dimanche 1 janvier 2017

Entre nucléaire et rente pétrolifère : quel équilibre mondial ?


Religions, inégalités économiques, conflits d'intérêt, ne sont rien à côté de deux types d’hégémonie : le pétrole et le nucléaire. Supprimer ces deux préoccupations majeures permettrait de court-circuiter l'actuelle tendance, qui vise à modifier les rapports géopolitiques entre Etats, dans le sens de nouvelles concessions issues des rapports de force.

L'avenir de tous les peuples du monde et de leurs indépendances pourrait s'en trouver fortement remise en cause. Alors, quelles solutions ?

I.  Pétrole : changement de donne.

Quels articles sur le changement de la donne pétrolière.


Source : El Watan. (Journal algérien).


« Les pays producteurs de pétrole non Opep se sont engagés, hier, à réduire leur production de près de 600 000 barils par jour, dont 300 000 barils/jour pour la Russie, dans le sillage de la récente décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de revoir ses quotas à la baisse en réduisant sa production de 1,2 million de barils/jour. (El Watan).

Une entente sur la nécessité de réduire l’offre de l’or noir pour stimuler une hausse des prix, en déclin depuis 2014, qui s’est dessinée à Alger, au mois de septembre, et s’est confirmée entre pays producteurs Opep et non Opep, lors d’une réunion qui a regroupé, hier à Vienne, les représentants des 25 pays producteurs. Un accord qui s’ajoute à celui conclu par l’Opep le 30 novembre dernier, ce qui permet de totaliser une réduction globale de près de 1,8 million de barils/jour.

Il faut savoir que les pays non Opep comptent notamment la Russie (qui s’est engagée à retirer 300 000 barils/jour), le Mexique (-100 000 barils), le sultanat d’Oman (-45 000 barils) l’Azerbaïdjan (-35 000 barils), Bahreïn (-12 000 barils), la Bolivie (-4000 barils), Brunei (-7000 barils), la Guinée équatoriale (-l2 000 barils), le Kazakhstan (-50 000 barils), la Malaisie (-35 000 barils), le Soudan (-4000 barils) et le Soudan du Sud (-8000 barils).

L’accord dûment signé, après plusieurs heures de discussions entamées dans la matinée dans la capitale autrichienne, devrait consolider la stabilisation des marchés pétroliers, en déprime depuis des années suite à la dégringolade des prix faute d’une régulation appropriée de la part des producteurs.

La décision était attendue, mais sa concrétisation par un accord en bonne et due forme des protagonistes de la scène pétrolière mondiale va nécessairement consolider la courbe ascendante des prix dès la réouverture des places de cotation, demain. A leur fermeture, vendredi soir, l’or noir valait 54,36 dollars à Londres (place de cotation du pétrole algérien) et 51,49 dollars à New York.

L’optimisme était de mise bien avant l’ouverture de la réunion des pays Opep et non Opep à Vienne. Ainsi, les ministres chargés du pétrole des pays concernés ont unanimement affirmé s’attendre, à l’issue de la réunion qualifiée d’«historique», à un accord, alors que la Russie a réitéré son engagement de retirer 300 000 barils/jour, soit la moitié du volume à réduire par les hors-Opep.

En marge de la réunion, le ministre saoudien de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources minérales, Khaled El Falih, a relevé que l’accord Opep-non Opep est «le fruit de la réunion de l’Opep tenue à Alger en septembre». M. El Falih a affirmé que la baisse totale à opérer par les producteurs Opep et non Opep (environ 1,8 million de barils/jour) est convaincante et permettra de rétablir l’équilibre du marché.
A la veille de la réunion, le ministre algérien de l’Energie, Noureddine Boutarfa, avait aussi exprimé son optimisme de voir la réunion «consolider l’Accord d’Alger», soulignant la «nécessité d’une coopération Opep-non Opep pour stabiliser le marché».
Il faut savoir que l’Opep table sur une solide demande de pétrole en 2017 en dépit de l’accord de réduction de sa production conclu la semaine dernière pour faire remonter les cours.


Le secrétaire général de l’OPEP, Mohammed Sanusi Barkindo a estimé, lors d’une conférence sur l’énergie, que l’Asie aurait un grand rôle à jouer dans la croissance de la demande. Il a rappelé que «le baril de Brent a dépassé lundi dernier, les 55 dollars, son plus haut niveau en 16 mois, ajoutant que l’année prochaine, la croissance sera aussi robuste que cette année, aux alentours de 1,2 million de barils».

Au niveau mondial, l’Opep estime que la demande devrait augmenter de 17 millions de barils/jour aux alentours de 110 millions d’ici 2040.



Lire l’article suivant : le Nouvel Observateur. (11/08/2013).

La découverte de nouveaux gisements augmente les réserves mondiales et menace la suprématie des pays du Golfe. Avec un nouveau danger : l'huile de schiste, encore plus polluante que le pétrole classique.

Comment les experts ont-ils pu se tromper à ce point ? "Ils ont sous-estimé le potentiel du pétrole non conventionnel", écrit Leonardo Maugeri dans son rapport. Depuis le forage du premier puits par l'Américain Edwin L. Drake en 1859 à Titusville, en Pennsylvanie, nous utilisions pour l'essentiel du pétrole provenant de réservoirs enfouis à 2.000 ou 3.000 mètres sous la terre. Ce pétrole classique et facilement accessible se trouve à 70% au Moyen-Orient. Mais, depuis trois ans, l'industrie s'est mise aussi à exploiter en grande quantité d'autres sortes de pétrole, qui se situent à 70% sur le continent américain.

Aux Etats-Unis, il s'agit d'"huile de schiste", un cousin germain du gaz de schiste. On l'appelle également "huile de roche-mère", car elle y est restée piégée au lieu de s'écouler dans une cavité extérieure. Au Venezuela et au Canada, les compagnies pétrolières utilisent des "schistes bitumineux", qui se présentent sous une forme visqueuse et épaisse, mélange de pétrole, d'eau et de sable, qu'il faut chauffer à haute température et liquéfier avant d'obtenir une matière suffisamment liquide pour être raffinée.

Les compagnies pétrolières ont engrangé des profits record en 2012, grâce au maintien du prix du baril à plus de 100 dollars. Elles ont dépensé quelque 80 milliards d'euros pour leurs activités d'exploration l'an passé, soit quatre fois plus qu'il y a dix ans. Résultat, pas moins de 300 gisements ont été découverts, après deux années (2010 et 2011) déjà fastes. Tout d'abord, le développement des études sismiques en trois dimensions a permis de mettre au jour de nouvelles réserves off shore au Brésil, en Argentine, en Angola ou encore au Kenya.

"Et nous possédons désormais le savoir-faire technologique pour aller forer à 2.000 mètres, voire 3.000 mètres au-dessous du niveau de la mer", précise Guillaume Chalmin, directeur de la stratégie de la branche exploration-production de Total. La part de l'off-shore dans la production mondiale pourrait ainsi passer de 10% en 2012 à 16% dans trois ans. Ensuite, la pacification (relative) de l'Irak a permis d'inscrire dans les réserves dites récupérables d'immenses ressources inexploitées, pour lesquelles des infrastructures devraient être construites.

"Mais la vraie surprise de 2012 est l'envolée du pétrole de schiste aux Etats-Unis", souligne l'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol. L'amélioration des techniques de forage par fracturation hydraulique a fait exploser l'activité pétrolière du bassin de Bakken, dans le Dakota du Nord. La production américaine de brut a bondi de 14% l'an passé, avec 800.000 barils supplémentaires par jour, soit l'équivalent de la production du sultanat d'Oman.

Les experts les plus pessimistes estiment que l'explosion de la production de pétrole non conventionnel ne compensera pas le déclin inéluctable des gisements traditionnels. "On voit bien le phénomène sur des champs anciens comme ceux de la mer du Nord, où la production a été divisée par deux en dix ans", argumente Olivier Rech, de la société de conseil Energy Funds Advisors. Un consensus se dessine pour estimer que nous ne nous dirigeons pas vers un pic de la production de pétrole, mais plutôt vers un plateau. Selon Guillaume Chalmin, de Total, "les ressources de pétrole représentent environ quatre-vingts ans de production au rythme actuel".

De nombreux facteurs peuvent toutefois changer la donne. De nouvelles technologies permettent de récupérer de plus en plus de pétrole dans chaque puits. De 30% aujourd'hui, ce taux de récupération pourrait passer à 40% voire à 50%, ce qui constitue un gain équivalent à plusieurs décennies de consommation mondiale. A l'inverse, toute chute du prix du brut aurait pour effet de stopper net les investissements dans les schistes bitumineux ou les pétroles de schiste, très chers à extraire.

L'exploitation de ces nouveaux gisements est sale et coûte nettement plus cher que l'extraction conventionnelle. "Alors qu'il faut compter 10 dollars par baril pour les hydrocarbures du Moyen-Orient, le chiffre monte à 50 -70 dollars pour l'off-shore profond et les huiles de schiste et grimpe jusqu'à 90 dollars pour le pétrole lourd canadien. Cela définit une limite au-dessous de laquelle les prix de vente ne peuvent durablement descendre", indique Geoffroy Hureau, ingénieur économiste à l'Institut français du Pétrole-Energies nouvelles.

Ces nouveaux pétroles ont également plus d'impact sur l'environnement. Leur extraction, dévoreuse d'énergie et de chaleur, émet beaucoup de gaz carbonique. "Un gisement classique consomme en moyenne 3% de l'énergie qu'il produit, indique ainsi Pierre-René Bauquis, professeur associé à l'Institut français du Pétrole, contre 7% pour un gisement du type de l'Orénoque au Venezuela et 25% pour les schistes bitumineux canadiens, qui émettent dix fois plus de CO2 que les conventionnels."

Enfin les conséquences écologiques des huiles de schiste, qui nécessitent l'utilisation de la controversée fracturation hydraulique, sont désormais connues : multiplication du nombre de puits, grande quantité d'eau consommée (de 10.000 à 20.000 m3 par forage), risques de contamination des nappes phréatiques et des rivières par une fuite de puits ou de surface, de pollution par les additifs chimiques utilisés, plateformes d'exploitation envahissantes... "Plusieurs pistes sont étudiées pour continuer à réduire l'impact environnemental, précise Bruno Courme, directeur de Total Gas Shale Europe. De l'utilisation de l'eau de mer au développement d'additifs chimiques biodégradables en passant par la réduction de l'impact en surface." Mais c'est notamment pour ces raisons que la fracturation hydraulique reste interdite en France.

En 2030, grâce aux hydrocarbures de schiste, les Etats-Unis deviendraient exportateurs nets de pétrole, alors qu'ils étaient importateurs depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon l'Agence internationale de l'Energie, ils s'approcheraient même de l'indépendance énergétique en 2035. La baisse du prix de l'énergie a dopé l'économie américaine, qui a créé 550.000 emplois en 2010, selon le cabinet Deloitte. Certains spécialistes jugent l'impact des nouveaux pétroles et les possibilités d'exploitation surestimés. D'autres au contraire envisagent un bouleversement du paysage énergétique mondial et des équilibres géopolitiques.

De nouvelles tendances se dessinent. Les plus vastes réserves exploitables ne sont plus au Proche-Orient (1.200 milliards de barils) mais en Amérique du Nord (2.200 milliards de barils). Des zones émergent : Canada, Brésil, Afrique de l'Ouest, golfe du Mexique... "Et, pour la première fois depuis la fin des années 1980 (hors périodes de ralentissement économique), d'ici à la fin de l'année, l'offre des pays non-Opep devrait progresser plus vite (+ 0,9 million de barils quotidiens sur un an) que celle des membres de l'Organisation, qui, elle, devrait reculer (- 0,7 million)", estime Geoffroy Hureau.

Réduction du recours aux hydrocarbures de l’OPEP, détente du marché pétrolier, risque plus faible d'une envolée des cours à plus de 120 dollars le baril, moindre intérêt des Etats-Unis pour la sécurité des routes du Moyen-Orient... Déjà les experts ont noté le déplacement d'une partie de la flotte américaine de la péninsule Arabique vers l'Asie. Le jeu pétrolier est plus mouvant que jamais. Selon Francis Perrin, président de Stratégies et Politiques énergétiques, " la fin du pétrole, qui semblait si proche, n'affole plus grand monde".


Source : Le 21 novembre 2013, le Nouvel Observateur. Nathalie Funès, Caroline Michel et Mehdi Benyezzar (infographie) – Le Nouvel Observateur 













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