique brouillard, mouraient les uns après les autres les victimes du virus, et cela, à l’échelle planétaire.
De quoi imaginer un bon scénario, non ?
Ce titre « après le dernier cycle » sonne comme une lueur d’espoir de voir se coïncider sur les échelons politiques, économiques, sociaux et historiques, le début d’un moment important de notre histoire où nous aurions la main sur l’ensemble des rouages de notre société sans exception.
Là où on nous autorise à sortir un 11 mai, de manière complètement arbitraire, comme pour mieux nous rappeler l’interprétation qui va dans le sens de la fatalité de cette sortie, comme pour mieux nous avertir que nous allions subir nous aussi les 11 stations du chemin de croix avant de nous faire crucifier.
Voici ce que nous proposent les multinationales : un monde désabusé, désenchanté, et désespéré (ce qui va avec les trois D de désintermédiation, décloisonnement et déréglementation bancaire) dont notre économie souffre encore, et où le seul projet de société que l’on nous propose, est un suicide collectif.
Monté et mené à bien par des fanatiques hypnotisés, n’ayant aucune humanité et mégalomanes au point de croire qu’il relevait de leur mission que d’emmener l’humanité toute entière sur le chemin d’une rédemption toute factice juste avant le grand saut final, ce projet risque bien d’en générer d’autres. Son principal outil et vecteur de transmission outre les sectes : les multinationales. uniformes, fabriquant des produits à grande échelle qui se ressemblent tous , segmentant les marchés pour profiter de la main d’oeuvre pas chère des pays les plus en difficulté, sans aucune éthique.
On est loin alors, d’une internationale qui sonnerait le glas des prises illégales d’intérêt et des injustices sociales au profit de valeurs comme fraternité et éthique.
Multinationale ou internationale ?
Encore faut-il que chacun comprenne la différence entre les deux notions. Toutes les deux ont le même âge. Mais des histoires différentes, qui se recoupent avec une historicité différente, reposant sur le même phénomène de production à grande échelle.
La première nous évoque ces grandes entreprises du capitalisme naissant qui se sont développées et ont doté notre pays d’infrastructures tout au long du XIX ème siècle, plongeant leurs racines dans la base : le colbertisme et son génie manufacturier. Voici pour notre héritage industriel.
Le deuxième plonge les siennes dans l’histoire des mouvements ouvriers, et des peuples en lutte, pour d’abord se pourvoir en biens et services élémentaires et défendre leurs droits face à la machine écrasante du capitalisme.
Pourtant, les deux termes riment et vont ensemble. On les confond, il est facile.de les confondre.
Là où certains cherchent à mettre en place une internationale fâchiste en Europe (Souvenez vous : c’était en février 2020, ils se sont réunis à Rome), d'autres se prennent à rêver, à rêver seulement d'une vraie Internationale fraternelle et laïque.
Il faudrait pour que ceux soit celle-ci qui gagne, trouver le chaînon ou élément manquant qui la rendrait forte et incontournable, rendant ainsi le fâchisme et le réseau actuel d'économie mondialisé (ils vont d'ailleurs de pair) dérisoires et complètement incongrus. Il y a là une perspective historique profonde qui nous rappelle cette fameuse "fissure du Christ" dont parlait Kotoko Sushui, le fameux anarchiste libertaire, en prison pour caractériser le fossé entre le peuple et les moyens de production.
Les deux mondes (ceux des gens et des multinationales, les chinois parlent de trois mondes, le troisième étant celui des « gens »), se rapprochent et ont des points communs.
Oui mais voilà : ils divisent, hérissent les uns contre les autres, et font reposer le mouvement social sur la lutte et l’adversité, hors du champ de la coopération, une valeur qui est contemporaine.
Nous devons pour mettre fin à ce cycle incessant bien connaitre les caractéristiques de la multinationale. Celle ci est parfois camouflée, on ne la reconnait pas tout de suite, comme lorsque une moyenne entreprise montée par un citoyen français de la diaspora va s’installer pour mettre en place des énergies renouvelables en Afrique avec dans son capital 50 % des parts à Total. On comprend ici la stratégie de cet éternel capitalisme qui n’en finit plus de se renouveler, sans cesse et est capable, comme les héros démiurges des légendes grecques, à changer de forme.
Pour mieux connaitre notre ennemi souvent camouflé il faut tenir compte de ceci :
- les cinq caractéristiques de la multinationale :
-Sa taille (en capital, en filiales).
-Les délocalisations. (du point de vue du territoire en interne).
-La segmentation des marchés. (Du point de vue des territoires tous ensemble, elle fait de certains pays des éternels sous-traitants mal payés).
-Les paradis fiscaux et l’évasion fiscale.
-« Ni Dieu ni maitre » un paradigme différent de l’anarchiste. Le fait de n’avoir aucun référent culturel, aucune nationalité, aucune éthique, aucun objectif à long terme et de nature globalisante, la non-adéquation aux principes de l’efficience, aucune croyance ni religion, aucune limite, aucune accroche territoriale.
Pour mieux déjouer ses pièges il faut avoir en conscience ceci :
-Les cinq tactiques de la multinationale :
-L’obsolescence programmée.
-La filière inversée (J.K. Galbraith), la création de nouveaux besoins.
-Les fausses innovations de produit.
-Les sous-gamme.
-La reproduction du capital hors du circuit productif (sphère financière).
-Le contournement de la loi et des règlements.
Et enfin, pour en finir de manière définitive avec les multinationales, il faut utiliser les armes suivantes, via des politiques publiques, car il s’agit bien d’une guerre. et pour la mener à bien nous pouvons utiliser une stratégie formée de sept armes que sont une charte éthique de l’entreprise obligatoire pour toutes les entreprises qui évoluent sur le territoire français, l’obéissance à un cahier des charges environnemental, à un cahier des charges sociétal, une réforme des marchés publics censée favoriser la mise en place des groupements d’entreprises en coopération dans le conditionnement et l’achat de matériel pour les économies d’échelle et l’obligation de comprendre des petites et moyennes entreprises utilisant des matériaux éthiques et durables, une politique de commercialisation commençant obligatoirement par fonctionner par circuits de proximité, pour aller du local au global, avec le respect d’une clause de subsidiarité pour toutes les entreprises de territoire (1), la mise en place d’un contrôle des structures pour toutes les entreprises de toutes les tailles avec des schémas directeurs intercommunaux d’installation mis en place avec l’aide des conseils économiques et sociaux régionaux et enfin, une sélection des entreprises qui veulent vendre sur le territoire français en fonction de leur appartenance aux réseaux de production et de commercialisation de référence en provenance des pays qui ont manifesté les même accords en matière économique (un nouvel alignement monétaire entre pays d’Europe du Sud et de l’Est et autres pays les moins développés d’autres continents sur la base de taux de change faibles).
Il s’agit ici de développer chez nous la notion de citoyenneté de l’entreprise, une notion qui doit être valable aussi bien pour les personnes physiques et morales et qui doit embrasser les valeurs de la République.
Enfin, il faut exiger que soient respectés les principes suivants :
Les entreprises présentes sur le territoire :
-N’utilisent pas de produits polluants ou ayant des effets néfastes ou inconnus sur l'environnement ou les organismes. Chaque matière première est saine et utilisée avec parcimonie.
-Respectent l'environnement pendant le processus de production, celui de transformation et de commercialisation (y compris conditionnement).
-Respectent le rôle social que l'Etat a donné aux entreprises notamment en matière d'emploi, de créativité, de recherche-développement et de développement local sur le territoire, cet objectif passe avant ou disons plutôt qu'il coïncide avec leurs quête bien légitime de profit et dans ce sens, elles privilégient le territoire français (d'ailleurs nous remarquerons ici que tous nos calculs doivent se faire à partir du PIB et non pas du PNB français qui, lui, tient compte des productions françaises réalisées à l'étranger), mais pas de la cohorte d'aspects positifs que peut comporter la présence d'entreprises sur notre territoire notamment en matière d'emplois ou de développement des territoires, même s'il s'agit d'entreprises de nationalité étrangère. Nous ne tenons pas compte non plus du RNB puisque ce qui compte pour nous ici, c’est les processus de production et leurs fruits, la valeur-ajoutée, pas les revenus qui d'ailleurs ne sont pas consommés sur le territoire. Or, il s'agit ici de mettre en place des mesures d'ancrage territorial.
-Respectent le droit du travail français et européen (ce qui n'est pas toujours le cas des entreprises délocalisées et nous allons ainsi pouvoir faire la chasse aux entreprises délocalisées qui se servent de la législation des pays étrangers pour faire du profit).
-Respectent une déontologie stricte en matière de libre-concurrence (inspirée des critères de la concurrence pure et parfaite) et ne s'autorisent pas l'utilisation de procédures de production ou de mise sur le marché à caractère monopolistique même de manière détournée).
-Respectent dans la mesure du possible, une configuration dite de « petite taille » ou, pour les entreprises à économie d'échelle, de participation salariale active ou de coopérative, propre à favoriser la libre-concurrence, mais aussi la créativité. Elles sont le juste revers du réseau d'entreprises à caractère monopolistique et n'en font pas partie, même de manière détournée. Il faut bien cloisonner les deux mondes.
-Mettent en valeur les productions locales, les savoir-faire locaux. Savent mettre en valeur le patrimoine ainsi crée en matière de techniques, d'apprentissages de savoir-faire et le conserver.
-Favorisent la participation salariale active et ont (souvent) la forme de coopératives ou de petites entreprises.
-Favorisent dès que cela est possible, l'exportation sur des marchés courts, sans beaucoup d'intermédiaires avec des pays moins développés que le leur.
(1) Les circuits d'approvisionnement fonctionnent de bas en haut, on ne se pourvoit à l'extérieur (importations), que si le marché formé des productions fournies par les entreprises de proximité et les marchés régionaux des autres territoires intérieurs n'est pas suffisant.