vendredi 15 décembre 2017

Crise de l'OMC.

A Buenos Aires, les représentants au commerce des 164 pays membres de l'OMC se sont séparés sur un constat d'échec.
Difficile de conclure des accords de l'ampleur de ceux de 
    Bali
en 2013 et 
    Nairobi
en 2015 à chaque réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Mais cela ne diminue pas la déception que nous ressentons. »
    Les regrets du directeur général
de l'Organisation, le Brésilien Roberto Azévêdo, lors de sa conférence de presse finale, mercredi à Buenos Aires, sont à la hauteur de l'immense désappointement après trois journées de discussions stériles.
    Les attentes étaient déjà faibles.
Et selon l'ONG Bloom,
    l'Inde a fait échouer
les discussions sur le seul accord d'envergure qui aurait pu voir le jour. Les négociations visant à mettre fin aux subventions favorisant la surpêche et la pêche illégale vont devoir se poursuivre. Un engagement a été pris par les 164 pays membres de l'OMC pour avancer sur cette question sensible d'ici à 2019. Mais l'Inde n'est pas la seule en cause, loin de là.
Claquer la porte
Les Etats-Unis n'ont guère été coopératifs. Le représentant américain a même claqué la porte des négociations et quitté l'Argentine un jour avant la fin des travaux. « Nous sommes inquiets, l'OMC est en train de perdre son objectif essentiel et devient une organisation axée sur les litiges », a regretté le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer Les Etats-Unis sont même en passe de paralyser la cour d'appel de l'organe de règlement des différends (ORD) en bloquant le remplacement de 3 juges. « Buenos Aires doit sonner le réveil des consciences. Le résultat n'est pas satisfaisant. Il y a un malaise de l'institution. Le statu quo n'est plus possible […]. L'Europe a une carte à jouer, l'Union européenne doit être une force de proposition », a indiqué pour sa part le secrétaire d'Etat français chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne. « Des Etats ont fait des constats, les réponses qu'ils apportent peuvent précipiter une mort lente de l'institution », a même alerté le ministre français, en faisant allusion aux Etats-Unis.
« Nous devons reconnaître que cette conférence a mis en évidence, plus clairement que jamais, les déficiences de la fonction de négociation de l'OMC. Les excuses et les veto d'un membre ou d'un autre, ainsi que la prise d'otage cynique ont conduit au triste résultat d'aujourd'hui [mercredi] », a regretté la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, invitant les pays membres qui ont empêché un accord à se livrer à un exercice d'autocritique. « La triste réalité est que nous n'avons même pas accepté de cesser de subventionner la pêche illégale. »
C'est un échec cuisant pour l'OMC, qui a succédé à l'ancien GATT en 1995. « Le système n'est pas parfait. Mais c'est le meilleur que nous ayons. Et nous allons tous le regretter profondément si jamais il cessait de fonctionner », a averti Roberto Azévêdo. Dans les prochains mois, les discussions vont se poursuivre en vue de la réunion ministérielle qui aura lieu dans deux ans. D'ici là, la conclusion d'accords bilatéraux, à l'instar de celui de l'Union européenne avec le Japon, ou de celui entre 
    l'Europe et le Mercosur
, à venir, risque de prendre le pas sur le multilatéralisme. L'OMC risque de vivoter. A moins que les Etats-Unis ne lui donnent le coup de grâce en quittant l'Organisation, comme a menacé de le faire Donald Trump.

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